Chapitre 16

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*

Tu es différente avec lui...

Assise sur le fauteuil face au bureau de Yann, les jambes par-dessus l'accoudoir, je ne le contredis pas.

Il a raison.

Je n'ai jamais pris la peine de m'encombrer d'un prisonnier mais voilà que pour la première fois de ma vie, je suis prête à faire une exception.

Et cela ne me ressemble pas.

Dès que nos yeux se sont connectés, j'ai ressenti quelque chose que je n'avais jusqu'à présent jamais éprouvé. Je ne sais pas si c'était agréable ou douloureux - finalement peut-être un peu des deux - mais j'ai comme un pressentiment irrationnel et inexplicable.

Mon parrain m'examine scrupuleusement et espère la moindre petite réaction avant de prendre une décision mais je demeure songeuse en observant la nature par la fenêtre.

Voyant que je reste de marbre, il conclut :

Ok. Je suis d'accord à condition qu'il fasse ses preuves. Vous vous entraînerez mutuellement car vu vos expériences respectives, vous avez autant à apprendre l'un de l'autre.

Il m'avertit toutefois avant que je ne partes :

J'espère que tu es sûre de ce que tu fais...

Je hoche la tête pour acquiescer en espérant au plus profond de moi ne pas me tromper et quitte la pièce.

Une fois que j'ai rejoint le sous-sol, je m'empresse de rejoindre mon détenu. La porte a beau grincer et prévenir de mon arrivée, mon prisonnier ne m'accorde pas la moindre attention.

Je m'installe dos au mur en croisant les bras.

J'ai une proposition à te faire...

Il garde le silence.

Nous avons un ennemi commun et étant donné que tu fais cavalier seul, j'me suis dit qu'une alliance avec notre réseau pourrait t'intéresser... Poursuis-je.

Non. Prononce t-il d'une voix grave.

Sa réponse ne me surprend pas : je m'y attendais. Et cela aurait été plutôt étonnant qu'il me réponde positivement.

Ce qu'il ne sait pas encore, c'est que j'ai un atout de taille caché dans ma manche.

Très bien, dans ce cas... Je jette une photo à ses pieds J'irai personnellement lui annoncer ton décès.

Il se redresse et tente de se débattre de ses chaînes alors que je garde une posture blasée.

Comment tu... ?

- Je te l'ai dit, ne me sous-estime pas. J'arrive toujours à mes fins. Rétorqué-je en vérifiant ma manucure. Mais... j'te l'accorde, tu m'as donné un peu de fil à retordre. J'te propose un arrangement qui pourrait nous convenir à tous les deux : tu bosses avec nous et en contrepartie on s'assure que ceux auxquels tu tiens ne manque de rien et soient en sécurité. J'te fais la promesse de respecter ma part du marché tant que tu respecteras la tienne. Il n'y a aucun pièges, Knox.

En terminant ma phrase par son prénom, j'instaure déjà sans qu'il s'en doute, un lien entre nous. 

Je le laisse prendre conscience de l'importance de mon offre.

AmnesiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant