UNE ÉPÉE DANS LE COEUR

'25'

Je prends une profonde inspiration, sentant les larmes menaçantes. J'essaie de masquer mon malaise avec un sourire.

- Ça se passe très bien. Je ne pensais pas que l'amour pouvait être aussi beau, mais depuis que je l'ai rencontré, je vois littéralement tout en rose.

- Oh, c'est tellement mignon ! Il a l'air adorable. J'ai hâte de le rencontrer.

À l'intérieur, je me sens complètement différente. Je n'ai pas du tout hâte, Eliana. Pas du tout.

- J'espère bientôt. dis-je, mentant.

J'entends Eliana chuchoter : « Tu veux lui dire bonjour ? »

Puis j'entends une voix familière. Elle tourne le téléphone, et un frisson me parcourt l'échine en découvrant Evan. Cela faisait tellement longtemps que je ne l'avais pas vu. En réalité, il ne m'avait pas manqué.

Il me sourit, avec cet air d'imbécile, puis dit :

- Salut Eleanor, comment tu vas depuis le temps ?

Mon prénom sonne si mal avec sa voix. Son « comment ça va » est clairement rhétorique. Je réponds par l'affirmative pour ne pas inquiéter Eliana, mais il sait. Il peut lire sur mon visage que je mens, et il jubile en silence.

Mon cœur se serre. Mon corps tremble, et mes yeux commencent à me brûler. Le téléphone revient vers Eliana, et je lui dis que j'ai quelque chose à faire, une excuse pour raccrocher. Une fois que nous nous sommes dit au revoir et qu'elle a raccroché, je m'effondre dans mon lit.

Mon pire cauchemar, ce sont les hommes. Mettez Evan et Diego dans la même pièce, et ce sera l'apocalypse. Je suis convaincue que même sauter d'un pont serait moins éprouvant.

Je ferme les yeux et me laisse glisser dans les bras de Morphée.

***

L'alarme de mon réveil m'arrache à mon sommeil. Le stress envahit mon cœur dès que j'ouvre les yeux. Mon cœur hurle à l'intérieur de moi.

Je prends mon téléphone et envoie un message de soutien à Eliana. Une fois fait, je me dépêche de m'habiller.

J'ouvre le carton de vêtements et prends un haut et un pantalon. Je n'ai jamais eu autant marre de porter des vêtements aussi larges.

Aujourd'hui, nous allons tous manger chez les frères Mills. Je me prépare mentalement à jouer la Commedia Dell'Arte.

Le soleil brille depuis quelques semaines, au plus grand plaisir de mes amis. Pour moi, c'est une autre histoire. Je me sens comme un schtroumpf avec des rayures de zèbre. J'ai honte. J'ai honte de mon corps. J'ai honte de moi. Je suis laide. Je suis sale.

Je ferme la porte et pars chez les Mills.

Une fois arrivée, Hayden m'accueille avec un sourire radieux, et je me mets instinctivement à sourire comme une enfant.

Il est beau, sans effort. Il porte un tee-shirt blanc et un short de bain rose fluorescent. Ses cheveux sont coiffés de manière désinvolte, ce qui lui donne un charme indéniable.