CHAPITRE SEPT.

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Je fixais depuis plusieurs minutes maintenant le texto que m'avait envoyé Sofia. Elle voulait que je l'accompagne faire du shopping cet après-midi. Je détestais faire les boutiques. Mais, elle, je l'aimais, alors j'avais accepté, décidée à prendre sur moi pour faire plaisir à ma meilleure amie.

Sofia était mon amie depuis l'école primaire. Elle savait tout de moi, ou presque, et je la connaissais par cœur. Elle avait été là pour moi dans mes périodes les plus lumineuses comme les plus sombres. Elle ne m'avait jamais jugée et avait simplement accepté lorsqu'il m'était arrivé de lui dire que j'avais besoin d'être seule. Après le départ de Nathan, notamment. Elle avait tout simplement accepté et attendu que je sois prête à revenir vers elle pour lui dire ce que j'avais sur le cœur. Elle était la personne la plus gentille et compréhensive que j'avais eu l'occasion de rencontrer.

Il me restait une heure avant qu'elle n'arrive me chercher. Je me dirigeai dans la salle de bain attenante à ma chambre. Je me déshabillai et me regardai un instant dans le miroir me faisant face. Je fermai rapidement les yeux, comme à chaque fois, prise de dégoût. J'avais tant changé. Je ne me reconnaissais plus. Chaque os qui saillait me rappelait ma peine et mon mal-être. Ma peau n'était pas pâle, elle était livide. On pourrait facilement croire que j'étais malade.
Je me faisais pitié.
Comment avais-je pu en arriver là ?

L'eau chaude m'aidait à me sentir mieux, du moins physiquement. Mes muscles se détendirent et mes pensées divaguèrent, petit à petit.

Deux semaines étaient passées depuis la dernière fois où M. Baker et moi avions discuté. Il s'était tenu à l'écart et ne m'avait pas adressé la parole depuis.

Je commençai à penser qu'il ne connaissait peut-être finalement pas Nathan. Et, dans ce cas, il devait me prendre pour une sacrée folle. Peut-être qu'il avait entendu parler de mon frère dans les couloirs de l'université et avait fait le rapprochement avec moi. Nathan était déjà élève à la Clyde Hill University quand il est parti, et notre famille avait bonne réputation dans toute la ville. Mes parents participaient à beaucoup de galas de charité et avaient donnés de multiples dons à mon école par le passé. Ils étaient très investis à Clyde Hill depuis aussi longtemps que je m'en souvienne.

En sortant de la douche, je démêlai mes cheveux et les séchai au sèche-cheveux, ayant peur d'attraper froid dehors. Nous étions en octobre, et les températures n'étaient jamais bien élevées par ici. J'enfilai ensuite une tenue simple mais confortable pour pouvoir suivre aisément mon amie à travers les rayons. J'en sautillai d'avance. Ironie, quand tu nous tiens.

Un jean, un pull et mes converses. Simple et efficace. Alors que j'attachai mes cheveux en une queue de cheval haute, mon téléphone se mit à vibrer, et le nom de Sofia apparût sur mon écran.

« Je suis là. »

Je pianotai un rapide « j'arrive », attrapai mon sac et descendis les marches.
Mon père était assis dans le canapé, à lire le journal, comme à son habitude.

- Je passe l'après-midi avec Sofia, lui dis-je. Il levait le nez de sa lecture et me regardait.

- D'accord. N'oublie pas que nous rentrerons tard ce soir ta mère et moi.

- Je n'ai pas oublié.

Il reporta son attention sur les actualités de Clyde Hill, qui vraisemblablement étaient plus intéressantes que moi. J'avais l'habitude. Et, en même temps, j'avais obtenu quelques secondes d'attention, et il m'avait même fait un rappel pour ce soir. Alors, de quoi je me plaignais, n'est-ce pas ?

J'entrai dans la voiture de ma meilleure amie, qui était surexcitée à l'idée de passer des heures entières au centre commercial.

- Ça fait tellement longtemps qu'on a pas fait su shopping ensemble, Arabella ! S'écriait-elle. Notre mission d'aujourd'hui est de trouver les tenues parfaites pour la fête de Sam !

ARABELLAOù les histoires vivent. Découvrez maintenant