Chapitre 22

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Amaya

Ils veulent me tuer.

Rindou se tord le ventre à force de rire, facile quand on est assis et qu'on observe.

Ran: À ce point?

Ils m'ont emmenée au Q. G. du Tenjiku pour avoir accès à leur nouvelle salle d'entraînement.

Moi: Je veux rentrer!
Izana: Arrête de faire la gamine.

Il est là mon problème. Ce détraqué s'est porté volontaire pour m'apprendre les bases, or pour me pousser à les maîtriser il s'est dit que m'attaquer par surprise allait m'aider.

Du coup je me suis prise une dizaine de balayettes et j'ai dû utiliser mon bras comme bouclier pour parer ses coups un nombre de fois incalculable.

Je vais être couverte de bleus, je le sens purée.

Moi: Tu es trop agressif.
Izana: N'importe quoi.
Moi: Si, j'arrête.

Il me faut moins de temps pour tomber au sol que pour réaliser que je suis en train de tomber.

Izana: J'avoue, celle-là c'était parce que c'est drôle.

Je reste assise, essoufflée et frustrée. À quoi je m'attendais de toute façon, ces gars sont abominables quand ils sont réunis.

Moi: Je veux rentrer.
Kakucho: Attends un peu.

Il vient prendre la place d'Izana et m'aide à me relever en me tendant la main.

Kakucho: On va essayer autre chose.

Il passe une dizaine de minutes à m'expliquer et m'apprendre l'exécution de certains gestes. Les minutes restantes il simule des coups, j'appuie bien sur le mot simuler. Je réussis à les parer et ainsi à appliquer ses conseils.

Kakucho: C'était très bien.
Moi: Izana est un caillou à côté de toi, Kakucho.
Izana: C'est qui le caillou?

Il se lève de son banc, je vais me réfugier derrière Ran qui ne se cache plus pour se foutre de moi.

Ran: Allez, on rentre.

Enfin, j'ai envie de dire.

On passe par un fast food pour commander, j'attends la commande pendant que Ran et Rindou sont allés chercher un menu dans un autre resto. Car oui les deux ne voulaient pas la même chose que mon père, leur mère et moi.

– Tiens, qui voilà.

Je lève les yeux vers le nouvel arrivant qui se permet de s'asseoir à ma table.

Moi: Je suis maudite, c'est dingue.
Koko: C'est une bénédiction de me croiser.
Moi: Si ça te fait plaisir d'y croire.

Il balaie ma réponse d'un revers de main et se penche en avant.

Koko: Ça avance avec mon pote?

Je me recule sur mon siège.

Moi: Je ne vois pas de quoi tu parles.
Koko: Allez, il me dit plus rien.
Moi: Et tu crois que c'est moi qui vais parler?

Ma question sonne comme une réponse, il change de stratégie.

Koko: Arrête, c'est cramé que vous vous plaisez.
Moi: Hm?
Koko: Il te regarde tout le temps et tu fais tout pour l'éviter.

J'arque un sourcil.

Moi: Tu trouves ça explicite?
Koko: Non, mais tes rougeurs veulent tout dire.

Les gars arrivent à ce moment là, ils paient le gérant qui m'avait déjà confiée la commande. Ils remarquent Koko qui les salue d'un hochement de tête.

Koko: En tout cas, je t'assure qu'il est sérieux. Tu peux lui faire confiance si c'est ça qui te freine.

Je quitte l'endroit sans lui répondre, la nuit tombe déjà mais les lampadaires éclairent l'endroit.

Rindou: T'es toute rouge.
Moi: Vous m'avez faite faire des pompes à en crever les gars, c'est inhumain.

Parce que oui, mon visage porte encore les rougeurs de mes efforts précédents.

***

Koko

Je fais glisser la liasse sur la table, elle la récupère et compte en silence alors que nous quittons l'endroit.

Je passe la porte et respire enfin l'air frais, je m'étire et soupire. Je ne suis apparemment pas le seul à apprécier l'air extérieur, à l'intérieur ça empestait l'encens et les liqueurs.

Inui: J'me sens revivre.
Moi: Pareil, j'imaginais pas que ça me manquerait autant.

En tournant la tête à ma gauche, je reconnais une silhouette qui est immobile au milieu de cette rue, elle nous regarde sans rien laisser paraître.

Un certain temps passe en silence durant lequel on se regarde tous dans le blanc des yeux.

Amaya

Moi: Un bar à prostituées, ça vous arrive souvent d'y aller ensemble?

En général, les gens y vont seuls. Ils auraient des penchants plutôt...altruistes?

Mes pensées sont visiblement bruyantes puisque Koko éclate de rire au moment où Inui se met à paniquer.

Inui qui panique, j'aurais tout vu.

Inui: C'est pas ce que tu crois!
Moi: Je crois que tu viens de sortir d'un bordel plus revigoré que jamais.

Le rire de Koko redouble alors qu'Inui semble exaspérée, complètement dépassé par la situation.

Il essaie de réduire l'écart entre nous mais je recule d'un pas. Il s'arrête, surpris.

Je ne sais pas pourquoi, je n'ai aucun contrôle sur mes émotions mais je me sens blessée. Je sais qu'il ne faut jamais faire de conclusion hâtive mais c'est vraiment compliqué de ne pas imaginer le pire dans cette situation.

Je ne peux m'empêcher de remette sa sincérité en question, de m'insulter d'avoir pu le croire et surtout, de me sentir bête d'avoir commencer à penser qu'on pourrait peut-être essayer.

J'y avais réfléchi tout le week-end, Lya m'a faite tout un speech pour que j'accepte que quelqu'un puisse m'aimer sans but précis parce qu'après Junta c'est devenu assez compliqué. Elle m'a faite faire une liste de pours et de contres et enfin, on a réalisé que les pours étaient plus nombreux que les contres.

Il n'y avait qu'un contre au final: finir blessée.

C'est un risque à prendre et la crainte est censée s'envoler grâce à la confiance.

Mais je risque d'être blessée avant même qu'il y ait eu quelque chose de concret.

Inui: Je te promets que c'est un malentendu.
Moi: Un sacré malentendu.

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