Mes journées sont rythmées par les visites de l'endroit où je me trouve. Je pense me trouver dans le château du roi des enfers sans qu'on ne m'ait confirmé cette information. La plupart du temps, j'essaie toutes les portes et dès que j'en trouve une close je passe à la suivante. En revanche, quand elle est ouverte, je fouine cherchant des informations sur Samaël ou Lilith pouvant m'être utile. Je n'ai rien découvert de concluant pour le moment et je n'ai même pas encore découvert d'armurerie... J'en suis assez déçue pour être honnête.
Aujourd'hui est un jour différent, le bal aura lieu ce soir. Je me rends compte que ça fait déjà une semaine que je suis en enfer... Et même si je ne le vois pas, je n'arrive pas à m'ôter un certain roi de la tête.
Aujourd'hui, j'en ai assez de penser à lui, d'errer dans son château sans personne à qui parler, sans armes et sans but précis. C'est pourquoi je décide d'aller enfin visiter Shéoul. Donc sans plus attendre, j'enfile une tenue noire, ma cape et emmène mon pauvre armement rescapé de mon séjour chez Raphe. Trouver la porte par laquelle Alrune m'avait fait sortir dans la ville est toujours aussi difficile qu'il y a quelques jours, surtout parce que j'évite le couloir dans lequel se trouve le bureau d'un certain roi... Après avoir tourné de longues minutes au rez-de-chaussée, j'arrive finalement à la destination tant souhaitée. Ce château est vraiment trop grand, je n'en ai exploré qu'une petite partie. J'ouvre la porte et débarque sur la petite place. Je souris et mets la capuche de ma cape sur mon visage. Je commence à parcourir les rues de Shéoul.
Cette ville démoniaque est minérale. Je ne vois aucune végétation, juste de la roche travaillée sous différentes formes, certaines plus basiques que d'autres. Certaines habitations ont l'air d'avoir été taillées à même la roche de la montagne, d'autres sont très élaborées avec des sculptures sur leurs faces. La ville est éclairée par des milliers de lanternes éparpillés partout dans les rues, accrochés aux parois de roche ou même suspendus au plafond de l'immense grotte souterraine dans laquelle je me trouve. Je croise des dizaines de démons, de toutes les tailles et de toutes les couleurs, certains ont des cornes, d'autres des ailes, des dents pointues ou tout à la fois. Je trouve ça incroyable.
Je passe devant un magasin sans même le regarder, mais un bruit attire mon attention. Celui du fer que l'on frappe. Je me stoppe net et observe la porte en bois ainsi que l'écriteau qui la surplombe disant « armurerie ». Je décide alors de passer la porte et j'arrive dans le paradis des assassins. Des centaines d'armes de tous types sont exposées sur des étals et étagères. Dans le fond, j'aperçois une porte ouverte par laquelle j'entrevois l'atelier dans lequel l'artisan fabrique ses armes. Je ne suis pas la seule personne présente dans le magasin, d'autres démons observent avec attention les armes. Je regarde les poignards en me disant qu'il m'en faudrait vraiment un second pour être un peu mieux équipé, sans compter que j'aurais besoin d'un nouveau fourreau et d'une ceinture pour la dague que j'ai actuellement, je l'ai perdu je ne sais où sur le duché de Raphe. Je tombe sur un long poignard à double tranchant qui me plait. Je m'imagine couper le doigt de Lilith avec. J'entends des pas lourds s'arrêter à côté de moi.
— Tu es intéressée, petite ?
C'est une voix si grave que les fréquences basses paraissent sortir des tréfonds de l'âme. Je me tourne vers le porteur de cette voix. C'est un démon immense à la peau grise, il doit faire un mètre de plus que moi. Il a un groin et des dents de sanglier qui remonte vers ses yeux.
— Je n'ai pas de quoi payer.
Il sourit, mais avec ses dents, le rendu n'est pas très beau.
— Si tu veux un moyen de te faire de l'argent facile, je peux t'aider.
Je plisse les yeux me demandant si sa proposition est vulgaire ou non. Il reprend :
— Je cherche des parieurs pour un combat.
— Quel genre de combat ?
— Des combats de démons.
— Humm. Je ne suis pas convaincue. Et je t'ai dit que je n'avais pas d'argent.
Je regarde à nouveau les lames face à moi.
