L'accouchement

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Deux jours, que je suis rentrée à l'appartement. On a monté le lit et la chambre de la petite, remplis son armoire de minuscules vêtements. D'ailleurs ,on dirait des fringues de poupée, dire que c'était pas ma tasse de thé de jouer à la poupée, je suis plutôt camion de pompier et action man, maintenant je vais devoir jouer la vraie maman avec un vrai bébé.

Les sacs pour la maternité sont prêts depuis trois semaines, le mien et celui de la puce.

Celles qui ont dit que la grossesse c'est merveilleux... je doute qu'elles disent la vérité.. c'est surement pour ne pas faire peur aux autres..

Je me traine, je marche comme une vieille, j'ai envie de faire pipi toutes les dix minutes, tout juste si je sors pas des toilettes que c'est déjà plein, l'espace étant réduit... Comme je ne suis pas immunisée contre la toxoplasmose (maladie transmissible par les chats, et certains aliments...) , j'ai le droit à la prise de sang mensuel, et régime alimentaire. Faut pas manger ci- faut pas manger ça. Faut laver ci et ça...

J'ai des envies improbables de tartes au roquefort, au bretzel salé, de viande (mais uniquement certaines à cause d'on sait quoi) de fromage (pareil même punition), de tout ce qui me donne faim. Heureusement que je n'ai pris que neuf kilos dans ma grossesse.

Je dors mal, la petite s'est prise pour Mohamed Ali le champion de boxe ou Zizou le footballeur, et parfois logent ses pieds dans mes côtes, quand elle joue pas de la harpe avec...

Ce soir, on se couche vers vingt-trois heures, après le premier film du soir. Je suis fatiguée. Je crois que je suis fatiguée tout le temps sur cette fin de grossesse.. Même dormeur de Blanche Neige s'assoit en tailleur et prend des notes...

Tant bien que mal, je me dandine, jusqu'à la chambre à coucher. On est mi juillet il fait une chaleur, je transpire à rien faire. On dort la fenêtre ouverte, en Bretagne c'est dire! La lune est entière, le ciel est lumineux.

Je n'arrête pas de tourner en rond, enfin essayer. Evidemment, Simon dort comme un loir. Il ne m'entend pas et limite, tant mieux. Je commence à avoir des contractions régulières toutes les 5 minutes. Je me mets prêt de la fenêtre pour prendre le peu d'air frais.

Je crois que ma présence, à cet endroit, et possiblement mes gémissement l'ont réveillé.

- « tu crois que c'est le travail qui a commencé? »
- « Je ne sais pas, j'attends de perdre les eaux! »
- « Tu as des contractions tous les combien, et depuis quand? »
- « Une bonne heure et toutes les cinq minutes »
- « Bon je t'emmène à l'hôpital , je prends les affaires . »

J'ai bien du mettre une vingtaine de minutes pour faire un trajet d'une minute à peine. Même une tortue aurait réussi à me battre à plat de couture. Un pas devant l'autre, ou plutôt un pas trainant l'autre, pause de deux minutes, contraction. On repart (moi et mon bidon), les escaliers un calvaire, un palier une pause, une contraction... on est pas dans la merdum... (si j'accouche là, c'est mes collègues de la caserne qui vont intervenir... comment dire que je vais serrer tout ça jusqu'à la maternité). les murs m'ont permis de suivre le chemin, un peut comme quand on est bourré pour rester debout, mais là sans l'alcool, c'est moins fun.

« Il en est où avec cette voiture... Allô, il l'a garé à vingt kilomètres ou quoi? »

J'arrive dans la cours de l'immeuble, j'ai fait la moitié du parcours.. Il est trois heures du matin.

Simon arrive enfin.... Il en a mis du temps, il était en train de la fabriquer surement... (oui je suis un poil tendue, le stress et la pression qui pèse dans l'entre jambe...c'est pas que..mais ...)

Il porte les sacs dans la voiture, et moi par la même occasion, mais pas tout en même temps!!

Centre ville, hôpital, pied au planché en quinze minutes on y était, je l'ai maudit à chaque virage, et dos d'âne.. je crois qu'il a grillé quelques feux rouges.. Ceci dit, il y avait urgence.

Il est trois heures et quart, quant on est pris en charge à la maternité..

La sage femme, qui me prend en charge pendant que Simon fait les papier d'admission, fait son check up.. et panique...

- « Euh, bon, c'est pour maintenant, garder les cuisses fermées, faut changer de salle, pousser pas!!! »

Non, mais elle est sérieuse! Pousser pas, c'est plus moi qui décide là.. c'est mon corps qui le fait tout seul! Je fais comme, je peux! Sim' a finit l'admission, la panique se lit sur son visage.

On entre dans une salle, lui et moi, la sage femme, et trois autres personnes du corps médical.

Je suis branchée de partout, monitoring, perfusion, tensiomètre, capteur pour la fréquence cardiaque. Un vrai poulpe. Je n'ai pas encore perdu les eaux. Le gynéco de garde, n'est pas encore arrivé, il devait faire sa meilleure nuit.

Je suis toujours d'humeur tendue.. celles qui s'affairent autour de moi, sentent la cigarette fraichement fumée. Ça pue.. Je leur dis (c'est plus fort que moi). Simon me propose de l'eau pour me détendre. Mais je crois qu'il en à plus besoin que moi. Il a changé de couleur et a tombé un litre et demi d'eau en moins de six minutes.

La sage femme perse la poche des eaux, on se serait cru dans Matrix, quand elle essaye d'éviter le liquide amniotique. Elle me dit de pousser une fois, deux fois.. cinq fois... Elle est là.. quinze minutes top chrono. Elle est née!! Trois heures trente. (heure à laquelle arrive le gygy avec sa marque d'oreiller sur la joue).Même pas eut le temps d'avoir une péridurale.

Une immense sensation de fierté, d'amour et de bonheur m'emporte, Simon aussi.

Il pleure, je pleure. Nous sommes fiers.

Elle part en soin, post naissance. Pendant ce temps j'ai le droit, aux protocoles post accouchement.. et c'est tout de suite moins drôle!

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