Chapitre 32

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KNOX

Les graviers crépitent sous mes chaussures tandis que je regagne ma voiture.

Il fait encore nuit, mais les prémices de l'aurore ne vont pas tarder à percer le ciel. Cela fait presque 22h que je n'ai pas dormi, mais je chasse la fatigue d'une claque mentale, car une longue route nous attend avec Eden avant d'arriver à notre planque.

J'ouvre le coffre de ma Dodge et récupère des affaires de rechanges dans mon sac, troquant ainsi mes vêtements contre un t-shirt noir et un cargo de couleur kaki. De cette manière, je serai plus à l'aise pour conduire.

Je monte derrière le volant et m'engage dans l'allée en prenant la direction de l'entrée principale. Une fois au point mort, je laisse tourner le moteur en attendant Eden et laisse les souvenirs de la soirée m'envahir.

Le moment que j'ai partagé avec elle était hors du commun. Rester dans la retenue et sentir sa langue glisser sur mes lèvres était un véritable délice enivrant. Mais « heureusement » que Maël nous a interrompus puisqu'une seconde de plus et je la dévorais sur place.

Je ne peux m'empêcher de sourire en y repensant.

Mon pouce redessine le contour de ma bouche, imaginant toujours la chaleur de son passage contre mon épiderme.

Même si ce n'était pas l'envie qui manquait, les choses auraient vraiment pu déraper si mon collègue n'était pas intervenu et une infime part de moi lui est - en quelque sorte - reconnaissante.

En effet, je me suis engagé à révéler à Eden la vérité concernant son passé, et je redoute les prochains jours, car ils risquent de ne pas être agréables... J'anticipe sa réaction, car parmi tous les scénarios que j'imagine, aucun ne se termine bien.

Le tremblement de mon véhicule suite au passage rapide d'un fourgon noir me ramène à la réalité.

Mes yeux se posent sur la montre enroulée autour de mon poignet et je constate que cela fait plus de dix minutes que je suis perdu dans mes pensées.

Qu'est-ce qu'elle fout ?

Sans perdre de temps, je descends de ma voiture et me dirige d'un pas décidé vers l'intérieur du domaine. Je gravis les marches du perron et tombe - sans surprise - sur mes deux collègues dans le hall, car je leur ai demandé qu'il reste sur place le temps que je revienne chercher Eden.

- Où est-elle ? Leur demandé-je.

- Toujours dans les vestiaires. Me répond Léo en désignant du menton, la direction à prendre.

L'écho de mes pas se propage sur le carrelage jusqu'à la porte située au bout du couloir et lorsque je pose la main sur la poignée pour la tourner, un frisson désagréable s'empare de moi.

- Eden ? L'appelé-je.

Mais aucune réponse ne se fait entendre.

À la place, je suis accueilli par un courant d'air qui fait onduler gracieusement les rideaux de la porte-fenêtre. Les températures se sont rafraîchies et le ciel s'est tout à coup assombri, laissant présager l'arrivée imminente d'une averse.

L'horizon s'obscurcit d'un voile de nuages sombres lorsque des aboiements provenant du jardin retiennent mon attention.

Drogo.

Je franchis le seuil avec précipitation et l'aperçois à quelques mètres de là, devant l'entrée du labyrinthe, aboyant avec insistance. Manifestement agité, il pivote sur lui-même avec nervosité tout en vocalisant son inquiétude.

AmnesiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant