Faux semblants

Chapitre 41

David

Bertrand bien agité d'habitude passe pour un gars qui conserve son sang froid au commissariat. Mais là, il ne cache pas sa nervosité, son excitation... sans omettre ses révélations, comment pouvait-il avoir toutes ces informations alors que Nicolas et moi n'en avons parlé à qui que ce soit.

Je n'aime pas du tout sa façon de s'en prendre à la protégée de Nicolas. Même si je sais que ça n'est pas très réglementaire de mélanger le personnel et le professionnel. David est amoureux de cette femme mais je le connais suffisamment pour être certain qu'il n'échange pas sur l'affaire afin d'éviter toute implication.

Je ne connais pas les intentions de Bertrand mais ça ne me plaît pas. Nous laisser sur les lieux du crime, ne me dit rien qui vaille. Est-il entrain de prévenir quelqu'un ? De quoi a-t-il peur ? J'espère que Méline n'est pas à nouveau ciblée ?

En échangeant des regards explicites avec Nicolas je remarque qu'il pense comme moi. Toute cette histoire n'est pas normale. Si ce fameux Baptiste est impliqué, c'est qu'il nous envoie un message.

Je regarde mon collègue :

– Tu penses que c'est une sorte d'avertissement ?

Avant de me répondre, Nicolas regarde autour de nous pour bien vérifier que nous sommes seuls.

– Ouaip. Connaissant l'autre dingue, s'il agit ainsi c'est qu'il y a un lien entre Bertrand et cette affaire qui tourne autour de Méline. Je pense qu'il tente de nous avertir. J'avoue que j'ai des difficultés à encaisser.

– Je te comprends. Vu l'agitation de Bertrand, une chose cloche.

– Je suis d'accord. J'espère simplement qu'il ne trempe pas dans ce genre de magouille. Mais bon, je dois être vigilant.

– Effectivement. Je pense que Bertrand vient d'être ciblé.

Nicolas est d'accord avec moi. Je le sens inquiet. Il se pose pas mal de questions.

– Méline est en sécurité chez toi.

Nico souffle :

– J'espère.

Ce seul mot transpire l'angoisse.

– Les collègues arrivent, je pense que nous avons fait le tour. En attendant les expertises nous devrions rendre visite à Méline. Qu'en dis tu ?

– Excellente idée. Surtout que je ne vois plus Bertrand. Je ne sais pas ce qu'il fout mais j'ai un mauvais pressentiment.

Effectivement la voiture de notre collègue n'est plus dans le parking, d'où son absence. Ça ne sent pas bon du tout.

Je secoue Nicolas :

– Allons chez toi maintenant.

Nous partons tous les deux très rapidement. Nicolas conduit, il connaît mieux la route que moi, je récupérerai ma caisse plus tard.

Nico est agité, je dois l'aider à se canaliser.

– Ne t'inquiète pas quoi qu'il se passe, nous la retrouverons et je pense que l'autre type la protègera également. Il est combatif et peut être dangereux, Bertrand ne sera pas de taille.

– C'est ce dont je me persuade. J'espère sincèrement que Méline ne se retrouvera pas au milieu. C'est tout ce que j'espère. Mais...

– Ne t'inquiète pas ça va aller.

J'essaie comme je peux de le rassurer. Je réfléchis à l'implication de Bertrand dans cette affaire.

Le téléphone de Nico se met à sonner. Je distingue l'identité de la personne qui appelle « psychopathe ».Nous allons bientôt obtenir des nouvelles de Bertrand et de Méline.

Nicolas me demande de décrocher en mettant le haut parleur.

– Oui

– Oh, j'entends que ça raisonne qui est avec toi ?

– Tu n'as pas quelque chose de plus urgent à me dire. Où est Méline ?

– Elle va bien, je devais juste te préciser qu'elle n'a rien. Je m'occupe de votre collègue.

Nous entendons des mouvements sourds derrière, comme si quelqu'un se débattait. Pas de cri, mais des petits gémissements.

– Bon les gars, je la fais courte. Votre collègue a balancé Méline à l'équipe de Phœnix. Il voulait se la mettre en ligne de mire, pour me forcer à me débarrasser de ce qui l'embêtait pour travailler pour la concurrence de la bande de Phœnix. Je vous propose juste un petit résumé. Son implication est bien pire que prévu, c'est votre job les gars. Au fait comment s'appelle le collègue qui t'accompagne Nicolas.

– David.

Je réponds moi même.

– Je t'aime bien. Nous allons bien nous marrer les gars.

Je lève les yeux au ciel.

– Je vous demande de foncer chez toi le flic, Méline est un peu secouée. Je te le dis pour la dernière fois prends soin d'elle.

– Tu devais disparaître !

Il rigole, ce mec est taré, il ne simule pas, c'est évident.

– Je nettoie derrière moi. Je vous ai laissé du boulot les gars. Il va vous falloir un peu de temps pour les découvrir tous. Je vous souhaite une bonne chasse au trésor.

– Non mais tu es complètement dingue !

Nicolas perd patience.

– Oui nous le savons tous. Prouvez moi que vous êtes à la hauteur de ce que j'imagine de vous. Je m'ennuie tout seul. J'ai hâte d'avoir de vos nouvelles même si je serai absent pendant un temps. Bon je file. Dites au revoir à Bertrand.

– Baptiste arrête de jouer au con. Rends toi.

Baptiste explose de rire et raccroche.

– Le fumier.

Nicolas râle, je le comprends. Cette situation est frustrante. Il est pressé de retrouver Méline. Ce que je comprends.

– Ce gars est complètement ravagé.

Nico s'agace.

– Il est surtout foutrement intelligent, nous ne pouvons pas encore le coincer, pour lui c'est un jeu. Il m'énerve sérieusement. Il joue avec nous, je déteste ça. Je suis certain que nous allons retrouver plusieurs cadavres. Je n'ai jamais eu à faire à un gars comme ça.

– Je suis d'accord avec toi.

– Le truc qui m'énerve le plus est que je n'ai rien pour le confronter. En interrogatoire il ne dira rien, aucun témoin, aucune preuve, c'est la première fois où il se dévoile dans la discussion.