ARABELLA

CHAPITRE TRENTE-DEUX

Les doigts agiles et habillés de gants noirs de Caleb tapotaient scrupuleusement un code à six chiffres sur le boitier nous faisant face. Je relevai légèrement la lumière émise par ma lampe torche afin de lui faciliter la tâche. Lorsqu'un bip sonna et qu'une lumière verte se mit à clignoter sur l'appareil, un sentiment de soulagement me traversa, rapidement remplacé par le stress et l'adrénaline de cette mission. Le tatoué me jeta un regard rapide afin de s'assurer que je le suivais bien, tout en pénétrant dans l'enceinte de la propriété.

Nous atteignîmes rapidement l'intérieur de la maison qui n'était pas gardée par des gardes. Le propriétaire de cette maison de maître avait misé toute sa sécurité sur l'informatique : système de sécurité dernier cri, caméras et détecteurs de mouvements trônaient partout dans et autour de son domicile. Mais c'était sans compter sur Eli qui avait piraté tout le système pour nous permettre d'y entrer incognito.

Notre mission était claire : pénétrer dans cette forteresse de pierres pour récupérer des documents cruciaux pour les Blooddrops. Ou plutôt, pour celui qui les dirigeait : Gabriel.

J'étais loin d'être ravie de devoir effectuer des missions pour son compte, mais je n'avais malheureusement pas le choix, si je ne voulais pas mourir. Et même si ma vie n'était devenue qu'un foutoir sans fin, je voulais vivre. Je voulais vivre assez longtemps pour voir mon frère m'avouer, les yeux dans les yeux, qu'il avait tenté de me tuer. Je voulais vivre assez longtemps pour entendre ses explications et pour m'assurer que Caleb m'avait bien dit la vérité.

Mon cœur battait la chamade, empli de tension et de stress. Chacun de nos pas résonnait comme un écho sinistre dans le silence oppressant de la nuit. La lumière émise par nos lampes torches balayaient notre chemin, créant des ombres menaçantes qui dansaient sur les murs. Chaque seconde semblait durer une éternité, et j'étais consciente que chaque erreur pouvait nous trahir, et nous exposer à un danger potentiellement mortel.

Nous continuâmes d'avancer avec prudence, tout en faisant le moins de bruit possible. La maison était censée être vide ce soir, mais une mauvaise surprise pourrait jaillir de chaque coin de cette demeure. Je continuai de suivre habilement le brun jusqu'à une porte munie d'une poignée à code. Caleb tapa alors de nouveau un code à plusieurs chiffres, nous permettant d'accéder au bureau de l'homme suspecté d'avoir trahi le chef de gang.

Caleb avança d'un pas décidé vers un tableau représentant une femme nue posant sur un divan, suspendu au mur derrière un grand bureau en chêne. Il connaissait par cœur sa mission. Il avait appris par cœur chaque aspect de cette dernière, et chaque éventualité.

Le tatoué décrocha prudemment l'œuvre d'art, laissant apparaître un coffre-fort incrusté dans le mur. Un troisième code devait être tapé.

-Ce coffre-fort détient une sécurité supplémentaire, m'expliqua-t-il rapidement à voix basse. Toutes les quinze minutes minutes, la combinaison change.

Je l'observai sortir de son sac à dos un appareil dont je ne connaissais pas l'utilité.

-Il existe plus d'un million de combinaisons possibles, continua-t-il en installant l'appareil sur le coffre. Alors on va avoir besoin de cette petite merveille. Ça ne lui prendra que quelques minutes pour nous communiquer la bonne combinaison avant qu'elle ne soit changée à nouveau.

Je ne répondis rien, mais je l'écoutais attentivement. Caleb s'était engagé à me préparer pour le jour où je pourrais obtenir toute la vérité, et je devais l'accompagner durant les missions, alors il était en quelques sortes redevenu mon professeur et moi son élève. Je ne pus retenir un sourire à cette pensée, et Caleb me regarda en haussant un sourcil.