Chapitre 18

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Baptiste

Je suis en rage, je fulmine croit-elle réussir à ce que j'avoue mes agissements ? Devrais-je l'emmener avec moi pour la mettre devant le fait accompli, aux premières loges pour assister à une séance de torture maison qui aboutira à la mort d'un être idiot sans défense. Lui révéler les crises de démence quand je suis à poil recouvert de sang entrain de prendre mon pied.

Devrai-je lui dévoiler ma folie une fois pour toute ?

Saurai-je l'abandonner ainsi ? Je n'en sais rien. Ça me ronge. Ça me tue. Je suis un monstre et elle, un ange. Elle ne peut entrer dans mon monde.

J'ai appris à tuer sans elle, je me suis libéré et il est temps de la libérer, de toute façon bientôt les flics viendront lui révéler ce qu'ils soupçonnent. Elle connaîtra bientôt la vérité. Elle sera anéantie mais ce sera mieux pour elle. Méline pourra enfin tourner la page de notre histoire. Ça mettra du temps mais elle y arrivera. Elle est bien plus forte qu'elle ne le croit. C'est ce qui me rassure.

– Merde Baptiste, je te parle, je veux plus d'explications. Je veux te comprendre. Arrête de me protéger, je suis à bout là tout de suite.

Je ne sais plus si je suis en colère, exaspéré ou démuni. J'ai seulement la nette sensation que je repousse l'inévitable, mais malgré tout je veux encore la préserver du monstre que je suis et qui lui sera bientôt confirmé.

– Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans tout ce que je viens de te narrer ? Tu veux être ma prisonnière ? C'est l'avenir que tu souhaites ? Dis moi Méline.

Elle sanglote de plus en plus, jusqu'à pousser un cri de désespoir qui me fend le coeur. Je hais la rendre dans cet état. J'ai tué tous les gens qui la faisaient pleurer et aujourd'hui c'est moi son bourreau. Je devrais songer à me torturer ça marcherait peut-être.

– Mais.. Ça changerait quoi à notre relation actuelle d'être en couple ? De s'autoriser à s'aimer. Nous vivons ainsi depuis des années. Tu as toujours été gentil avec moi. Pourquoi voudrais tu me faire prisonnière, tu dis ça pour que j'abandonne tout espoir ?

– STOP !

J'hurle. Je n'en peux plus qu'elle soit autant sourde à ce que je lui confie. Je vais éclater, c'est décidé, je montre ma réalité autant qu'elle sache après tout.

Je la regarde froidement, je déteste ce qu'elle me pousse à révéler. Je vais me haïr encore plus après, mais elle pourra reprendre le cours de sa  vie. Elle pourra m'oublier et moi fuir avant que la police me rattrape. J'aime m'amuser avec eux mais ils approchent de plus en plus. Ils commencent à faire le lien entre les victimes et Méline. Bien entendu le seul à être toujours à ses côtés c'est moi. Je suis quasiment toujours le dernier à avoir vu la victime ce qui est un véritable indice. L'avantage que j'ai par rapport aux flics c'est qu'ils ont une procédure qui les retient. Tout doit être exécuté dans les règles, alors que moi je suis libre d'agir comme je le veux. Le combat n'est pas équitable. Ils partent désavantagés dès le début.

Je ne minimise pas leur intelligence bien au contraire. Mais même si les flics me soupçonnent, ils doivent trouver des preuves et ça c'est compliqué.  J'en suis ravi. J'adore ce jeu. Mais là face au désespoir de Méline je n'ai plus le choix. D'un ton rageur je la secoue une fois de plus.

– Tu veux savoir, alors tu vas savoir. Je te préviens tout de suite, ce sera pire qu'un simple choc. Tu seras terrassée et anéantie par ce que tu découvriras de moi. Tu ne pourras plus jamais retourner en arrière. Tu auras la peur de ta vie. Tu me haïras jusqu'à la fin des temps. Tu te maudiras d'avoir traîné aussi longtemps avec moi sans t'être rendue compte du monstre que je suis. Tu te demanderas également si tu aurais pu sauver toutes ces victimes. Ça va te hanter mais tu me forces. Souviens t'en. C'est toi qui a insisté pour encaisser ce que tu vas vivre alors assume.

Elle continue de pleurer. Je m'en veux d'être aussi dur avec elle mais ai-je le choix ?

