'21'

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(tw: suicide,violences)













À peine sortie de chez moi, une boule se forme dans mon ventre. L'angoisse s'installe, un sentiment familier que j'ai appris à associer à Diego. Mon corps tout entier tremble, une secousse invisible qui se manifeste à l'intérieur, mais je m'efforce de ne rien laisser paraître. Pas question de lui montrer que mon corps est terrorisé par sa présence. Pas question de lui offrir cette satisfaction.

Lorsqu'il pose sa main sur ma hanche, c'est avec une douceur qui me surprend.
Une caresse légère, presque délicate.
Puis il m'embrasse, ses lèvres effleurent les miennes avec une légèreté déconcertante, comme si le Diego violent et imprévisible avait laissé place à une toute autre personne.

Naturellement, mes sourcils se froncent. Ce changement d'attitude est trop soudain, trop étrange. Mais il ignore ma réaction, continuant de jouer ce rôle d'homme attentionné. Sans un mot, il m'indique de le suivre et m'emmène vers sa voiture.

Le trajet se fait en silence, et malgré l'apparente tranquillité, je ne peux m'empêcher de me méfier. Diego est un maître du changement soudain, et cette accalmie ne fait que nourrir ma peur.

Il se gare finalement dans un petit parking extérieur, juste à côté d'un parc que je connais déjà par cœur. Rien de nouveau, rien de surprenant, mais il me fait signe de sortir de la voiture.

- Allez, sors, on va se promener. m'ordonne-t-il d'un ton autoritaire qui contraste avec ses gestes délicats d'auparavant.

Sans un mot, je m'exécute. Il commence à
me faire visiter le parc comme s'il s'agissait d'un endroit inédit pour moi,

Le parc est vaste, avec des arbres dont les feuilles commencent à virer au jaune et au rouge, signe que l'automne s'installe pour de bon. Des bancs en bois, certains usés par le temps, se dispersent, quelques promeneurs et joggeurs passent, mais personne ne prête attention à nous. Diego me montre des détails insignifiants, comme si c'était une visite guidée.

- Regarde. dit-il en désignant un vieux kiosque au centre du parc. On faisait des concerts ici avant. C'est marrant, non ?

Sa voix est normale, presque joviale, mais je n'arrive pas à me détendre. Mon regard s'attarde sur les branches qui se balancent au-dessus de nous, cherchant un moyen de m'échapper dans cette nature qui semble si sereine par rapport au tumulte intérieur que je ressens.

Nous traversons le parc, arrivant à une large avenue bordée de petites boutiques et restaurants. Diego semble connaître l'endroit par cœur. Il me désigne un restaurant de quartier, à la façade peinte en vert olive, avec des tables dehors sous un auvent fatigué.

- Je venais ici quand j'étais gamin. dit-il, un sourire nostalgique effleurant ses lèvres.

Je reste silencieuse, absorbant chaque détail autour de nous. Les vitrines des commerces sont pleines de vie, avec des panneaux « Ouvert » en néons clignotants et des étalages colorés derrière les vitrines. La rue est pavée, ajoutant un charme vieillot à cet endroit que je découvre pour la première fois. Il y a une petite boulangerie dont l'odeur du pain fraîchement sorti du four emplit l'air, me rappelant des souvenirs d'enfance. Malgré tout, je suis sur mes gardes. Je jette des regards rapides autour de moi, cherchant des points de fuite, mais Diego me garde fermement sous son contrôle.

UNE ÉPÉE DANS LE COEUROù les histoires vivent. Découvrez maintenant