Mécano

Chapitre 30

Je retiens un nouveau rire quand il se confond en excuses, gêné.

Amaya

Décidément, ma vie prend des sacrés tournents depuis un moment.

Moi: Non merci.
- Non?
Moi: J'ai juste ramasser tes clés, pourquoi tu as l'air d'avoir trouvé ton prince charmant?

Il est bizarre, ce type.

C'est un membre du conseil des élèves, d'après les bruits de couloirs il plaît et aurait un père qui siège à la chambre des Conseillers. Les gars ne l'aiment pas parce qu'il cherche souvent à les recadrer en public pour montrer qu'il n'a pas peur d'eux. Et eux ne répliquent pas parce qu'il fait pitié.

Du moins, c'est ce que j'ai entendu.

Ce matin je l'ai vu faire pression sur une fille plutôt timide pour qu'elle aille lui chercher des papiers en salle des profs.

Il a l'air ennuyeux à mort.

Et sous prétexte que j'ai ramassé ses clés qui viennent de tomber, il veut qu'on aille boire un café ensemble.

Il est bizarre et suspect.

- Je suis de mauvaise compagnie?

Pourtant, il n'a pas l'air si confiant que je le pensais.

Moi: Je dis juste qu'on ne se connaît pas.
- Alors apprenons à nous connaître.
Moi: Je n'ai pas besoin d'amis.

Ceux que j'ai sont déjà assez riches en émotions et difficiles à gérer. C'était justement pour fuir Chifuyu qui voulait tester une astuce coiffure sur moi que j'ai dû me réfugier près du gymnase et que j'ai croisé ce mec.

- Tout le monde a besoin d'amis!
Moi: J'en ai, je pense que toi aussi. Tu peux aller boire un café avec eux si tu t'ennuies.

Je lui tourne le dos pour sortir de ma cachette, Chifuyu doit être parti.

Koko

- Je ne comprends vraiment pas ce qu'il lui trouve.
- Elle vient d'arriver c'est injuste!

En entrant au lycée, je ne pensais pas qu'Inui aurait autant de succès. Au collège ça n'était pas comme ça, même moi je n'arrive plus à suivre les critères.

- Ne soyez pas mauvaises entre vous les filles.
- En tant que mec, je peux vous dire que cette nana dégage un truc de carrément attirant. Son aura est unique.

S'il l'entend, il ne sera plus un mec encore très longtemps.

- Je confirme.
- Pourquoi vous iriez pas la draguer, Inui lâchera l'affaire après ça!

Aussi loin que je me souvienne, Inupi a toujours obtenu ce qu'il voulait. Il ne convoitait pas grand chose mais dès qu'il voulait vraiment quelque chose personne ne pouvait se mettre en travers de son chemin.

Ce n'est qu'une question de temps, la mécano charlatan finira par céder.

- Vous ne savez pas ce que j'ai vu! Je sortais du gymnase et j'ai vu cette meuf avec Akito Maeyoru.
- Tu déconnes!
- Non, je les ai vus aussi. Ils discutaient et étaient cachés dans un coin isolé!
- Qu'est-ce que vous faisiez dans ce coin isolé, d'abord?
- Rien du tout...arrête de me regarder comme ça, on n'a rien fait!

Je me désintéresse de leur conversation, cette rumeur va se propager rapidement c'est sûr.

Je l'imagine mal se cacher pour parler avec un mec, encore moins avec un mec aussi vaniteux que Maeyoru.

Est-ce qu'il l'a menacé? Non, c'est elle qui a dû le menacer, mais par rapport à quoi? Et pourquoi se cacher surtout?

Inupi fait son entrée dans la salle, les cours n'ont pas encore repris et la pause de l'après-midi est plutôt longue.

Moi: T'as entend-
Inui: Garde ça.

Il lâche son sac et sort comme il était entré.

Sympa.

De toutes façons je l'ai toujours dit, ceux qui font passer leur meuf avant leur pote ne valent rien.

Amaya

C'est la première fois que je me retrouve dans un tel quiproquo. C'est fou comme la situation peut devenir incontrôlable en une poignée de minutes.

Quand j'ai entendu ce qui se disait sur moi, ça ne m'a fait ni chaud ni froid. Les gens n'ont absolument rien à faire de leur temps c'est dingue. Je marchais dans le couloir avec Mitsuya à ce moment-là, il a juste haussé les épaules en réaction.

"Mitsuya: Ça leur passera."

Je lui ai quand même expliqué la situation parce que ça crevait les yeux qu'il voulait la vraie version. Il s'est contenté de rire en m'affirmant que Chifuyu avait foutu certaines personnes dans des situations bien pires.

N'importe qui me connaissant saurait que la situation cache forcément quelque chose.

Notre prof n'est pas là cet après-midi, il a eu une réunion de dernière minute avec d'autres profs et ça nous donne une longue pause. Certains sont sortis, d'autres sont encore dans la classe. Mitsuya a rejoint son club pour bosser un peu.

Et moi j'ai envie de prendre un peu l'air, même si le soleil n'est plus aussi chaud et rayonnant qu'en septembre.

Je traverse les couloirs vides et passe par les escaliers extérieurs pour descendre jusqu'au rez-de-chaussée.

Je longe les murs du lycée dans un silence apaisant, personne ne traîne par ici à cette heure-ci c'est plutôt logique.

Mon cœur loupe un battement quand je sens une main retenir mon poignet. J'essaie de me souvenir des cours de défense de mes frères mais je ne suis pas assez réactive et me retrouve emprisonnée, dos contre le mur et poignet droit au-dessus de la tête.

Quelle élève indigne je suis, Ran doublerait mes heures d'entraînement s'il savait que je n'ai pas pu réagir à une attaque aussi simple.

Sans parler d'Izana...n'en parlons pas. Je déprime rien que d'y penser.

Inui: Tu penses à quoi?
Moi: Tu as regardé quelle série pour pour me plaquer contre le mur? C'est romantique là? Ça te plaît?

Je dis ça pour l'éloigner, il est tellement proche que j'arrive à sentir son parfum, puis je ressens sa présence de tout mon être et ça me retourne le ventre.

Inui: Tu serais plus crédible si tu me regardais.

Je rassemble tout on courage pour qu'il ne se serve pas de ma gêne comme arme et le regarde dans les yeux.

Inui: C'est quoi cette histoire avec Maeyoru?

Hein?

Moi: Je vois pas du tout de qui tu parles.

Il me fixe, c'est léger mais je vois ses sourcils se froncer. Sa main gauche retient toujours ma main au dessus de ma tête, son bras droit vient se caler contre le mur, près de ma tête. L'espace entre nous est réduit et il occupe l'entièreté de mon champ de vision.

Inui: Tu vois pas?
Moi: Non.
Inui: Tu t'es pas isolée avec Maeyoru ce matin?

Isolé avec quelqu'un que je ne connais pas? Il s'entend parler?

Enfin bon, maintenant qu'il le dit ça a sûrement quelque chose à voir avec ce matin, et il ne s'est pas suffisamment passé de choses pour que je ne sache pas de qui il parle.

Moi: Ah, alors c'était son nom.