J'ose tenter de lui saisir le poignet mais elle recule. C'est la première fois qu'elle agit ainsi aurait-elle enfin compris que je ne suis pas son Baptiste celui qu'elle aime.

Je la questionne du regard :

– Pour la première fois tu me fais peur.

Ose t'elle me dire avec une voix faible. D'instinct je m'éloigne également d'elle. Nous nous observons.

– C'est la première fois que je te vois vraiment.

Je penche la tête pour essayer de mieux cerner ses paroles. Mes proies avouent souvent ne pas me reconnaître lorsque je suis en mode psychopathe. Aurait-elle entraperçu le monstre qui sommeille en moi ? Même si j'aimerai au plus profond de moi que ce soit non.

– Ton regard. Il... il est différent.

Elle peine à trouver ses mots.

– Tout à l'heure tes yeux, j'ai cru que tu voulais  voler mon âme. Maintenant il devient vide, glacial, inhumain, quasiment monstrueux. Qui es-tu ?

Les larmes continuent d'affluer sur ses magnifiques joues.

– Je ne veux pas que tu me montres ton véritable visage. J'ai trop peur.

Elle secoue la tête comme pour chasser de mauvaises images.

– Je suis une lâche et une égoïste. Je veux continuer à l'être. C'est peut-être les raisons pour lesquelles je me suis accrochée à toi durant toutes ces années. Je sais que tu n'as pas de vie en-dehors de moi, je veux parler de ta vie sexuelle et sentimentale. Égoïstement je refusais que tu puisses vivre quoi que ce soit sans moi, comme si tu m'appartenais.

Elle ferme les yeux, en essuyant ses larmes avec la main. Elle déglutit péniblement. Elle rouvre les yeux en fixant le sol comme si elle cherchait une force invisible qui l'aiderait à me faire face.

– Tu m'échappes depuis plusieurs mois maintenant. Cela me rend dingue, c'est peut être pour cette raison que je suis tant désespérée. Je me rends compte que je ne te suis plus utile.

Elle l'a senti. Merde. Je ne m'attendais pas à ce genre de révélation. Je pensais être le seul à tout comprendre des réactions de l'autre. Mais elle a aussi réussi à ressentir cette partie de moi, celle que je lui cache désespérément depuis tant d'années.

Bien entendu qu'elle me perd, je ne veux plus tuer sous son inspiration. Je me devais de la libérer pour qu'elle vive normalement. Je l'aime tellement mais pas comme elle l'entend. Elle me suscite des sensations qui m'ont apaisé et qui m'ont aidé à conserver l'équilibre de ma folie. Sauf qu'aujourd'hui nous devons mettre fin à ce « nous », cette amitié j'y renonce pour elle, pour moi.

– ce n'est pas que tu ne m'es plus utile. Mais... il me fallait casser ce « nous ».

Elle relève ses yeux magnifiques vers moi. Elle est tellement belle quand elle souffre « merde non, je ne peux pas, le monstre ne doit pas la toucher, jamais. » Elle va me répondre mais je m'y refuse.

– Si tu m'aimes comme tu le dis. Rends moi le plus grand des services. Pars maintenant et oublie moi. Sinon tu pourrais souffrir.

Elle passe ses mains autour de la tête et hurle. Je me maudis intérieurement d'aimer cette situation. Je franchis un cap, je vais en vouloir plus d'elle, plus de ses souffrances. Je ne peux pas. Pas elle. Le mode psychopathe est enclenché. Je me refuse de prendre du plaisir à la voir ainsi. Je ferme les yeux, je sers les poings. Je suis tendu. Je me retiens tant que je le peux. Mais le monstre en moi va réclamer son dû si nous continuons.

– Pars maintenant.

Je sens qu'elle bouge. Enfin ! Je peux ressentir sa peur, qui est différente, l'odeur qu'elle dégage à ce moment précis, me rend dingue. Bon sang. Non ! Pas elle ! Je lutte entre mon côté rationnel et monstrueux. Ça me déchire. J'ai mal. Comment puis-je penser à la torturer après tout ce qu'elle représente pour moi. Mon ange. Je ne peux y goûter de cette façon. Elle doit partir loin, très loin de moi. Quand je réussis enfin à apaiser ce qui se joue en moi, elle est partie. Je suis soulagé. Sauf que je dois me mettre en chasse maintenant !

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant