CHAPITRE TREIZE.

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Lorsque je me réveillai, ma tête me faisait moins mal. Je m'étais endormie d'épuisement, à force de pleurer. Eli était parti chercher Caleb, qui, au son de sa voix, devait se trouver dans la chambre d'en face. Là où j'avais trouvé le pistolet sur la commode. Comme une vulgaire chaussette qui traînerait à côté d'une panière à linge.

Il n'était pas venu me voir et avait dit à Eli de me laisser tranquille. Et je l'avais remercié intérieurement le temps d'une demie seconde.

Être seule était ce dont j'avais besoin à ce moment-là. J'avais besoin de réaliser et d'encaisser. Et de me reposer. J'étais physiquement et mentalement épuisée, et mes nerfs à vifs n'aidaient pas.

Mon esprit divaguait vers mes parents. Se demandaient-ils où est-ce que j'étais passée ? S'inquiétaient-ils pour moi ? Avaient-ils seulement remarqué mon absence ?

J'avais disparue depuis plus de vingt-quatre heures. Au fond de moi, j'espérais qu'on me cherche. Cela voudrait dire que je comptais pour quelqu'un.

Je repensai à la discussion entre Caleb et Eli que j'avais entendu quelques heures plus-tôt.

Mes soupçons sur la pseudo carrière de professeur d'histoire de Caleb étaient donc bons. Il n'avait jamais été véritablement enseignant. Et si je comprenais bien la situation, ça avait été une couverture pour lui. Mais alors, pourquoi ? Un certain Grégory lui aurait dicté ce plan. Qui est-ce ?

Je ne savais pas pourquoi, mais la façon dont Caleb et Eli parlaient de cet homme m'avait donné froid dans le dos. Eli semblait avoir peur de la réaction de ce Grégory s'ils ne suivaient pas son plan à la lettre.

Caleb, lui, ne semblait pas inquiet pour le moins du monde. Mais je ne le voyais pas à ce moment-là, je ne voyais pas ses yeux. J'avais bien compris que pour savoir ce qu'il ressentait, il fallait le regarder dans les yeux. Là où tous les sentiments possibles semblaient se confronter un à un, alors que son visage restait de marbre.

Ce qui me semblait le plus fou dans tout ça, était la façon dont ils avaient parlé de Nathan. « Il va devenir fou », « ce mec n'est pas un saint ». J'en venais à me demander s'il était véritablement question de Nathan Remington, mon frère aîné qui m'a tant apporté et protégée quand j'étais enfant.

La réponse de Caleb à Eli ne s'était pas fait attendre.

« Je n'en suis pas un non plus ».

Dans quoi Nathan pouvait-il bien tremper pour être craint de personnes que je qualifiais de dangereuses ? Et si les trois hommes présents dans cette maison semblaient, selon moi, représenter un danger sans précédent, alors qu'allais-je ressentir si je parvenais à revoir mon frère, qui semblait tout aussi redoutable, si ce n'était pas plus encore ?

Une personne entrant dans ma chambre me tirait hors de mes pensées. Eli. Il ne frappait jamais à la porte quand il venait me voir.

- Bien dormis chaton ?

J'hochai légèrement la tête. Il m'adressait un grand sourire.

- Oh, tu m'as répondu ! On progresse tous les deux ! Je suis sûr qu'on va devenir amis !

J'en doute.
Pour cela il faudrait que je reste le temps nécessaire pour créer une amitié.
Et je ne comptais pas m'éterniser ici.

- Je me suis dit que tu voudrais peut-être manger quelque chose. Je grimaçais. Tu n'as pas mangé depuis dimanche soir...

Je ne répondis rien et me contentai de baisser la tête.

- C'est compliqué, hein ?

ARABELLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant