Faux semblants

Chapitre 30

David

Je fus appelé pour une série de meurtres dans le quartier sud à côté du commissariat. Un soi-disant règlement de compte.

Une fois sur place j'ai su que ça n'était pas un litige entre rivaux.

Un loup solitaire avait accompli le travail pour une raison bien précise, mais il était encore trop tôt pour que je comprenne laquelle.

Les rumeurs que j'avais entendus dans le secteur rival, était que la fille de phœnix avait disparu lors d'une soirée. Phoenix a une cinquantaine d'années, il règne en maître dans le lieu depuis pas mal d'années, il montait tout un réseau de trafics en tout genre. Sa manière d'agir pour se séparer d'un traître est torture et assassinat.

D'après ce qui se dit, il a voulu se venger, il souhaitait mettre à feu et à sang la ville pour retrouver sa fille. L'un de ses hommes avait repéré le type susceptible de l'avoir kidnappée.

Même si c'est une rumeur. Je le note dans un coin de ma tête. Je n'en connais pas la raison mais je comprends que cet élément est important. Surtout quand je découvre qu'en plus des cadavres retrouvés, phœnix a également disparu ainsi que d'autres hommes. Or ce mec ne quitte jamais son quartier. Là aussi ça ne tourne pas rond.

Cette histoire paraît tirée par les cheveux, comme mon instinct me le dicte.  je travaille malgré tout sur les contenus des dossiers que nous étudions avec Nicolas. Et si ? ... Je ne sais pas pourquoi cette idée m'effleure l'esprit. Mais... il y a un lien.

Sans tarder j'appelle Nicolas qui décroche immédiatement. Lui comme moi sommes obsédés par cette affaire de « tueur en série »

– Nico ? Je ne te dérange pas.

– Non pas du tout. Je suis au commissariat, j'ai su que tu étais sur un règlement de compte.

– Mwouais, tu pourrais venir me rejoindre s'il te plaît. C'est effectivement un règlement de compte mais pas entre quartiers. Je voudrais  ton avis, étrangement je songe à ton type.

– Ok, j'arrive tout de suite.

Je raccroche. Je fouine un peu autour de moi, en prêtant l'oreille aux ragots. Les gars d'ici n'aiment pas nous avoir trop longtemps dans leurs pattes. Les rumeurs dans ces banlieues sont importantes. Parfois elles sont là pour nous embrouiller mais à force nous arrivons à discerner le vrai du faux.

Tout ce que j'en retire c'est que c'est la merde dans leurs camps. Je ne m'inquiète pas trop pour eux, d'ici demain Phœnix sera remplacé par un nouveau chef. Quand tu coupes une tête de malfrat dans ce genre de quartier, deux autres repoussent. A première vue, j'ai raison ça ne ressemble pas à une guerre de territoires.

Je reste malgré tout prudent. Un tel carnage peut entraîner des vendettas violentes. Nous avons tout intérêt à travailler rapidement sur ces délits criminels pour apaiser les tensions.

Les médias sont déjà présents à s'y jeter comme des vautours. Ce n'est pas bon du tout. Une fois que la presse s'en mêle, s'en suit l'opinion publique qui donne son avis et ralentit l'enquête sans parler des fuites sur nos avancées.

Nicolas me rejoint, il est agité, ces énigmes l'obsèdent autant que moi, seulement lui n'en dort plus. Je le retrouve de plus en plus choqué par cette affaire qui l'affecte beaucoup trop. J'aime bien bosser avec ce gars, un gros dur alors qu'en réalité c'est une véritable crème, même si je ne m'aventurerai pas à le « chercher ».

Sans un mot, nous nous rendons sur la scène du crime que je lui laisse découvrir. Il s'imprègne de ce qu'il voit sans s'interroger sur ce je pense... comme lui ou non. J'ai hâte d'obtenir le compte rendu du médecin légiste. Je suis convaincu que cette scène a été créée de toute pièce. Est-ce un avertissement ? Où est-ce un message pour la police ?

Si c'est le type que nous soupçonnons. Comment a t'il pu agir sans que personne ne le remarque ?  C'est une histoire de fou. Un étranger dans ce quartier est vite repéré. Il doit être hyper intelligent. Nicolas me répète souvent que pour le coincer ce sera très difficile parce qu'il est très méticuleux. Ce qui veut dire qu'il veut le contrôle en permanence.

Si ce tas de cadavres nous est adressé, c'est que ce tueur se lance dans un jeu de piste avec nous. Ce ne sera pas simple. C'est la première fois que je suis confronté à une telle affaire. Rencontrer un tel criminel en série est exceptionnel dans une carrière.

Je n'oublie pas la disparition de Phœnix qui  bouleverse tout le quartier. Aucune trace du chef, s'il est entre les mains de celui que nous soupçonnons, il est peut-être déjà mort.

Nicolas me sort de mes réflexions :

– Tu as raison, ça n'est pas un règlement de compte entre bandes rivales. C'est un gars seul qui a effectué le boulot, c'est propre et discret. La scène de crime a été mise en place pour nous apparemment. J'ai l'impression qu'il a agi dans l'urgence. Ce qui pourrait me faire douter est que nous retrouvons les cadavres sans qu'ils soient dépecés. Mais... il veut jouer avec nous. Pourrait-on découvrir s'ils sont impliqués dans le cambriolage de Méline ?

– Tu penses qu'il y a un rapport ?

– Franchement, ça se pourrait, si ces individus s'en sont pris à elle alors oui il serait capable d'un tel carnage, j'en suis certain. Mais je n'ai aucune preuve. Après l'agression de Méline, j'ai songé à le confronter pour analyser sa réaction mais j'ai craint qu'il tue tout le monde. N'évinçons pas les autres pistes sait-on jamais. Sincèrement personne ne nous croira. Gardons cette information pour nous. Je vais convoquer le psychopathe, lui parler.

– Est-ce une bonne idée ? peut être dangereux ? Tu ne sais pas si ce mec est fiable ou non !

– Il ne me fera rien, j'en suis certain. Mais je tâte le terrain.

– Ok, préviens moi si tu veux que j'assure tes arrières.

– Merci David. Je n'y manquerai pas.

J'observe Nico s'éloigner. Je réfléchis à ce qu'il vient de me raconter. Si la presse tombe sur ces détails, la population va s'affoler...