Le voyage

8 2 0
                                    


Une semaine s'est écoulée depuis la scène des photos et des messages. 'J'ai pas osé appeler avant aujourd'hui (on est vendredi), et accessoirement le jour du départ pour le Portugal (avec ma voiture). Je précise car d'après Jérémy je ne participe jamais à rien. Tellement jamais qu'il est nourri, logé et blanchi. Le tout au frais de la princesse.

Revenons à nos moutons, avant de partir, je voulais mettre les points sur les « i » et les barres sur les « t »; Tant avec Marina la salope (c'est son appellation dans mon répertoire) et lui.

Il me jure que c'était une erreur un égarement.

Je ne sais pas vraiment ce que j'attendais de sa part, mais

j'accepte et on pars en voiture pour le Portugal.

Je n'y suis jamais allée. On est parti de Rennes pour l'Andorre, puis Salamanque en Espagne avant de passer la frontière et de nous diriger pour Peniche au Portugal.

Tout se passe bien, honnêtement j'appréhendais un peu. Vu l'ambiance du départ.. On a pris tout notre matériel de kitesurf, on dort en tente là où l'on peut.

Cet après midi, on arrive à destination à Praia do Guincho (un spot de surf et de Kite). On fait le tour de la plage, on s'installe au bar de la plage pour se prendre un verre, nous sommes mi-octobre et il fait suffisamment bon pour être en maillot de bain.

Il propose de faire une photo souvenir en selfie. Il me prête son téléphone pour l'occasion et je vois les bulles facebook avec le début des messages apparaitre...

Je change de couleur, je fais la photo et je lui jette le téléphone. Je finis mon verre et me rend à la voiture.

Il me propose de faire un tour pour « discuter » et détendre l'atmosphère.

Je pense que tout est dit...IL ME PREND POUR UNE CONNE.. Il m'aura fallu tout ce temps pour m'en rendre compte.

Je monte vers la voiture sur le parking afin de partir.

Il me rattrape, finalement on part à pied dans les hauteurs.

Il me suit et se complait en excuses..

Je ne dis rien, il n'y a rien à dire..

On continue d'avancer jusqu'à un phare, je fais le tour, lui aussi, il s'agace et commence à s'énerver.

Son ton monte, je l'ignore encore..

Je m'arrête pour observer le panorama, en flanc de falaise. C'est super beau, c'est dommage de ne pas en profiter.

Ma décision est prise, et je lui annonce que je veux prendre le premier avion retour pour rennes ou Nantes et je rentre chez moi. Je lui laisse ma voiture pour finir son voyage, je lui demande de me la rendre à son retour. Mais c'est fini. Clap de fin.

Bizarrement je me sens sereine et soulagée, je ne m'énerve pas, je ne hurle pas. A l'inverse, il monte en pression, me crie dessus.

« Tu passes ton temps à me gâcher les vacances, ça t'amuse? Tu es vraiment une salope. Tu pourrais faire un effort et comprendre.. Tu as bien vu que je ne lui avais pas répondu... OOOOH je te parle!! »

Il m'attrape par la gorge et me force à reculer, il n'y a personne aux alentours. J'ai peur pour ma vie. Je tremble, mes jambes me tiennent vaguement. Un tuyau rouillé manque de me faire tomber.

Il continue de me hurler dessus.

Je n'ai plus la force de me battre, je me sens vidée, épuisée. J'accepte à contre coeur de rester, pour survivre.

———

On est resté un peu moins de dix jours sur place.

Dix jours, à faire semblant que tout allait bien, pour éviter de me faire houspiller. A avoir peur de m'exprimer, et le peu n'était jamais assez intéressant.

Dix jours, où ma motivation du jour était de compter le nombre de nuit avant de rentrer, et d'apprécier le paysage. C'est vraiment magnifique.

Dix jours où me laissais toucher par lui était compliqué.

On a fait du kite, des vidéos de « les vacances sont géniales » de faux semblant. Je pense avoir appris à faire semblant en mettant un sourire sur mon visage. Faire semblant d'être heureuse.

———-

Pour le retour, on a prévu d'arriver samedi après-midi dans le Périgord chez le meilleur ami de Jérémy. Lionel qui vient de finir de monter sa maison en bois. Un magnifique chalet, fait main. Il fait ce soir sa pendaison de crémaillère en même temps que ses trente ans.

Ça fait plaisir, l'ambiance est détendue. Puis parler à des gens qui semblent s'intéresser à ce que je dis et inversement.. Ça fait du bien!!

On s'est d'abord tous retrouvés dans la salle des fêtes du village. Ceux qui se rendent à la soirée pendaison-anniversaire se déplacent chez Lionel.

On arrive dans les premiers, chez Lionel, on l'aide à finir de tout installer, j'ai fait connaissance avec Mélanie la cousine de Lionel. Tout le monde est un peu partout, dedans- dehors.

Un couple arrive avec un nourrisson, Jérémy le prend dans ses bras et me demande de le prendre en photo..

«Salut chaton, j'espère que tu vas bien et que ça se passe avec l'autre »

« Tu me manques »

Voilà ce que j'ai devant les yeux au moment de prendre la photo. Je reste impassible, je souris aux parents, je rend le téléphone, accompagné d'un « Audrey t'a envoyé des message, j'ai tout lu! Donnes moi mes clés de voiture ».

Je récupère mes clés et je file dans la voiture. Je la verrouille et j'envoie un SMS à un ami (il vit à une heure de route de là, avec les trois verres de planteurs et le punch maison.. Je ne peux pas prendre la voiture).

Jérémy est dans tout ses états. Il sait qu'il a encore déconné.

On discute à travers la vitre. C'est ridicule, mais quand même.

Au bout de vingt minutes, il semble s'être calmé.

Je reste d'un zen olympien.. J'essaye d'appeler malgré l'heure tardive, je tombe sur le répondeur.

Ça l'agace, il tambourine à ma fenêtre et me traite de pute, de salope. Je finis par sortir de la voiture sous réserve qu'il se calme.

Je sors, mais il m'attrape par la main, me fait une clé de bras, me mets la tête dans la terre battue, balance mes clés et mon téléphone sur le parking improvisé.

Mélanie a plus ou moins vu la scène. Elle nous appelle, ce qui interrompt Jérémy. Il lui dit qu'on a perdu les clés et qu'on les cherche.

Clés retrouvées, téléphone aussi.

On retourne à la tablée.

Mélanie me prend à part . « Al je ne te connais pas, mais de ce que j'ai vu,, il est temps de fuir. Ce n'est pas normal. C'est un malade..un pervers narcissique. »

« Sauve toi et tes filles ».

——-

Jérémy refuse que je m'installe sur la place à côté de lui c'est donc entourée de Lionel et de ses amis que la fête continue, j'ai pas vu passer le repas.. Avec cette mésaventure.

La musique bat son plein, je commence à sentir les effet du rhum que j'ai but, Lionel m'invite à danser un rock. On s'amuse tous sur la piste de danse.

Jérém' vient me voir pour me dire qu'il va se coucher.

Avec des vacances pareilles, je décompresse ce soir avec mes nouvelles connaissances.

Vers trois heures du matin, Jérémy revient, les yeux injectés de sang, il me demande de le suivre dans le camion qu'on nous prête pour la nuit..

Je n'ai pas mis un pied dans le camion, qu'il me secoue, il me force à avoir des rapports, il me pourrit, jusqu'à sept heures du matin.

Je n'ai pas dormi, j'ai les yeux bouffit, le visage gonflé. Mais Je suis en vie

J'ai honte.

Les DécisionsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant