On a finit tôt ce soir, je prends le temps d'appeler Sim' et Annie. Elle commence à faire des micros pas toute seule. Simon me dit qu'il y a eu un petit "accident" avec Annaëlle.Elle qui a pris l'habitude de dormir avec Tampi, s'est réveillée avec du sang sur le visage, et l'oreiller. Sim' s'est affolé. Il hésitait à faire apprendre à Tampi à voler ou la garder. La puce a une belle balafre, mais bien soigné ça devrait aller. Tampi n'aura juste plus le droit de dormir avec la petite, le temps qu'elles grandissent. Je pense qu'Annie à du la serrer comme un doudou, elle a du lui faire mal en dormant et la minette a sorti les griffes.
Le dos de Simon se remet, il reste prudent et continue à former le pôle espoir du kayak. On se manque..
J'enchaine avec le coup de téléphone à mon père. J'appréhende un peu sa réaction. On ne s'appelle quasi jamais.
« Coucou papa, comment vas tu? »
« Bonjour Alice, ça va très bien et toi? Que me vaut l'honneur de ton appel? »« Ça va très bien, tu ne devineras jamais où je suis.. »« Ah! Et tu es où?! »« Quelque part ou toi, et papy avait été formé..! »« Comment ça? Tu es au CIRFA (centre de recrutement)? Tu veux t'engager»« Presque.. mais au niveau au dessus.. »« Tu viens de t'engager? Tu pars à St-Maixent? Tu as choisi quelle spécialité? »« Je suis à St-Maix depuis plus de deux mois, on a notre Baptême promotion la semaine prochaine. J'ai choisi l'artillerie, Sol-Air! »« Non mais c'est pas vrai, tu es sûre de ton choix? »« Oui certaine »« Tu as appelé Tonton? »« Non! Pourquoi?! »« Je suis Artilleur, tonton aussi si tu as besoin d'en parler à quelqu'un de neutre..n'hésite pas à le contacter! Tu connais la date de la cérémonie? »« C'est une décision sagement mûrit et je pense être à ma place! Je suis contente! Je voulais te partager le moment. »« D'accord! Une de plus dans la famille! Eh bien bon courage pour la formation n'hésite pas, si tu as besoin. Prend soin de toi. »« Merci papa, ça va être l'heure du rassemblement » je dois te laisser! »« Ça marche, bisous.»« Bisous.»Quel soulagement de lui avoir partager ce « secret », et je me sens fière de moi.
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C'est le soir de la cérémonie, on a un repas amélioré prévu à l'issue. On part de la compagnie par section, en chantant et marchant au pas sur le chant section que l'on a choisi « le Kyrie des gueux ».
Nos cadres rassemblent toute la promotion. On repart par compagnie de part et d'autre du bâtiment de l'Etat major pour se rassembler sur la place d'arme avec le chant de la promotion.
La cérémonie dure une bonne heure, en tenue de défilé et avec le stress, certains font des malaises. Nous portons le nom de la promotion « Ajudant Zanerre » .
On se retrouve tous dans un grand gymnase, pour le repas.
On est encore fatigué de la nuit de marche et on a tous encore les pieds bien engourdit des quarante kilomètres que l'on a parcouru pour mériter nos képis (et tricornes pour les filles). Une seule envie ôter mes chaussures et faire ma meilleure nuit.
On me tapote sur l'épaule, je me retourne , je n'en reviens pas. Mon père est là. Il s'est fait inviter. Et s'est fait installer à ma table. Un élan de joie, de fierté de submerge, l'uniforme veut qu'on se vouvoie et qu'il n'y ait pas de contact mais le fait qu'il soit là, c'est un immense bonheur. Les actes en disent plus que les mots.
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Le temps passe vite, on est en janvier. On enchaine beaucoup de terrains, du tir, des stages, peu de temps à la maison. On a des devoirs tous les vendredis quand on est pas en manoeuvre. Dans deux jours, on part pour faire notre stage commando. La section féminine sera partagée dans celle des gars. Comme il n'a pas assez neigé, on va devoir faire un stage commando été, en hiver (même pas mal).
Je suis avec Dibiou dans la section grise, les gars sont super cool, mais on sait d'avance qu'on va ramasser. On part léger, on vide nos effets personnels et le superflu dans une pièce qui accueillera les sacs des sections.
On marche beaucoup, on fait des pistes d'audace (marcher sur un câble au dessus de la mer, ou du vide en montagne) On apprend à se battre avec des techniques militaires. On apprends des techniques de survie. On dort maximum vingt minutes par nuit. Pour le repas, on a des rations de combats prévue pour durer une journée, nos chefs les font durer une journée de plus. On rationne nos propres rations, on partage avec ceux qui fatiguent. Les cerveaux sont mis en OFF, nos corps fonctionnent, on s'aguerrit. On ramasse dur.
On vient de finir un repas amélioré, on se met dans nos duvets, on est en montagne, on bloque comme on peut les pieds contre les arbres. On est tous tellement épuisé qu'on s'endort direct. Des grenades à plâtres sont balancés dans la forêt où l'on se trouve. vingt minutes à peine à après s'être endormi.
Une grenade explose à côté de mon sac de couchage, près de ma tête. Ça siffle fort, je n'entends plus rien. Je ne tiens plus sur mes jambes. Je vomis.
Je range mon duvet comme je peux dans mon sac, je tiens pas debout, c'est Bolino (taillé joueur de rugby) avec qui je m'entends bien, qui voit que ça ne va pas.Il m'attrape par le col du treillis. On marche (moi je tangue), on essaie d'appeler les cadres, les transmissions ne passent pas. On suit l'itinéraire reçu. On n'a pas de téléphone portable.
On marche jusqu'à sept heures du matin, quand on arrive à contacter enfin le chef de section, et que l'on atteint la destination. Je vois le cadre, je lui rend compte, il s'affole, je pars aux urgences. Je pue quinze jours de terrains sans douche, camouflage sur le visage, autant dire dans les urgences j'avais un peu honte, de l'odeur et de ma tête ..
Je fais des tests audios, pas vraiment de perte dans les sons aiguës, le médecin me fait passer les tests j'ai perdu tente pour-cent de décibel grave de l'oreille droite. Je ne pourrais pas récupérer dans le caisson hyperbare, trop de temps a été mis entre l'accident et la prise en charge. Me voila presque sourde, avec des acouphènes.
J'ai la possibilité d'arrêter le stage ou de continuer...
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Les Décisions
RandomFaire des choix, avancer dans la vie. Que l'on ait Dix-sept ans ou trente-six... Rien n'est jamais facile.. On doute, on essaie, on se trompe et on se relève. Alice a eu une éducation stricte et difficile. Elle prend LA décision qui va changer sa...