CHAPITRE UN.

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« Tourne toi vers le soleil, et l'ombre sera derrière toi. »

C'est ce que Nathan me disait tout le temps. C'était sa citation favorite. J'avais toujours cru qu'elle venait de lui, mais un jour il m'a avoué en riant qu'il l'avait trouvé sur internet, mais qu'on s'en foutait, tant que ça pouvait nous aider à dédramatiser notre quotidien merdique.

Quand il la disait, c'était comme si ça pouvait être réel. Malheureusement, j'avais beau me la répéter en boucle dans ma tête, face à la grisaille et à la pluie quasi constante ici, à Clyde Hill, l'ombre ne faisait que de me rattraper au fur et à mesure.

*

- Bonjour, j'aimerais un grand latte avec supplément crème s'il vous plaît.

- Votre prénom ?

- Arabella.

Je passai ensuite au bout du comptoir afin d'y attendre ma boisson. Une fois récupérée, je m'installai à une table, sortis mon ordinateur et me mis à travailler. Lorsque je pris une première gorgée de mon café, je crus m'étouffer. On m'avait servi un café noir. Écœurée, je me levai et retournai au comptoir pour expliquer l'erreur.

- J'ai commandé un latte supplément crème, et c'est un café noir.

- Je suis désolé, je vous en prépare un tout de suite.

J'acquiesçai et m'apprêtai à retourner à ma table pour attendre ma boisson, quand une voix m'arrêta.

- C'est mon café. Ils ont inversé nos boissons.

Je me retournai vers cette voix rauque et me retrouvai face à un grand brun habillé de sombre et d'une veste en cuir. Ses cheveux noirs contrastaient parfaitement avec son regard bleu azur que je n'arrivai pas à quitter le temps d'un instant. Quand mon regard croisa le sien, ce fût comme si le temps s'arrêtait, jusqu'à ce qu'il tende une main vers moi.

- Arabella, me présentais-je en lui tendant la main en retour.

C'est alors qu'il me toisa du regard en attrapant son café et fit demi-tour, en prenant bien soin de jeter ma boisson à la poubelle sans me quitter du regard. Puis, il quitta le café. Je pourrais jurer qu'un sourire moqueur était apparu sur ses lèvres en passant la porte.

Un frisson parcouru mon corps. De dégoût. Et de gêne, aussi. Pour qui se prenait ce sale con hautain et mal élevé ? Je n'en revenais pas. Je secouai la tête, hallucinée. Le barista me sortit de mes pensées en me donnant ma nouvelle boisson.

Je retournai à ma place et pu siroter mon café latté tranquillement, tout en bossant sur mon ordinateur. Ce qui n'était pas chose facile puisque je n'arrêtai pas de penser à la honte que je venais de me taper devant le café bondé.

Lorsque j'eu fini, il était déjà dix heures, je n'avais pas vu le temps passer. Il fallait que je me dépêche si je ne voulais pas arriver en retard à mon premier cours.

En arrivant à la fac, je retrouvai mon amie Sofia qui m'attendait.

- On va être en retard ! S'écria-t-elle en regardant l'heure sur son téléphone. On est déjà en retard !

- Je sais, je suis désolée ! Lui dis-je alors que nous commençions à courir jusque l'amphithéâtre où avait lieu notre premier cours.

Nous avions déjà dix minutes de retard le jour de la rentrée. Cette journée s'annonçait catastrophique.

Sofia toqua à la porte avant d'y entrer. Je la suivis de près, essoufflée.

ARABELLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant