Amnesia

Chapitre 33

KNOX

Cinq ans plus tôt...

Le son strident du distributeur à café me ramène brusquement à la réalité.

Je frotte mon visage marqué par l'épuisement, conscient que mes cernes dévoilent mes nombreuses nuits d'insomnie. Je récupère ma boisson et vide d'un trait le liquide brûlant avant de me débarrasser du récipient dans la poubelle la plus proche.

Cela fait presque deux mois que j'arpente quotidiennement les couloirs de l'hôpital, ces derniers n'ont plus aucun secret pour moi et à force de les fréquenter, l'atmosphère stérile de ces lieux m'est devenue insupportable.

Je traverse le service de réanimation et laisse mes pas me guider machinalement vers la porte numéro 28. 

Une odeur florale emplit aussitôt mes narines, saturant l'air d'un parfum délicat. De nombreux bouquets ont été déposés et colorent sa chambre, amenant un peu de vie dans cette pièce si morose.

Plongée dans un sommeil profond, le rayon de soleil qui s'infiltre à travers la vitre effleure son corps avec douceur.

Je prends le temps de la contempler et constate que même si elle est branchée à de nombreuses machines, elle reste toujours aussi magnifique. Ses paupières closes m'empêchent de profiter de la couleur de ses iris, mais les ondulations de ses cheveux blonds reposent délicatement sur les traits apaisés de son visage.

La sonde introduite dans sa trachée lui permet de continuer à respirer puisque ses poumons ne sont pas en mesure de pouvoir fonctionner. Le bruit des appareils qui maintiennent ses fonctions vitales bipe sans arrêt, mais cela ne me dérange pas car d'une certaine façon, cela m'assure qu'elle est encore là, avec moi.

Si au début de son hospitalisation l'équipe médicale était plutôt optimiste quant à son état, cette lueur d'espoir s'affaiblit petit à petit, car elle reste prisonnière de son coma et malheureusement ses constantes ne s'améliorent pas...

Depuis des semaines, ma vie ne se résume qu'à cet espace.

Mon sommeil ne se limite qu'au seul fauteuil disponible de la chambre et je ne retourne à la villa que pour prendre une douche express et me changer. Je refuse que quelqu'un d'autre s'occupe de ses soins personnels donc pour l'instant, c'est moi qui en assume l'entière responsabilité.

Mes journées s'écoulent d'une lenteur extrême, mais je ne cesse d'espérer le moment où je pourrais de nouveau me noyer dans l'éclat de ses yeux. 

Donc j'attends... Interminablement.

« Il ne faut jamais perdre espoir, car quand le soleil se couche, les étoiles apparaissent. »

J'essaie de rester positif, mais malgré les citations inspirantes, je suis systématiquement rattrapé par cette réalité étouffante.

Nos souvenirs communs sont la seule trace de lumière dans mon esprit et ils sont tous profondément incrustés dans ma mémoire. 

J'appréciais particulièrement nos soirées à discuter de tout et de rien. Elle avait le don de jacter jusqu'à pas d'heure et elle finissait par succomber à la chaleur de mes bras, pour mon plus grand bonheur.

Je m'assieds près de son lit, capture sa main et laisse mon pouce tracer des cercles sur sa peau. Mes doigts balayent une mèche rebelle tandis que je suis comme hypnotisé par le soulèvement régulier et mécanique de sa cage thoracique.