Chapitre 4

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Baptiste

Nous sommes déjà lundi matin. C'est le moment de mon petit rendez-vous avec Méline. J'ai hâte.

J'ai refusé de la contacter pendant toute la semaine utilisant le prétexte que j'avais trop de travail. Je suis informaticien indépendant ce qui me permet d'avoir une certaine liberté pour mes loisirs. Je ne cours pas après l'argent, le plus important pour moi ce sont mes proies.

J'avoue qu'après chaque meurtre, je ne peux redevenir le petit Baptiste tout gentil et penaud que mon amie apprécie. Il me faut au moins deux jours pour redescendre et surtout pour faire disparaître le corps. Ensuite encore deux jours pour souffler et me gargariser. Ensuite je reprends petit à petit le masque que j'utilise pour me fondre au cœur de la société. C'est tout un processus qui peut paraître compliqué mais qui est mon quotidien.

J'aimerai vivre en permanence dans ma dépravation. Mais elle me retient encore. Je ne peux pas encore l'abandonner. Une fois que j'aurai passer le pas, plus rien ne me résistera et je pourrai tout brûler sur mon passage.

Je me prépare rapidement pour éviter d'être en retard. Je n'oublie pas d'arborer mon visage sympathique et empathique pour traîner avec le meilleur être humain qui existe sur cette terre. « Mon ange ».

J'arrive tout fringant à notre rendez-vous habituel. Je suis en avance comme toujours. J'ai hâte de la retrouver, mon coeur palpite comme si j'étais un jeune homme ordinaire qui attend l'amour de sa vie.

Mais pour moi ce n'est pas ça, je l'attends avec joie parce que j'ai éliminé sa source de perturbation, je me demande simplement comment elle va depuis qu'elle n'a plus ce toquard sur le dos. C'est ce qui fait palpiter mon coeur, penser aux dernières heures de ce sombre crétin. Je revois ses expressions de souffrance, finalement il a duré relativement longtemps, j'aurai pu faire mieux côté torture je le sais, pas grave, ce sera pour le prochain.

J'ai hâte surtout que j'ai déjà une nouvelle idée en tête, avec un petit refrain entêtant qui chantonne dans mon crâne. J'ai adoré les bois. Je me suis amusé comme un petit fou en enterrant les parties de son corps un peu partout. J'aimerai qu'on le retrouve morceau par morceau. Si les flics étaient aussi méticuleux que dans certains films ça se passerait ainsi. Mais hélas pour moi, je n'ai pas encore la police à mes trousses.

Ce doit être excitant de jouer avec eux pour ne pas se faire enfermer. J'espère qu'un jour j'y serai confronté... challenge supplémentaire.

J'aperçois ma muse courir, aujourd'hui elle a une robe blanche toute légère. Il faut dire que nous sommes en plein été. Ses cheveux roux longs virevoltent autour d'elle, elle a un immense sourire. Je la retrouve enfin ma déesse. J'aime la découvrir ainsi heureuse, c'est de cette manière qu'elle doit vivre. Je lui souris (je me suis entraîné devant le miroir). Je l'accueille les bras ouverts, elle me saute dans les bras, je virevolte avec elle.

– Qu'est-ce qui te rend aussi heureuse ?

Ma demande est très hypocrite bien entendu.

– Je suis heureuse c'est tout. J'ai l'impression d'être enfin libre.

– Explique moi !

Bien entendu elle ne me dira pas que son ex est mort je suis le seul à connaître cette information.

– Il n'est plus dans les parages.

– De qui me parles-tu ?

Oui, j'aime jouer les abrutis finis, avec elle. Elle souffle légèrement en levant les yeux au ciel, comme si je ne comprenais rien à ses problèmes. Si tu savais mon ange, comme je te connais par coeur.

– De Marcel, le type de la semaine dernière j'avais l'impression d'être épiée et harcelée. Depuis une semaine je n'ai plus aucune nouvelle de lui. Je me sens à nouveau libre.

Je lui prodigue à nouveau un grand sourire.

– J'en suis heureux. Je n'ai pas beaucoup apprécié ce gars lundi dernier et surtout je me suis demandé ce qu'il faisait là.

Elle acquiesce toute pétillante.

– J'avais remarqué votre petit duel. J'avoue ne pas avoir compris ce qu'il voulait réellement. J'ai bien senti ta protection et je t'en remercie. Je pense que ta réaction l'a peut-être dissuadé de revenir.

– Certainement !

Bien entendu que je l'ai éliminé de ta vie comme tous ceux qui t'ont atteinte avant lui.

– Entrons bruncher ma chère.

Je lui désigne le chemin avec une jolie révérence bien exagérée, elle passe devant moi telle une princesse de Disney, je la rattrape pour lui ouvrir la porte, une nouvelle révérence pour la faire entrer. Bien entendu elle joue le jeu. Marie rigole, elle connaît notre petit manège, moi je suis ravi de contempler à nouveau les yeux de Méline briller, ce qui me conforte dans l'action d'éliminer l'autre débile.

Je lance un clin d'œil à Marie, elle comprend qu'aujourd'hui c'est un jour de fête donc je commande le grand jeu : un méga brunch. Nous avons bien mérité ce petit moment appétissant, moi pour me féliciter d'avoir exterminé une petite merde, Méline pour être à nouveau heureuse.

Nous nous en sommes mis plein la panse. Méline s'est amusée comme une folle. La voir ainsi me procure un bien-être fou. Marie me fait un clin d'œil. Elle est convaincue que Méline et moi sommes destinés l'un pour l'autre. Si elle savait que cet amour serait une impasse pour mon amie.

Méline plante ses jolis yeux de biche dans les miens. Son vert tendre se confronte à mon noir profond sans âme.

– Que fais-tu après ? Tu ne travailles pas vu la semaine que tu as dû passer, tu répondais à peine à mes messages.

– C'est un reproche ?

Elle éclate de son rire cristallin que j'apprécie tant. J'agis de même, même si mon rire est forcé.

Hélas mes émotions ne se réveillent que dans l'horreur. Malgré que je sois auprès de Méline je ne ressens jamais pleinement ce bonheur intense qui m'enivre quand je torture. Pourtant j'aurai aimé être normal pour elle, pour l'aimer comme elle le mérite mais ça m'est de plus en plus impossible dorénavant.

Au plus nous évoluons au plus je m'éloigne d'elle, je le comprends pertinemment. C'est tant mieux pour elle. J'aimerai lui trouver la personne qui lui faudrait pour que je sois en paix.

– Bien sûr que non je ne te reprocherai jamais rien. Tu le sais très bien. J'ai juste envie de faire du shopping avec toi pour profiter de cette belle journée. Tu détestes, mais je ne veux pas être seule. Alors ?

Je ne peux rien lui refuser. Un vrai saint, aux yeux de ma meilleure amie. Un véritable démon dans la réalité.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant