la formation 3

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On a rien sans rien, je ne compte pas m'arrêter maintenant, après tant de sacrifice. Je continue, je repars sur le terrain avec mes acouphènes, et ma petite surdité. La dernière semaine se passe bien, on est tous épuisé mais la cohésion est là plus que jamais. Il n'y a plus d'homme ou de femme mais des militaires qui en sont tous au même niveau. Beaucoup de filles ont abandonné. De ma section féminine, seulement neufs (dont moi) sommes encore là.

Sur cette dernière semaine, on fait des épreuves nautiques, survies en milieu aquatique, être prisonnier et se sortir d'endroits et se faufiler, il y a des challenges entre section, et des combats de corps à corps. Nos corps et nos mentaux sont mis à rudes épreuves. Je dois faire un dernier « combat » contre Dibiou, elle est aussi épuisée que moi, nos cerveaux fonctionnent au ralentit. On est évalué sur nos facultés à rester meneur et pro actif, à nos capacités de résistances sous l'effort, la contrainte. D'un commun accord, on se dit qu'on met pas de force dans les coups et qu'on fait semblant. L'émulation sûrement fait que Dib' donne plusieurs coups avec force, (mince, c'était pas ce qu'on avait prévu). En défense, je rend un crochet du droit! Elle vacille et tombe direct K-O!! Stupeur générale, c'est la petite blonde, qui a mis K-O la grande brune. Elle est transportée en urgence au service médical. Je ne suis pas rassurée, je m'en veux. Je suis baptisée AL' Raider en référence à Tomb' Raider.

Demain on reçoit nos insignes, seuls les militaires ayant validés le stage seront décorés. Personne ne sait, si dans les stagiaires finaux, qui sera décoré.

Soixante dix pour-cent des participants initiaux ont été validé. (j'en fais partie, je suis contente).

Le trajet de bus retour est passé à une vitesse.. Entre le manque de sommeil, et la fatigue musculaire. Tout le monde dort. Personne ne se sent, mais on sent le putois (à en croire par les têtes que font les gens que l'on croise aux airs d'autoroute). Les visages sont fatigués, comme les treillis.

Demain, on peut rentrer chez nous pour quinze jours de permission (vacances en militaire).

Pour ne pas encombrer, les voitures et la semaine de perm' avec les lessives, on se rue à la laverie pour enchainer les lessives. On a perdu du poids (sept kilos pour ma part, à ce rythme, je vais perdre un os). Ce sont les voitures qui vont apprécier!!

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Le retour à la maison se fait en fanfare. Annaëlle marche enfin, ses cheveux jusqu'alors très courts (absents) et blonds vénitiens, poussent en jolies anglaises, elle parlote, quelques mots par-ci, par-là! Simon s'occupe vraiment bien d'elle! On se fait des vacances à trois, entre Quimper, Lorient et Rennes. Je profite d'une étape à Quimper, pour demander à mon grand-père si il accepte de me remettre mes galons de sous-officier. Il accepte ému. Les tensions se sont atténuées avec mes parents, on passe les voir, le temps d'un café, l'entente reste cordiale. La plus grande partie de notre séjour, nous le passons chez ses parents avec ses frères et soeurs. Il prend un peu de temps pour lui et va pêcher avec son frère jumeau. On se fait, des sorties kayaks ou balades en forets en amoureux, en prenant soin de laisser la puce aux grands parents. On est un couple avant d'être parent. Puis faut bien entretenir la flamme.

Qui dit armée, dit mutation, on discute des éventuelles possibilités qui s'offrent à moi quant à ma spécialité (cheffe de pièce MISTRAL, missile anti aérien à très courte portée de défense sol-air). Deux, voir trois choix sont possibles le Var, la Moselle ou les Landes. Je préfère l'Est il préfère le Var. J'enregistre son choix, car je veux qu'il y soit bien, et notre princesse aussi.

Je m'aperçois que j'ai du retard sur mes règles, et avec le stage commando, je n'ai pas fait attention (voir je crois bien que ça m'arrangeait de ne pas les avoirs pendant). Je préviens Sim' on va faire un test.. Je ne sais pas si encore ce que je veux..lui non plus.

Décidément ....Le test est positif.. il ne faut pas perdre de temps, une décision doit être prise.

