Mécano

Chapitre 33

Infirmière: Courage, ma belle. Je dois passer remplir quelques documents à fournir aux urgentistes, je suis juste à côté.

Le silence règne dans l'infirmerie, j'arrive enfin à desserrer les dents, même si j'ai toujours les larmes aux yeux.

Inui: Ça risque de laisser des cicatrices.

Après ma joue, je demande au reste de mon corps d'accueillir chaleureusement ces nouvelles marques indélébiles.

Inui: Ça nous fera un point commun.

Il m'avait déjà dit ça par rapport à ma coupure, mais sa phrase a encore plus de sens maintenant que c'est une brûlure.

Comment a-t-il pu supporter une telle douleur au visage...?

Je le regarde et suis surprise de voir qu'il a l'air tracassé, son regard se perd sur ma main.

Inui: Il doit y bien y avoir des crèmes pour atténuer les marques.
Moi: T'as pas à t'en faire autant, je m'en fiche.
Inui: Mais t'as besoin de tes mains pour bosser, ça va devenir compliqué pour un moment.
Moi: Il y aura toujours une solution, pour le moment je veux juste ne plus ressentir de douleur.

Il me fixe droit dans les yeux.

Inui: T'abuses, vraiment.
Moi: Quoi?
Inui: C'est pas un peu excessif de te brûler juste pour me ressembler? Ça me gêne un peu.

Ma bouche s'ouvre, se ferme avant de se rouvrir. C'est de ma faute, je n'aurais pas dû le prendre au sérieux.

Moi: Abruti.

Ses lèvres s'étirent.

Une semaine s'est écoulée depuis notre baiser, l'ambiance n'a pas énormément changé entre nous si ce n'est qu'il est de plus en plus entreprenant, mais toujours de manière à être fidèle à lui-même.

Je n'en dirai pas plus, c'est suffisamment embarrassant comme ça.

De sa main libre, il vient cueillir les larmes qui perlaient aux coins de mes yeux. Sa main ne s'éloigne pas tout de suite et se pose sur ma joue, de son pouce il retrace le relief de ma cicatrice.

Je ne m'habituerais jamais à un contact aussi doux de sa part. Comment un mec aussi froid et cru peut faire des gestes aussi délicats?

Moi: Enlève ta main, ça va me donner des boutons.

Il claque sa langue contre son palais, comme à chaque fois qu'il est amusé de mes réactions. Ce mec se fout de ma gueule, comment je fais pour banaliser ça?

Inui: Et alors? Ça ne changera rien pour moi.
Moi: Je ne vis pas pour te plaire.

Je repousse sa main.

Inui: J'en crois pas un mot.
Moi: C'est ça, berce toi d'illusions.
– Je suis là!

Jiro fait son retour, mon sac à la main.

Jiro: J'ai pris du temps, le prof voulait pas me laisser faire.

Le prof est revenu, alors. Il aime nous laisser pour aller tirer une taff sur le toit, ça n'arrive pas tout le temps, seulement quand son ex femme écrit quelque chose sur la page de son blog.

Jiro: Je pose ça là.

Il laisse mon sac sur le tabouret à l'entrée.

Jiro: Ça va mieux?
Moi: Ouais.
Jiro: J'suis désolé, on aurait dû être plus attentifs.
Inui: Parce que t'avais vu quelque chose venir?

Je lui envoie un coup de pied discret.

Jiro: C'est pas ça, on...
Moi: Personne n'aurait pu prévoir que cette tarée prévoyait de faire ça.