Chapitre 15

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Je ne sais exactement combien d'heures se sont écoulées, mais je m'ennuie ferme. Je regarde Sitael par-dessus mon épaule. Nous nous tournons mutuellement le dos, mais je sais qu'il lit. Il s'est levé quelques heures plus tôt avant de trouver son bonheur. Je l'ai imité, en passant le doigt sur les tranches, je me suis arrêtée face à un livre qui parle de religion... Voir de tels écrits ici n'aurait pas dû m'étonner et pourtant... Je n'en avais jamais vu avant. Ils ont été prohibés. Les écrits qui n'ont pas disparu lors du jugement dernier ont été brûlés par le premier roi. Par curiosité, je l'ai donc pris en main. Je l'ai longuement observé avant de l'ouvrir. J'ai décidé de le feuilleter, mais je suis sceptique face à ce que j'y lis. Je trouve ce livre long et compliqué. J'en tire plusieurs conclusions, j'ai cru comprendre que dieu pardonnait, mais ce n'est pas vrai, il a décidé de nous détruire il y 350 ans. Pourquoi les anciens le jugeaient si bon ? Ses anges sont censés être des êtres de lumières qui nous guident. Ils nous ont exterminés et ouvert les portes de l'enfer afin de lâcher les démons sur notre terre. J'ai finalement repoussé ce livre le jugeant inutile et bourré d'inepties.


—Qu'est-ce que tu lis ? je demande à Sitael pour passer le temps.


— Rien qui ne t'intéresse.


— Comment peux-tu connaître ce qui m'intéresse ou non ?


Je me lève lentement et m'approche de l'ange. Je me place derrière son canapé et essaie de déchiffrer le titre du livre sur l'entête de sa page. Sitael le referme rapidement et le jette sur la table basse ne laissant que le dos à ma vue. Il se tourne vers moi.


— Tu es un assassin, attiré par le sang. Ce que tu aimes ce sont les armes et leurs utilisations.


À ces mots je me renfrogne, cet idiot m'a très mal cerné uniquement parce que je lui ai planté quelques couteaux de lancer dans le corps. Je m'assois dans un fauteuil non loin du sien sans un mot. Je n'ose pas le regarder. J'ai toujours craint que les personnes que je côtoie ne me considèrent que comme un assassin en apprenant ce que j'ai fait pour survivre à Bazan, ou Bélial... Je ne sais plus. Esteban est la seule personne à ne pas me juger pour ce que j'ai fait, mais comment le pourrait-il, il est dans la même situation... Et c'est aussi la seule personne qui me connait vraiment. J'observe la cheminée, aucun feu ne brûle, il fait trop bon en cette saison. Sitael reprend :


— Tu es bien silencieuse d'un coup.


— mmmh.


Il récupère son livre et reprend sa lecture. J'observe mes ongles en repensant aux actes que j'ai commis. J'ai du sang sur les mains même s'il ne se voit pas, j'en suis consciente. Je déteste que cet ange ait réussi à m'atteindre. J'aimerais me dire que je suis une personne ignoble, j'aimerais me dégouter... mais ce n'est pas le cas, j'ai commis des actes innommables dont je ne suis pas spécialement fière, mais je ne me dégoûte pas. Je suis douée pour tuer, c'est un talent comme un autre. Je n'ai pourtant pas envie qu'on me résume à ça, je suis bien plus. Le livre de Sitael se referme violemment, je tourne la tête surprise par le bruit.


— Bon qu'est-ce que tu as ? Pourquoi tu ne me réponds pas avec ta langue acerbe ?


— Que veux-tu que je te dise ? Tu as ton opinion, grand bien t'en fasse.


Fall outOù les histoires vivent. Découvrez maintenant