— Le premier pari n'est pas payant, on l'offre. Si tu gagnes, tu récoltes 10 pièces ambrées.
Je ne sais pas ce que c'est, mais je suppose que c'est la monnaie qu'on trouve ici. Je regarde la lame que je convoite, son prix est de 30 pièces ambrées, sans compter la ceinture. Le démon me tend une carte que j'attrape.
— Si tu es finalement intéressée, il y a des combats une partie de la journée et toute la nuit dans la cave de la veuve noire.
Je regarde la carte, il y a une femme dessiner dessus et son visage est recouvert d'une araignée, le nom du bar est juste au-dessus. Il poursuit :
— Si tu descends, dis que tu viens de la part de Braggel.
Ses pas s'éloignent et j'entends la porte de la boutique s'ouvrir dans un grincement avant de se refermer. Je ne sais quoi penser de cette conversation, mais ne m'y attarde pas trop, je fourre la carte dans ma poche avant de lorgner la dague encore quelques minutes.
Je décide finalement d'arrêter de me faire du mal et de repartir flâner dans les rues démoniaques.
❈
Je continue mon inspection de la ville, mais toutes les rues se ressemblent plus ou moins. Certaines maisons sont plus mignonnes que d'autres, décorées de lampions. Apparemment, il y a des démons qui aiment les belles choses. Je me demande si j'arriverais à faire le tour de cette cité en une journée, mais j'en doute. Je tourne à une intersection et me retrouve dans un cul-de-sac. Je m'apprête à revenir sur mes pas quand un détail sur le bâtiment au fond de la ruelle me frappe. Il y a un dessin d'une immense araignée, elle a l'air d'évoluer sur le mur, juste au-dessus de la porte je lis « la veuve noire ». Je sors la carte de ma poche et la détaille une seconde avant de m'avancer. Intriguée par cette coïncidence, je m'autorise à passer la porte.
Je me retrouve dans un bar rustique qui paraît mal famé, mais en enfer ça ne devrait pas m'étonner. Il n'y a aucune logique dans la disposition de cette salle. Les tables et chaises sont mises n'importe comment. Des démons fument à l'intérieur, j'en vois jouer aux cartes et d'autres uniquement se saouler. Ces derniers sont en majorité accoudés au bar qui se trouve dans le fond. Sur la droite, je vois un démon à la peau verte garder des escaliers qui descendent, c'est le chemin qui mène à la fameuse cave dont Braggel m'a parlé. J'avance lentement en évitant de toucher quelqu'un par inadvertance, arrivée au bar, je me tourne pour embrasser la pièce du regard. Trois démons à l'air jeune passent la porte en se donnant des coups et en souriant. Ils se dirigent instantanément vers le démon qui garde l'escalier, lui glissent un mot et le démon leur cède le passage. Ils rient fort et se donnent des tapes d'encouragement.
— Qu'est-ce que je te serre ?
La serveuse vient de me héler, je me retrouve et l'observe. Elle est squelettique, sa peau jaune à l'air de pendre de partout. Elle a le crâne chauve et quatre cornes s'élèvent vers le ciel. Deux autres cornes sortent de ses pommettes et tombent vers sa bouche.
— Rien pour le moment.
Elle part voir un autre démon en grommelant. Je n'ai pas spécialement envie de rester à proximité de cette démone qui a l'air de mauvaise humeur. Je m'avance vers le démon à la peau verte. Il me stoppe de la main, je regarde les marches au-dessus de son épaule sans arriver à en voir le bout, il fait trop noir.
— Qu'est-ce que tu veux ?
Je le dévisage quelques secondes. Son manque d'amabilité ne m'étonne pas, les démons qui sont censés surveiller des endroits comme celui-ci ne le sont jamais.
— Je viens de la part de Braggel.
Le regard de mon interlocuteur s'illumine et je crois même percevoir un sourire lui chatouiller les lèvres quelques secondes. Il fait un pas sur le côté sans rien ajouter et me laisse passer. J'entame la descente dans la cave d'un bar mal famé au cœur des enfers.
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Fall out
FantasyIl y a 350 ans le jugement dernier a été rendu. L'enfer s'est déchaîné sur le monde, les anges sont descendus du ciel pour exterminer les pécheurs et ont ouvert les portes de l'enfers afin que les démons détruisent les ruines encore fumantes. Certai...