Chapitre 57

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Méline,

Je ne sais pas depuis combien de jours je suis enfermée dans cette pièce qui put le moisi. Quelqu'un m'apporte normalement à manger une fois par jour, mais quatre jours que je n'ai vu personne. À part entendre des bruits de pas, de porte qui s'ouvre et qui se referme, rien d'autre. Je reste inquiète pour mon fils, pas moyen de savoir s'il est encore en vie ou enfermé, abandonné quelque part. Mon cœur saigne, j'aimerai pouvoir être avec lui. Une intuition me prédit qu'il est sain et sauf, où est-ce peut être ma propre volonté, je n'en ai aucune idée. J'ai l'impression de perdre la raison, en tout cas la notion du temps, c'est réel.

Je suis menottée à un poteau en acier, impossible de bouger mon bras sans me blesser. Les plaies me brûlent chaque jour davantage. J'ai l'impression qu'elles sont infectées, même la fièvre s'est invitée depuis deux jours. Je transpire à grosses gouttes et je grelotte de froid. On me nourrit chaque jour mais je crois finir par mourir ici d'une infection à la con. Je prie en permanence pour que l'on me sorte de là. Mon mari doit ressentir une peur panique. Je suis consciente que de son côté il agit pour nous retrouver. J'espère qu'il est sur les traces de notre fils en ce moment ou qu'il l'a déjà récupéré. Si Ethan est sauvé, tout peut m'arriver. Je somnole et suis complètement léthargique, mon geôlier ne peut s'en rendre compte vu qu'il ne vient pas s'assurer que je vais bien. Je ne suis qu'un appât.

J'ai compris que j'étais ici à cause de mon ex amitié envers Baptiste, cet ami en qui j'avais confiance et pour lequel j'avais des sentiments amoureux. Lorsque j'ai découvert son véritable visage, je fus horrifiée. Pour être franche au début, je n'y croyais pas. Nicolas avait beau me prouver par A plus B, son implication dans des crimes, mon cerveau refusait d'y croire, même s'il cachait un secret, je n'aurai jamais imaginé que ce soit des meurtres affreux de personnes que j'avais côtoyées de surcroît. Je m'en suis longuement voulue me répétant que leur destinée est devenue chaotique à force de me fréquenter. J'aurai préféré que mon ami éloigne les personnes qui me sont néfastes d'une autre manière beaucoup moins radicale. Lorsque j'ai enfin admis l'impensable je me suis écroulée jusqu'à tomber en dépression, heureusement Nicolas est resté à mes côtés, j'ai découvert grâce à lui ce qu'était la bienveillance et le véritable amour. Nous nous soutenons l'un, l'autre. L'arrivée d'Ethan m'a redonné de la force et de l'espoir dans l'être humain. Je me suis autorisée à oublier le passé ou plutôt à l'occulter complètement. Mon cerveau a agit ainsi pour que je continue à vivre heureuse et je l'en remercie.

Des pas précipités attirent mon attention. Des éclats de voix m'interpellent. Je frissonne et je grelote tellement je me sens mal. J'arrive même à me demander si ceci est bien réel. Je n'ai qu'une hâte que l'on me sorte d'ici le plus rapidement possible. Je m'accroche au peu d'espoir que j'ai de retrouver mon fils et mon mari.

- Qu'est-ce que vous avez foutu ? Vous êtes devenus complément fou ?
- Ce n'est pas de notre faute monsieur nous avons suivi les instructions qui nous ont été demandées.
- Vous savez dans quelle merde nous nous trouvons ? - - - J'espère qu'elle est encore en vie ?
- Normalement oui !
- Comment ça « Normalement » ? Conduisez moi à cette femme immédiatement ou je vous exécute sur le champs.

J'ai l'impression de délirer, est-ce que cette voix autoritaire existe réellement ou est-ce mon souhait de sortir de là pour retrouver ceux que j'aime. Surprise, la porte s'ouvre sur moi, une lumière m'aveugle et je referme immédiatement les yeux.

- Mais vous êtes dingues !
S'exprime la voix autoritaire de l'homme qui est apparu comme par magie en ces lieux. Mon sauveur enfin je l'espère même si je n'ai plus aucune illusion.

L'homme approche, soulève mon menton, dans le but de mieux m'observer. J'arrive à peine à articuler les quelques mots qui me sont vitaux :

- Où est mon fils ?
- Je l'emmène avec moi. Cette histoire cause un énorme problème avec le faucheur, vous lâchez la bête sur nous. Quand il apprendra la nouvelle, il nous exterminera tous.
- Mais monsieur....
- Stop, vous ne savez rien de toute cette affaire. Où est elle ?
J'ai l'intention de lui crier que je suis là. Mais lorsque l'autre type répond, je comprends que celui que j'ai cru être un homme lors de mon interrogatoire les premiers jours est en réalité une femme.

- Elle s'énervait de la non réaction du faucheur. Dis l'un de mes geôliers.
Le type face à moi souffle, comme si le poids du monde s'abattait sur lui.

- Quelle se rassure, il réagira et nous serons tous morts.
- Et si vous préveniez le chef ?
La peur dans la voix de mon geôlier me ferait presque sourire. Mais je dois m'exprimer.

- Mon fils ! Répétai-je
- Justement le chef et ses gardes du corps ont disparu, nous les recherchons. J'espère pour vous que ce n'est pas à cause de vos conneries.

Je tente vainement d'ouvrir les yeux pour me confronter à un regard noir vide de toute âme. Seulement je n'ai pas peur, je suis déjà au bout du rouleau.

- Ton fils va bien. Il est auprès de son père.
Soulagée, toutes les tensions de mon corps se relâchent. Je me laisse porter.

- Bordel !
J'entends un écho de voix avant de plonger dans l'obscurité qui m'accueille à bras ouverts.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant