UNE ÉPÉE DANS LE COEUR

'1'

6 ans plus tard,

Quand le calme est trop présent, la tempête vient toquer à votre porte, vous rappelant ainsi que vous n'êtes pas destinés au bonheur. 

Eliana se tient face à moi, je la regarde avec un regard rempli d'incompréhension, ce qui la décide enfin de parler.

Bip.

-Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Eleanor ? me demanda-t-elle d'une voix glaciale, le regard fixé droit devant elle.

Je suis frappée par la froideur de son ton. Jamais je ne l'avais vue aussi distante, ni aussi indifférente à mon égard. Ses yeux, habituellement remplis de malice, semblent vides, comme si toute trace de notre amitié avait disparu sans laisser de traces. Une tension palpable flotte entre nous, et mon cœur se serre dans ma poitrine, incapable de comprendre ce qui se passe.

- Je veux juste comprendre. dis-je, la gorge nouée. Pourquoi tu ne me parles plus ? Pourquoi tu es si distante avec moi ces derniers jours ?

Un silence lourd tomba, interrompu seulement par le bip de son téléphone, qu'elle consulta d'un geste rapide avant de le remettre dans sa poche. Elle soupire longuement, comme si ma question la fatiguait déjà.

- Tu sais que tu es un vrai pot de colle, toi ? lâche-t-elle soudain, ses lèvres se retroussant en un sourire amer.

Son commentaire me piqua au vif. Mon visage devient brûlant de confusion et de douleur. Était-ce vraiment ce qu'elle pensait de moi ? Nous avions partagé tant de moments ensemble, et pourtant, elle agissait comme si tout cela n'avait jamais eu d'importance. Comment en étions-nous arrivées là ?

- Tu ne me parles plus du jour au lendemain, continuai-je, essayant de garder mon calme malgré la boule dans ma gorge, et tu fais comme si je n'étais plus rien pour toi. J'estime que j'ai le droit de savoir pourquoi.

Je la fixe avec insistance, espérant qu'elle voit à quel point je suis blessée. Mais elle reste impassible, le visage dur. Ses bras croisés devant elle, elle sembla enroulée dans une carapace d'indifférence.

Elle hausse les épaules avant de tourner enfin son regard vers moi, son expression mélangeant lassitude et irritation.

- Tu veux vraiment savoir ? demanda-t-elle avec une pointe de défi dans la voix, ses yeux plantés dans les miens comme pour me tester.

J'acquiesce en silence, sentant mon cœur battre plus fort sous l'effet de l'angoisse qui monte en moi. Je ne sais pas ce qu'elle va dire, mais je me sens soudainement prise au piège dans ce moment, comme si ma vie entière dépendait de sa réponse.

Elle inspire profondément, et, sans une once de regret ou de douceur dans la voix, elle cracha enfin :

- Je n'étais ton amie que par pitié. C'est tout. Tu étais toujours seule, et ça me faisait de la peine. Mais sérieusement, Eleanor... tu crois vraiment que tu vas un jour avoir de vrais amis ? demanda-t-elle en laissant échapper un rire sec et méprisant. Tu ne trouveras jamais personne qui voudra être amie avec toi.