Chapitre 9

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Baptiste

C'est la première fois que je mettais à mort une femme. J'ai adoré cette sensation je dois bien me l'avouer c'était tout autre chose. Ou bien était-ce le feu qui m'a rendu complément dingue ?

Je dois me prouver que je peux me faire plaisir à massacrer une femme sans ma muse. Il me faut libérer Méline de ma monstruosité. Je n'ai plus le temps d'attendre qu'elle se fasse agresser pour me venger. C'est trop compliqué et surtout cela permettrait à la police de remonter bien trop vite jusqu'à moi. Ils pourront facilement cibler mon amie, je m'y refuse.

Il me faut gagner cette indépendance. Méline est l'amour qui m'a permis de mettre un pied à l'étrier maintenant je dois grandir et voler de mes propres ailes. Je n'aimerai personne d'autre qu'elle, je le sais pertinemment. Mon plaisir se complaît dans la torture, je compte bien plonger dans cet océan de béatitude. Lorsque j'ai puni cette sorcière je n'ai pensé à aucun instant à Méline, c'est la première fois. Était-ce parce que c'était une femme ?

Je dois absolument obtenir des réponses à mes questions. Il faut que je me mette en chasse en étant créatif. Cette idée me plaît, j'ai envie de me branler rien qu'en y pensant, ce ressenti est nouveau pour moi. Les hurlements de cette sorcière étaient si intenses que j'en bande.

J'ai l'idée de tester quelques prostituées, c'est leur métier d'offrir du plaisir à leur client. N'est-ce pas ? J'éclate de rire seul dans ma chambre entrain de fantasmer sur cette nouvelle étape de ma dépravation. Il est vital pour moi de tuer, quel euphémisme.

Deux jours que j'ère dans les rues à la recherche de proies. Je n'arrive pas à être motivé, ce qui m'épuise. J'essaie tant que je peux de ne plus m'inspirer que de Méline, mais c'est difficile, c'est cette énergie de vengeance qui me donne autant de jouissance. J'ai épié des prostituées, même des filles normales pour constater si je ressentais une quelconque pulsion sexuelle. Mais rien à faire.

Deux jours que je néglige mon amie qui tente de me joindre par tous les moyens mais je refuse de décrocher tant que je n'ai pas terminé ma petite expérience, qui semble être un véritable échec. J'en rage d'être aussi dépendant de Méline.

Je me dépêche de rentrer. Demain nous sommes lundi, je ne peux pas annuler notre petit déjeuner sinon je la perdrai définitivement et ce n'est pas encore le moment.

Je dois chercher une excuse valable sinon elle va finir par comprendre que je lui cache quelque chose d'important. Bon d'accord elle n'est pas au courant de qui je suis mais ce n'est pas une raison pour rajouter des secrets aux non-sens dits perpétuels.

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Je me retrouve devant le salon de thé de Marie, pour la première fois, je suis en retard. Ça ne m'arrive pourtant jamais. Je me presse d'entrer pour ne plus faire patienter Méline. Je prends mon air essoufflé, coupable, avec un côté légèrement idiot. Je deviens un acteur digne de l'actor studio.

Suis-je épuisé de jouer en permanence la comédie ? Non pas du tout, surtout si c'est pour Méline.

Bien entendu ma copine est déjà installée. A en juger son regard, elle pense que je ne viendrais pas, mais je suis là. En quatrième vitesse je m'installe à ma place.

– Tu pensais sérieusement que je ne viendrai pas ?

Elle pose son regard sur moi, un mélange de colère et de tristesse. Je déteste être témoin de ce genre d'émotion.

– Que se passe-t-il ?

Je dois lui montrer de l'inquiétude même si en réalité je veux connaître si quelqu'un s'en est encore pris à elle. Ça me donnerait une nouvelle cible. Bon ce n'est pas très intelligent d'agir ainsi avec les flics qui me soupçonnent. Je suis presque souriant, je me reprends immédiatement. Je suis légèrement mal à l'aise de voir Méline me scruter en détail.

– Je n'ai pas réussi à te joindre, tu as fait le mort. Je sais que tu l'as fait exprès. Seulement je ne comprends pas pourquoi. Tu agis bizarrement en ce moment.