Je suis pour le garder après tout on a bien réussit avec Annaëlle, puis elle va avoir deux ans. Simon lui est catégorique c'est non et sans appel. Je me range de son côté, qui plus est, est on ne peut plus raisonnable. On force un peu les choses, pour que ça se passe pendant les vacances. Après ça risque d'être compliqué.

Encore une grossesse sous pilule, on est tout les deux hyper fertiles. Ô joie, on le saura pour la prochaine fois si on décide d'en refaire un.

Micalinette (qu'on adore) est très croyante, elle me propose de rencontrer des « soeurs » avant de me décider, son attention est fort louable.

Ces « soeurs » m'expliquent que tous les enfants sont les enfants de Dieu, qu'il faut lui laisser une chance, et que si l'on ne se sent pas en capacité de l'élever, elles se chargeront de le faire pour nous et de lui trouver un foyer. Autant dire, que ça aura eu l'effet inverse. Je préfère assumer un choix difficile, mais ne pas regretter, plutôt que d'aller au bout d'une grossesse et de l'abandonner, puis regretter toute ma vie.

Décision prise!

Le vendredi avant de repartir, je subis un curetage. Simon m'épaule dans cette épreuve, nous nous soutenons. Main dans la main nous affrontons les aléas de la vie.

Le week-end est plus joyeux, et bon enfant, puisque nous participons au baptême du cousin d'Annaëlle. Toute la famille Taugier est au complet. Un grand moment de partage, de bonne humeur et de joie. Ils sont six frères et soeurs, et tous fusionnels.

On aura bien profité de nous deux, trois et de la famille. Je repars cet après midi, il me/nous reste moins de deux mois avant de finir la formation.

On voit le bout du tunnel. 

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Huit mois de formation se sont écoulés, huit mois de challenge, de remise en question, d'aguerrisement, de vie en collectivité, de manque de la famille, et de patience pour eux. Je me suis rendue compte, que vivre avec un militaire s'est vivre avec la patrie, s'est engager dans l'absence, et la peur. C'est faire preuve d'abnégation. Quand un militaire signe et qu'il a une famille, ou qu'il en construit une. Sa famille sert également la France par son soutien. Un militaire a deux familles, sa famille de coeur, et son régiment.

Je ne peux que les remercier. On ne peut que les remercier.

Une page se tourne, un chapitre s'ouvre.

Cet après-midi, je reçois mes galons de sergent, c'est Papy qui me les remet. Mes parents (grace à mon père se sont fait inviter, pour assister à l'événement), mon grand-père, Simon et Annaëlle sont présents. Papa est venu comme officiel, il est en uniforme, maman est dans un jolie tailleur écru, Papy lui une veste tailleur bleue marine, sur laquelle pend toutes ses médailles, ça lui fait pencher légèrement à droite par la lourdeur du placard. C'est un GRAND Monsieur. Simon a acheté pour l'occasion, un pantalon beige et un polo marron classe, qui le sied bien. Quant à Annaelle, elle porte une jolie jupette bleue qui tourne, un petit gilet assortie, elle est ravissante. Ils se sont tous mis sur leur trente et un. C'est émouvant, ils sont beaux.

La cérémonie ressemble à peu de chose prêt à celle du baptême de promotion.

Marcher au pas, en chantant d'une seule et même voix. Descendre de part et d'autre de l'Etat-Major, je rejoindre sur la place d'arme, monter les couleurs (le drapeau) chanter l'hymne nationale. Écouter le discours du Général. Les parrains rentrent sur la place d'arme et se positionne leur filleul. Papy pleure de fierté, me remet me galon, m'embrasse. Je pleure tout autant sans pouvoir m'essuyer, il le fait pour moi. Ils repartent à leur place. La cérémonie touche à sa fin. Je suis, nous sommes officiellement les nouveaux sergents de l'Armée de Terre.

Cérémonie finie, mes camarades découvrent seulement maintenant que j'ai fait la formation, comme eux en étant maman, j'ai réussi à être comme tout le monde, en étant différente. Le clip de fin de la formation sonne. Les photos de fins de formation sont faites, les souvenirs se créent. Les photos en famille, avec les parrains sont faites. Les « au revoir » et « à bientôt » sont faits. Les dernières accolades.

Les futures garnisons nous attendent déjà.'

Notre futur, nous attend à Giens dans le Var. On quitte notre Bretagne pour de nouvelles aventures.

Les DécisionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant