CHAPITRE TRENTE-SIX.

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Le soleil se levait à peine sur l'horizon, colorant la mer d'un mélange de rose et d'orange éclatant. La brise marine apportait avec elle une fraîcheur vivifiante, fouettant doucement mon visage. J'inspirai profondément en fermant les yeux, cherchant à me relaxer quelques instants. Mais je sentais malgré cela une tension glaciale dans l'air. Je me tenais sur la plage, les pieds enfoncés dans le sable, mes cheveux bruns flottant doucement au gré du vent.

Sam se tenait à quelques mètres de moi, les bras croisés, son regard acéré trahissant son impatience ne me quittant pas un instant. Je savais que cette session d'entraînement ne serait pas facile. Les précédentes ne l'avaient pas été. Sam n'avait jamais caché son mépris à mon égard, et aujourd'hui ne ferait pas exception. Je savais aussi que si elle m'entraînait, c'était simplement et uniquement parce que son frère le lui avait demandé.

-On n'a pas toute la journée, Arabella, lança l'intéressée d'une voix tranchante, ses yeux bleus me fixant. Montre-moi ce que tu as appris jusqu'à présent.

Je serai les poings, essayant de contenir le tremblement de mes mains. J'avais passé les dernières semaines à apprendre les bases de l'autodéfense, mais je me sentais toujours aussi maladroite et vulnérable. Prenant une profonde inspiration, je me mis en position, les pieds écartés, les genoux légèrement fléchis, prête à affronter l'inévitable.

Sam ne perdit pas de temps. En un éclair, elle s'avança, lançant un coup de poing rapide dans ma direction que j'arrivai à bloquer tant bien que mal. La force du coup me fit reculer de quelques pas, mais je réussi tout de même à garder mon équilibre. Sam était plus grande, plus forte et bien plus expérimentée que moi. M'entraîner avec elle était très loin d'être un cadeau, et je maudissais intérieurement Caleb chaque matin, à l'aube, lorsque nous débutions ces sessions. Comme d'habitude, il avait décidé de cela seul, sans concerter qui que ce soit, et tout le monde devait lui obéir. Je ne supportai pas cela, et je crois bien que je ne le supporterais jamais.

-Pas mal, admit Sam à contrecœur. Mais ce n'est pas suffisant. Tu dois être plus rapide, plus forte. Si tu ne peux pas te défendre, Caleb mettra encore plus sa vie en danger pour toi.

BAM. Prends-toi ça dans la face.

Les mots de Sam étaient durs, et me donna l'impression d'une gifle en pleine figure. Mais je savais intérieurement qu'ils contenaient une part de vérité. Caleb avait risqué sa vie pour moi un certain nombre de fois en peu de temps, et je ne voulais pas être un fardeau. J'en avais déjà été un depuis ma naissance, et je ne voulais plus en être un. Je me redressai, déterminée à prouver que ma force mentale était bien plus importante que la physique. Je désirais plus que tout ne dépendre de personne et régler mes soucis uniquement grâce à moi-même.

-Encore, dis-je d'une voix plus assurée.

Sam esquissa un léger sourire, presque imperceptible, mais ses yeux restèrent froids. Elle attaqua de nouveau, cette fois avec une série de mouvements complexes. Je parvins à esquiver certains coups, mais d'autres me touchèrent, me rappelant ma fragilité constante.

Chaque coup, chaque chute, était une leçon. Je mettais un point d'honneur à me relever à chaque fois, les muscles endoloris, mais l'esprit plus aiguisé. Mon sale caractère m'intimait de ne pas paraître faible face à celle qui me détestait autant qu'elle le pouvait. Sam ne montrait aucune pitié, et c'est ce qui rendait cet entraînement si crucial. Ceux contre qui je risquerais d'avoir à faire n'en auront pas pour moi.

-Tu es trop lente, gronda Sam. Tu dois anticiper mes mouvements, lire dans mes yeux ce que je vais faire ensuite.

J'essuyai du revers de la main une goutte de sueur de mon front et fixai Sam, cherchant à deviner ses intentions. Lorsqu'elle attaqua de nouveau, je parvins à bloquer le coup et à contre-attaquer avec une précision qui surprit ma formatrice.

ARABELLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant