Mécano

Chapitre 21

Amaya

Izana: Arrête de bouder.

Je boude?

Moi je boude?

Moi: Alors tu trouves ça normal qu'il m'ait enterrée dans le sable et qu'il m'ait oubliée?

Il se retient de rire, ça se voit.

Pour les dernières semaines de vacances, Ran et Rindou m'ont emmenée avec eux à Okinawa. Ils ne m'ont pas laissée le choix et je n'allais pas refuser de toute façon, la chaleur était infernale à Tokyo.

Tout se passait bien, ils ont loué une maison avec Izana et Kakucho qui voulaient avaient prévu la même destination et sont venus à la dernière minute. Mes frères avaient peur que je le prenne mal qu'ils amènent des potes si soudainement mais Izana et Kakucho ne me dérangent pas.

Par contre Mochi me fait peur, même si je ne le leur dirai jamais.

Enfin bon. Tout à l'heure Rindou a voulu m'enterrer dans le sable, c'est après une bonne demi-heure de négociation que j'ai fini par céder pour qu'il me laisse enfin tranquille. Monsieur m'a dit qu'il allait chercher Ran sauf qu'il n'est pas revenu, le sable était trop lourd pour que je me libère seule.

Izana: Non, Ran lui a déjà mis un coup de pression pour ça.
Moi: C'est vrai?

Là, ça m'étonne. J'aurais parié qu'il en rirait plus qu'il ne faudrait.

Izana: Hm, t'aurais pu faire un malaise.

C'est vrai que le soleil tapait fort, mais j'avais suffisamment bu et surtout j'avais un chapeau sur la tête. J'étais assez protégée.

Izana: Mais c'était marrant de voir ta tête bouger dans tous les sens.

Parce que c'est lui qui m'a trouvée et déterrée.

Izana: Maintenant, fais-moi tes yakitoris.

C'est l'un des seuls plats que je sais cuisiner, j'en ai fait il y a trois jours et depuis il me bassine pour que j'en refasse, pourtant ils ne sont pas si incroyables que ça.

Moi: Kakucho s'occupe déjà de la bouffe ce soir.
Izana: Moi je veux des yakitoris.
Moi: Alors tu vas les acheter au coin de la rue, ils sont très bien là-bas.

Notre duel de regards dure une bonne minute. À la base j'étais dans le jardin uniquement pour étendre mon maillot de bain sur les cordes à linge mais le boss du Tenjiku m'a interceptée et collée aux basques.

Il finit par soupirer.

Izana: Ok, qu'est-ce que tu veux?
Moi: Des pâtisseries.
Izana: C'est tout?
Moi: Hm, la boulangerie est trop loin d'ici.

Vraiment loin, après cette longue journée je ne supporterai aucun pas en dehors de cet endroit.

Izana: Ça marche. J'y vais maintenant.
Moi: Alors je m'y mets maintenant.

Quand il quitte la maison avec Rindou, je vais en cuisine et trouve Kakucho en train de couper des légumes.

Kakucho: Ça va mieux?
Moi: Oui, merci.

J'ouvre le frigo et sors une assiette cachée derrière quelques boîtes en plastique.

En réalité, j'avais déjà prévu d'en faire aujourd'hui, je savais qu'il ne lâcherait pas l'affaire alors je les ai préparés ce matin et les ai laissés mariner.

Kakucho: C'est malin.

Je lui souris en guise de réponse, il me regarde cuire les brochettes sur le gril avant de se remettre au travail.

Kakucho: Tu m'ôtes une sacrée charge.
Moi: Tu remercieras Izana pour ça.

***

Ces vacances m'ont vraiment faite du bien, le temps s'est un peu rafraîchi à Tokyo mais la rentrée est dans une semaine.

Draken: T'es où?
Moi: J'arrive!

Je frotte mes mains encore un instant avant de rincer le savon. Je le rejoins, il s'est installé sur le canapé que j'ai acheté il y a quelques semaines. Je l'ai placé près de l'entrée, pas trop loin des véhicules non plus.

J'allais parler mais un jet d'eau vient mouiller mon t-shirt noir, je regarde à l'entrée et ne retiens pas mon soupir.

Moi: C'est fermé.

Il entre quand même et se pose à côté de son pote.

Inui: J'connais la patronne.

Bon.

J'apporte des boissons fraîches et me pose avec eux, je ne pense pas continuer à bosser aujourd'hui. Il fait trop chaud et je n'ai presque plus de boulot. J'exerce avant tout par passion, je préférerais faire durer le plaisir et ne pas enchaîner les caisses.

Draken se lève pour aller aux toilettes, je me retrouve seule avec monsieur ici présent.

Moi: Arrête de me fixer comme ça.
Inui: Comment?
Moi: Comme un détraqué.

Ma remarque lui tire un sourire.

Inui: J'te jure, ta cicatrice rend super bien sur ton visage.
Moi: Arrête.
Inui: T'aimes pas les compliments.
Moi: Je n'aime pas les tiens.

Il claque sa langue contre son palais, comme à chaque fois qu'il est amusé que je lui réponde comme s'il n'était qu'un insecte.

Il est maso, j'en suis presque sûre.

Inui: Va falloir t'y habituer, mécano.

Je ne le regarde plus et remarque le pistolet qui dépasse de sa poche de jogging.

Je me rapproche de lui, mettant ma gêne de côté. L'écart entre nous est si vite réduit qu'il en est déstabilisé, j'en profite pour extirper l'arme chargée de sa poche.

Je me lève et me place face à lui, mes mains braquent le pistolet en sa direction.

Moi: Tu rougis mon pauvre, tu dois avoir chaud.

Je lui asperge le visage, il se lève et me surplombe de sa hauteur. Je suis d'une taille totalement normale pour info, mais ces mecs sont des asperges c'est effarant.

Inui: Vas-y, tire moi dessus.

Je le regarde sans comprendre, lorsque je commence à baisser mes mains il les enveloppe des siennes et les remet en position sans les lâcher.

Moi: Lâche mes mains.
Inui: Mais elles sont douces.

Je n'ai vraiment pas l'habitude de le voir comme ça, je ne sais même pas comment réagir.

Draken: J'retourne aux chiottes, dites-moi quand vous avez terminé.

Je sursaute et fais un bond en arrière. Il éclate de rire, exactement ce qu'il me faut pour me sentir gênée.

Sauvée par le gong, un bruit de moteur se rapproche du garage jusqu'à ce que la moto de Rindou apparaisse. Il descend et nous rejoint.

Rindou: Prête?
Moi: J'ai pas envie.
Draken: De quoi?
Moi: C'est pas tes af-
Rindou: On va lui apprendre à se battre.

Ça y est, les trois me regardent et je sens le jugement chez deux d'entre eux.

Draken: C'est une bonne idée, en fait.
Inui: Faut pas non plus s'attendre à des miracles.
Moi: Il vaudrait mieux pour toi que je ne sache pas me battre, crois-moi je te rendrai au centuple toutes tes vannes.
Inui: J'ai hâte de voir ça.

Je vais au comptoir chercher mes clés et baisse les stores du garage, on sort par la petite porte. Je m'installe derrière Rindou sur la moto et me cramponne à lui. Je salue les autres et on est partis.