Chapitre 39

207 27 8
                                    

Est-ce que j'ai vraiment fait tout ça pour mourir dans ce désert ? Je n'espère pas. C'est déjà la quatrième fois que mon esprit me fait croire que j'arrive au but. La montagne s'élève au loin, mais je n'arrive pas à y croire. Le sang sur mon visage a séché et me gratte affreusement. Je meurs de soif, j'ai fini il y a des heures la seule gourde que j'ai trouvée dans la minuscule bâtisse qui s'est révélée être mon lieu de torture. À présent, je n'ai qu'une envie, c'est de m'allonger quelques minutes... Je sais pertinemment que si je fais ça, je ne me relèverais jamais, donc je continue de marcher droit devant, vers le mirage. Je ne sais pas où je suis ni si je me dirige dans la bonne direction. Tout ce que je sais c'est que je rêve de tomber sur le château du roi des enfers ou sur Solis. Y a-t-il seulement autre chose dans ce monde ? Je n'ai pas croisé une seule âme et je ne pense pas qu'elles pourraient m'être d'une grande aide.

J'arrive au point ou le mirage devrait s'estomper et disparaître pour me laisser une nouvelle fois dans le néant le plus complet. Cette alternative me fait monter les larmes aux yeux. Je ne veux pas mourir et sûrement avant d'avoir arraché cette maudite bague du doigt de Lilith. Si je dois mourir, je veux être libre. Une larme échappe à ma vigilance et trace un sillon de propreté sur mon visage poussiéreux et ensanglanté.

Le mirage ne disparaît pas... La montagne s'élève devant moi. Je me stoppe une demi-seconde et observe avec attention. Ses bords sont nets et ne gondolent pas avec la chaleur. Face à ce constat, je reprends ma route plus rapidement. Aurai-je réussi à rejoindre la civilisation ? Est-ce que je peux encore faire confiance à mon pauvre cerveau ?



Arrivée au pied des immenses portes du château, j'y crois encore à peine. Je pose mes deux mains à plat contre la porte et repousse le vertige qui me prend, j'ai encore beaucoup à faire. La porte n'émet aucune résistance quand je la pousse, elle n'est pas aussi lourde que ce à quoi je m'attendais. Le hall me paraît plus grand que dans mes souvenirs. Une démone a un hoquet de surprise en me voyant franchir les portes. Bazan est à l'arrêt entre les deux couloirs qui mènent dans cette pièce. Ils froncent les sourcils et me détaillent avec insistance.

— Léo ?

Est-ce que je suis amochée à ce point ? Le démon qui me connaît depuis mes douze ans n'arrive même pas à me reconnaître... C'est inquiétant.

— Tu aurais de l'eau ?

Il se tourne vers la démone et lui ordonne d'aller chercher la boisson que je désire ardemment. Bazan s'approche doucement de moi. Il lève les mains pour les poser sur mes épaules, mais se rétracte au dernier moment pour éviter de toucher le sang qui me recouvre. La démone revient rapidement avec un pichet et un verre qu'elle me tend. Je prends uniquement le pichet que je bois d'une traite.

— Déguerpis ! lui lance Bazan. Mais qu'est-ce qui t'est arrivée ? Je vais prévenir Samaël.

— Tu ne vas prévenir personne. Tu vas me dire ou trouver Méphistophélès !

— C'est lui qui t'a mis dans cet état ?

J'ai appris à remarquer les premières notes de colère dans les intonations de la voix de Bazan et je suis étonnée d'en entendre en ce moment. Je ne réponds pas, je préfère le contourner pour me débrouiller seule, s'il ne peut pas m'aider, tant pis.

— Léo ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ? Ça fait une semaine qu'on te croit morte.

Une semaine ?! J'ai disparu depuis tout ce temps. On m'a torturé avec pour seule pause mon sommeil pendant une semaine. Cette information fait encore plus enfler ma colère.

Fall outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant