'18'

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(tw: auto mutilation)






Il m'a raccroché au nez. Je suis figée sur place. Comment peut-on être aussi borné ? Je serre le téléphone dans ma main, comme s'il pouvait me donner une réponse. Mais non, juste un silence lourd, pesant, comme si le monde entier avait choisi ce moment précis pour se taire.

Soudain une voix familière brise l'étreinte de ma colère.

- Eleanor ?

Je sursaute légèrement et me tourne.
Hayden est là, à quelques mètres, se rapprochant de moi avec une expression d'inquiétude. Sa démarche est lente, presque hésitante, comme s'il avait peur de franchir une barrière invisible.

- Tout va bien ?

La question résonne dans l'air, lourde de sous-entendus. Les gens semblent toujours poser cette question au pire moment. Comment devine-t-il? Comme s'il avait un sixième sens, une capacité à lire entre les lignes de mon masque.

Je force un sourire, aussi convaincant que possible.

- Oui, pourquoi ? lancé-je, la voix légèrement tremblante malgré mes efforts.

Il s'arrête devant moi, ses yeux cherchant à percer la façade.

- Tu as l'air stressée. répond-il simplement, sans détour, ses yeux clairs brillant d'une sincérité désarmante.

- Qu'est-ce qui te fait dire ça ?

Je tente de détourner la conversation, de l'éloigner de cette vérité qui m'étouffe.

- Tu tournes ton bracelet depuis le début de la soirée, et j'ai remarqué que tu fais ça quand tu es nerveuse. C'est drôle, moi je fais pareil avec ma bague.

Son regard glisse sur sa main, et instinctivement, je fais de même. C'est alors que je la vois : une bague en argent, simple mais raffinée, ornée d'une bande noire au milieu. Le métal brille légèrement sous les lumières tamisées de la terrasse.

- Elle est jolie, j'aime bien. dis-je doucement, mon regard toujours fixé sur la bague.

Il sourit, mais il y a quelque chose dans son sourire, un poids invisible qui l'écrase.

- Merci. dit-il, la voix un peu plus grave.
C'était à mon père.

Le silence qui suit est lourd, épais, comme si ces simples mots avaient ramené une douleur profonde. Son regard s'échappe vers l'horizon, et je sens que ce sujet est délicat, peut-être trop pour ce moment. Je n'insiste pas.

Au lieu de cela, je me rapproche et passe mes bras autour de lui. Je sens ses muscles se tendre un instant, puis il relâche son corps dans mon étreinte. Nos respirations se synchronisent presque. Il resserre ses bras autour de moi, et je peux sentir la chaleur rassurante de sa poitrine contre ma joue.

Le battement de son cœur, lent mais puissant, résonne à travers son torse. Un rythme apaisant, constant, en contraste avec la tempête qui gronde dans ma tête.

- Je ne sais pas ce qui t'arrive, mais je vois bien que ça ne va pas. murmure-t-il près de mon oreille, sa voix un souffle chaud contre ma peau. Je finirai par savoir ce qui ne va pas.

UNE ÉPÉE DANS LE COEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant