CHAPITRE VINGT-DEUX.

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La nuit étoilée associée au panorama impressionnant de la ville retenait presqu'intégralement mon attention. Toutes ces lumières surplombées par l'obscurité et les étoiles m'offraient un spectacle magnifique.

Je fus sortie de mes pensées par la voiture qui s'immobilisa devant un grand monument en pierre, au cœur de Manhattan. Je tournai les yeux vers le brun, qui sortait de sa poche son paquet de cigarettes avant de s'en allumer une.

La fumée ne tarda pas à emplir l'habitacle, alors j'entrepris d'ouvrir ma portière pour descendre, mais de longs doigts tatoués enlacèrent mon poignet, me stoppant dans mon action. Mon regard se posa sur ceux-ci, avant de remonter jusqu'à leur propriétaire, qui me regardait, sa cigarette entre ses lèvres. Je l'interrogeai alors du regard.

-Tu ne me quittes pas d'une putain semelle. Encore moins ce soir.

Je fronçai les sourcils et laissai échapper un soupir, me résignant à le défier une énième fois. Sa main quitta alors mon échine pour attraper sa clope, et il me la tendit, sans me quitter du regard. Décontenancée, je ne savais ni quoi dire, ni quoi faire, face à son geste.

-Ca t'empêchera de te servir, cette fois-ci.

-Je... Commençais-je. Désolée.

-Y'en a qui sont morts comme ça, alors tu la prends cette putain de clope ou-

J'attrapai la cigarette qu'il me tendait avant de la porter à mes lèvres, son regard toujours sur moi. Alors que je recrachai la fumée, il semblait me détailler. Non, il m'analysait.

-Merci. Lui dis-je en la lui tendant en retour.

Il fronça les sourcils.

-De quoi ?

Face à mon silence, il me dit avant de sortir de la voiture :

-T'es une putain d'adulte, je ne suis personne pour te dire ce que tu peux faire ou pas. Si tu veux cramer tes poumons, grand bien te fasse.

*

Je respirai un grand coup alors que nous pénétrions dans le bâtiment. J'avançai aux côtés de Caleb, dont le visage s'était complètement fermé dès que nous avions quitté la voiture. Son regard glacial s'était recouvert d'un voile dangereux et sombre. Il venait de se vêtir de son masque froid et impénétrable.

Le bâtiment, à l'extérieur comme à l'intérieur, était très beau et impressionnant. A l'entrée, Caleb avait présenté deux invitations aux hommes de la sécurité qui par la suite nous avaient laissés entrer. Alors que je continuai d'avancer, mes talons claquant sur le sol en marbre, Caleb attrapa subitement ma main. Mon corps tout entier se crispa, alors qu'il la tenait fermement dans la sienne. Il plongea ses yeux, imperturbables, dans les miens, perdus. Il s'agissait d'un regard d'avertissement, me rappelant la seule et unique consigne que j'avais pour la soirée : ne pas m'éloigner de lui.

Nos regards se détachèrent l'un de l'autre, alors que nous entrions dans l'immense pièce principale, dans laquelle allait se dérouler le gala de charité. Mes yeux se portèrent immédiatement sur le plafond, haut de plusieurs mètres, et décoré d'immenses peintures rappelant l'art de la Renaissance. C'était magnifique.

Je fus coupée dans ma contemplation par un serveur s'arrêtant près de nous et nous proposant deux coupes de champagne. Caleb en prit une, me la tendit avant d'en prendre une seconde pour lui.

La pièce était bondée d'hommes en costumes et de femmes en robes de soirée discutant les uns avec les autres. J'avais l'impression d'assister à un des évènements auxquels mes parents participaient régulièrement. Tout n'était que paraître et opulence. Je pris sur moi pour ne pas me laisser envahir par mes pensées et mes émotions afin d'avoir l'air le plus à l'aise possible ici. J'ignorais le rôle que je devais tenir ce soir, ce qu'il faudrait que je fasse ou non. Comme s'il lisait dans mes pensées, Caleb s'approcha légèrement de moi, me surplombant d'au moins deux têtes.

ARABELLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant