Amnesia

Chapitre 9

IVY

🎵 The Hills - The Weeknd

Je n'ai aucune idée de l'heure qu'il est, la ville semble s'être figée dans le silence.

Le ciel de la nuit s'est drapé d'une fine pluie tandis que mes talons martèlent l'asphalte. Ma robe noire cintrée frôle mes genoux et ma pochette argentée apporte la touche finale à mon look de soirée.

Je continue de déambuler sans but précis quand une voiture surgit. Je ne l'ai pas entendu arriver, mais elle passe si près qu'elle me fait sursauter.

Mais quel malade !

Brandissant mon poing en l'air, je me fous sur la route et peste devant son manque de compétence. 

Mais voilà que le chauffard effectue un demi-tour au frein à main. Le crissement des pneus perce le silence, créant une brume épaisse qui s'élève dans l'obscurité.

Avec assurance, je redresse la tête et observe dans sa direction.

Le véhicule est désormais immobilisé près d'un lampadaire et sa lumière me permet d'identifier sans mal le conducteur. Mes yeux s'écarquillent sous la surprise.

C'est impossible...

Sous l'ombre de sa capuche, je ne perçois pas son visage, mais la blancheur de ses dents semble me défier implicitement.

Il n'y a pas de doute, c'est bien lui.

Jonas joue nerveusement avec l'accélérateur en faisant gronder le moteur par à-coups. 

Une onde de panique déferle dans mes veines alors que je prends conscience de la nature de ses intentions et je n'ai pas le temps de réfléchir que la Bugatti fonce vers moi à toute allure.

Sans perdre une seconde, je prends la fuite aussi vite que je le peux.

Le véhicule me charge, réduisant dangereusement l'écart entre nous. L'adrénaline déferle dans mes veines et m'insuffle le courage nécessaire pour tenir bon.

La carrosserie est sur le point de me toucher lorsque j'arrive - par je ne sais quel miracle - à me précipiter dans une ruelle, évitant de justesse la collision. Le souffle créé par la vitesse de la voiture fouette ma chevelure.

Bordel, c'était moins une !

Je ne me retourne pas et poursuis ma course jusqu'à me cacher derrière un conteneur. Mon cœur joue une symphonie de percussions, il cogne avec une telle vigueur que c'en est presque douloureux. 

Je me laisse une seconde pour reprendre mes esprits, mais l'intensité de la situation embrouille mes pensées et m'empêche d'agir correctement.

Réfléchis 'Vy, réfléchis !

Courir avec des talons relève de l'impossible, pourtant je trouve que jusqu'ici, je ne m'en sors pas trop mal. Cependant, il faut absolument que je les enlève si je ne veux pas me faire une cheville et avoir une chance de m'en sortir. Ni une, ni deux, je défais les lanières et me débarrasse de mes godasses.

Mon vêtement m'empêche également de faire de grands pas, j'arrache donc la couture sur un côté pour gagner en liberté de mouvement.

À l'abri des regards grâce à ma planque, je farfouille dans mon sac pour dégoter quelque chose qui pourrait m'aider. Malheureusement, mis à part quelques pièces et un gloss pour les lèvres, il n'y a rien d'autre dans cette fichue pochette.