Je ne peux pas t'avouer le pourquoi mon ange. Hélas. Comment t'annoncer que j'ai essayé de tuer sans me servir de toi ma chère et tendre muse.

– Je sais désolé, le boulot me pose problème en ce moment. Tu me connais, je n'aime pas trop m'étendre sur le sujet, du coup je me replie sur moi même. Mais je te promets de ne pas recommencer.

Elle tente de me répondre mais se reprend aussi tôt. Puis elle ose :

– Tu as le droit d'avoir une petite copine. Si c'est le cas n'hésite pas à me le dire.

Je marque une grande pause. Pourquoi aurai-je une nana ? Elle ne se rend pas compte qu'elle est la seule et unique femme de me vie.

– Euh .... Je n'ai pas trop le temps... avec le boulot.

Je lis comme un soulagement sur son visage, son regard reprend la lumière, ses épaules se sont légèrement affaissées, j'ai même l'impression qu'elle respire mieux. Jalouse ? Non ! Elle ne peut pas, je refuse. Je dois trouver une solution à mon problème pour lui rendre sa liberté. J'ai une pique au coeur. Il n'y a qu'elle qui peut m'apporter une telle sensation.

Si j'étais normal, je trouverai génial qu'elle partage mon amour, mais ce n'est pas envisageable. Elle ne survivrait pas à ce que je suis réellement.

Elle n'acceptera jamais d'être avec un assassin diabolique doublé d'un sadique.

Je grimace, je n'aime pas ce qui est entrain de nous arriver. J'ai la sensation que nous amorçons la fin de notre relation. Ça me désole.

– N'en parlons plus. Tu as l'air épuisé, pense à te reposer quand même.

– Mmm

Notre échange est un peu froid. Je n'arrive pas à m'enlever de la tête que Méline soit jalouse qu'une autre femme puisse compter dans ma vie. J'agis comment maintenant ?

– Tu es très loin aujourd'hui ? Je ne sais si tu as des ennuis mais je peux être là pour toi. J'espère que tu en es convaincu.

Elle commence à m'agacer avec sa gentillesse, je suis tellement mal à l'aise. J'essaie de me rappeler que je voulais m'éloigner d'elle de toute façon. Alors où est le problème ? Ah oui je n'ai pas imaginé qu'elle puisse tomber amoureuse de moi. Finalement le pire est arrivé.

– Tu as raison je ne suis pas très en forme en ce moment. Promis si j'ai besoin de me confier, je t'appellerai.

– Ok.

Notre conversation coupe court ce qui ne nous est jamais arrivé depuis que nous nous connaissons. C'est troublant. Serai-je capable de vivre sans elle ?

Un bruit de bagarre attire mon attention à l'extérieur du salon de thé. Ça n'arrive jamais, ce quartier est toujours calme c'est pour cette raison que je traîne mes guêtres ici.

Marie sort en trombe, je l'entends hurler sur un gars d'une trentaine d'année qui passe à tabac un gamin qui n'a pas plus de dix-huit ans. Je me lève de ma chaise.

– Où vas-tu ? S'inquiète Méline.

– Marie a peut-être être besoin d'aide, regarde à l'extérieur.

– Je vois mais tu n'es pas le meilleur bagarreur.

Si tu savais...

– Ne t'inquiète pas. Je surveille juste afin d'aider ce pauvre gosse.

Je ne suis pas le seul à sortir pour venir au secours de Marie, qui hurle sur le gars de trente ans pour qu'il lâche son fils. Quel enfoiré, qu'a pu faire son gamin pour mériter cette violence gratuite.

– Il me doit de l'argent.

– C'est faux ! Hurle le jeune.

Marie et moi arrivons à dégager l'ado qui est bien amoché. Un gars, sorti en même temps a prévenu la police. D'autres personnes retiennent le type qui tente de fuir. Méline quand à elle est encore à l'intérieur, elle déteste ce genre d'agitation qui l'angoisse depuis des années. Je lui souris pour la rassurer. Ce qui fonctionne.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant