Chapitre 46

8 1 4
                                    

Nicolas

Deux années sans nouvelle de Baptiste, il a complètement disparu. Je devrai être soulagé mais ce n'est pas le cas. Savoir qu'un tel psychopathe soit en vie quelque part veut dire nouvelles victimes et cela ne me rassure pas.

Nous avons retrouvé de nombreux cadavres. Une équipe spéciale pour cette enquête est mise en place et avec David nous en faisons parti. Au plus nous évoluons sur les traces de Baptiste au plus nous réalisons le niveau de dangerosité de ce meurtrier. Comme nous le pensions il a commis son premier meurtre à l'adolescence et bien entendu tout tourne autour de Méline, devenue ma femme et la maman de notre petit garçon, Ethan, âgé de six mois. Nous sommes heureux même si parfois Méline songe au passé. Je lui ai volontairement caché des informations, nul besoin qu'elle se morfonde. Méline consulte une psychologue pour sortir de ses cauchemars mais également pour reprendre confiance en elle.

Côtoyer autant d'années un psychopathe laisse des traces. Ce que j'ai compris de l'attitude de Baptiste est simple, il a découvert grâce à Méline qu'il était capable de se complaire à tuer. Si j'avoue à Méline ce côté obscur qui lui a échappé, elle ne s'en remettrait pas, hors de question qu'elle souffre davantage

Le passage de Baptiste dans sa vie a laissé des traces, au moindre bruit Méline sursaute et je tente comme je peux de l'apaiser.

Personnellement je suis lassé de mon métier, je ne souhaite plus croiser autant d'horreurs, j'hésite à demander ma mutation pour être utile différemment. Je résiste pour David qui est bien plus impliqué que moi dans cette enquête, il suspecte que Baptiste se soit rapproché de Pablo. Je ne sais pas pourquoi David ne porte pas ce truand dans son cœur. J'aimerai qu'il m'en dise plus mais il refuse. Alors je reste à ses côtés pour le soutenir. Mon collègue n'est pas n'importe qui, il a une excellente intuition, et il faut l'écouter. C'est ce que j'ai appris avec le temps. J'ai pleinement confiance en mon ami.

Je respecte son mutisme, je reste malgré tout vigilant car cette histoire nous mine chaque jour un peu plus. Nous réussissons à ne pas ébruiter cette affaire de meurtres en série, la presse n'est toujours pas au courant, et nous travaillons de ce fait sans pression. Je n'ai pas hâte que tout explose sur la place publique. J'aimerai ne plus être policier à ce moment là et partir loin avec ma femme et notre fils.

Perdu dans mes pensées, je ne prête aucune attention à ce qui se passe autour de moi.

David claque sur mon bureau des dossiers qui me ramènent instantanément à l'instant présent.

- Que se passe-t-il ?

David regarde par la fenêtre essayant de se canaliser.

- L'enquête ne nous appartient plus, c'est Interpol qui récupère l'affaire.

Pour être honnête ça m'arrange. Je n'en peux plus de patauger dans ce merdier. Je dois viser d'autres horizons.

- Tu ne dis rien ? M'interroge t'il.

- Non ! Que veux-tu que nous fassions. Nous récupérons ce qu'a semé Baptiste. Il s'est barré depuis longtemps, nous ne l'arrêterons jamais et tu le sais tout aussi bien que moi.

- Ce n'est pas le problème. Grogne David. L'affaire de Baptiste rejoint celle de Pablo, mais lui, je veux le serrer.

- Le serrer ou le faire payer. Je pressens une vendetta que je ne comprends pas vu que tu ne m'expliques rien.

- C'est compliqué.

- J'ai saisi, je ne suis pas stupide à ce point.

- David finit par s'installer sur son fauteuil face à moi. Il joue avec un briquet afin de se calmer et ne pas exploser. Désolé. Finit-il par ajouter.

- Le jour où tu voudras te livrer, je serai là, sache le. Je ne peux te forcer mais il serait judicieux de tout me balancer avant que cette histoire te dépasse.

La jambe de Baptiste tremble, sa nervosité est bien trop apparente.

- Ça me tue, nous avons retrouvé les corps qu'avait semé ce putain de tueur et maintenant tout nous échappe. J'ai l'impression de bosser pour rien.

Je le comprends. Nous nous acharnons à mettre en prison des types qui finissent par ressortir très rapidement. Alors à quoi bon continuer et risquer sa vie !

- Nous vidons la mer avec une cuillère à café, nous ne servons à rien, nous sommes des guignols et je n'en peux plus. Voir la noirceur du monde me dégoûte, je souhaite autre chose. Je veux profiter de ma femme et de mon fils.

- Je te comprends. Si j'étais dans ton cas. Je pense que je jetterai l'éponge.

- Pourquoi souhaites-tu continuer ?

- Pour retrouver quelqu'un que Pablo cache.

J'observe mon collègue et son regard se voile.

- Une femme ?

- Oui une femme, mais ce n'est pas le plus important. Bref. L'enquête nous échappe. Nous devrions poser des congés pour souffler un peu. Qu'en penses-tu ?

- Tu as raison ! Il est temps de soufler
et d'arrêter de penser à ces types.

Je regarde l'heure, quasiment dix-huit heures trente.

- David ! C'est l'heure de rentrer à la maison.

Je quitte le commissariat heureux de terminer enfin cette journée. Hâte de retrouver ma famille, de les serrer dans mes bras et ne plus cogiter. Ces tueries m'empêchent de plus en plus de dormir. Méline me supplie depuis plusieurs mois de consulter un psy comme elle, mais je refuse. Hors de question de parler de cette affaire à qui que ce soit.

Je me gare sur le parking privé face à l'immeuble, je lève le regard vers mon appartement comme toujours. Un petit réflexe, lorsqu'une ombre qui ne ressemble absolument pas à Méline passe. Pris d'une soudaine angoisse, je me précipite dans les escaliers jusqu'au troisième étage. Je n'ai pas d'arme sur moi. Fait chier. Je regrette de la déposer chaque fin de journée à l'armurerie.

Lorsque j'arrive devant la porte de l'appartement, elle est grande ouverte, j'entre avec précaution, il n'y a personne, l'ombre aperçue plus tôt a disparu.

L'appartement est sans dessus, dessous, il y eut une bagarre. J'imagine ma femme lutter, mon cœur éclate hors de ma poitrine. J'oublie mes réflexes de flic, j'appelle Méline et Ethan. Personne ne répond. Je me précipite dans la chambre de notre fils, personne. Le lit est retourné.. Je saisis mon iPhone, appelle David à la rescousse ainsi que tous les collègues.

Ma femme et mon fils ont disparu. Je manque d'air, je suis sur le point de m'effondrer, pas eux. Baptiste ! Voilà le nom qui me vient à l'esprit, Lui seul peut m'aider à les retrouver et si l'ombre de tout à l'heure était lui ? Les idées les plus folles me traversent la tête. Je fais abstraction des traces de sang au sol et plonge dans un cauchemar...

———.  Fin de la première partie —————

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant