Chapitre 11

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L'inconnu

L'inconnu...

Je me sens cotonneux, J'ai la sensation de ne plus me souvenir. Ma tête me fait mal comme si je me réveillais d'une gueule de bois abominable.

Seulement qu'ai-je fait hier soir ? Je ne m'en souviens plus.

Je secoue lentement la tête mais je souffre trop, j'essaie tant bien que mal d'ouvrir les yeux mais je vois flou. Je n'arrive pas à bouger mes bras qui sont dans le dos, ligotés. C'est quoi cette connerie ? Je constate, au plus je reprends conscience, que je suis assis sur une chaise, mes pieds sont également attachés. Mais où suis-je ? Je commence à m'agiter dans tous les sens. Ma vue s'éclaircit enfin, je découvre une pièce sordide avec des bâches en plastique partout. C'est du délire, je dois rêver.

Je m'agite comme un fou, la terreur gagne mes nerfs, j'ai envie de crier mais le son ne sort pas. Je n'ose comprendre, mais un cinglé m'a kidnappé ça ne peut pas être autre chose. Mais pourquoi ? Qu'ai-je fait ?

Je songe immédiatement au gamin de l'autre jour. Si c'est lui je n'ai rien à craindre, il est incapable de se venger efficacement de qui que ce soit. J'ai même envie de me marrer en pensant à ce morveux tout juste sorti des jupes de sa précieuse maman. Je suis rassuré, je vais m'en sortir. Il suffit de le manipuler et le tour sera joué.

J'arrête de bouger dans tous les sens, je reprends enfin mon calme. De plus je dois réfléchir, remonter les souvenirs de la veille ou de tout à l'heure. Je n'ai aucune notion du temps, est-ce la nuit ou la journée ? Si ça tombe je suis là depuis plusieurs jours sans m'en rendre compte.

J'espère que je ne me trompe pas et que c'est réellement ce petit merdeux qui me joue un sale tour. J'entends quelqu'un se racler la gorge derrière moi. Je vais bientôt découvrir à qui j'ai à faire. Je n'arrive pas à me retourner vu que je suis cloué sur une chaise, j'essaie de tourner la tête mais j'ai super mal aux cervicales.

Comment suis-je arrivé ici ?

Le gars derrière me contourne, il est grand, un corps athlétique, il n'a pas le visage couvert mais je ne peux pas encore apercevoir son visage. D'ailleurs s'il est à visage découvert ce n'est pas bon signe. La vue du mec installé quasiment en face de moi avec un regard de dément ne ressemble en rien au gamin que j'ai emmerdé. Je peux dire que je suis dans la muise.

Il s'est installé tranquillement sur la chaise, allume une cigarette et me scrute d'un regard mauvais avec une touche de perversité. La trouille s'empare de moi comme jamais. Je ne le sens pas du tout. Il sort de sa poche un immense poignard. Mon coeur accélère d'un coup, mon sang pulse dans mes tempes, j'ai des difficultés à garder les idées claires. Je tente de réfléchir à ma position. Que puis-je entreprendre pour me sortir de ce merdier. Je n'ai pas les nerfs suffisamment solides pour que ce mec me fasse la peau. Je dois le supplier pour que je puisse rester en vie. Heureusement j'ai de l'argent. Avec ma détermination légendaire, je réfrène ma peur :

– Pour qui travailles-tu ?  Je peux te payer deux fois,  voir trois fois ton prix. Tu peux m'annoncer la couleur...  afin de me libérer.

L'homme en face de moi éclate franchement de rire, ce qui me donne la chair de poule. De plus en plus effrayé, Je tire sur mes poignets, j'essaie de secouer mes pieds mais rien,  je suis fermement attaché.

– Le double voir même le triple du prix ?

Sa question me rassure. Tout le monde veut du fric, le monde ne fonctionne que comme ça. Possède de l'argent ça te sauvera la vie à chaque fois. Tout le monde a un prix. Je me détends, j'entrevois une nouvelle porte de sortie. Je ne lâche pas du regard l'homme en face de moi, il est terrifiant. Son ton n'a rien d'agréable, sa voix est glaciale et tranchante.

Il ne rigole pas. Je ne connais pas son identité, mais peut-être un membre de la mafia ou un truc dans le genre. Je ne m'y connais pas trop.

Habituellement c'est moi le méchant. J'avoue que celui-ci est bien plus effrayant. J'ai malgré tout la sensation d'avoir déjà croisé sa route mais je ne me souviens plus quand, ni où.

– Je te laisse me donner ton prix. Je peux payer cash rassure toi.

Je suis sûr qu'il va accepter ma proposition c'est bien trop tentant. Ce genre de gars a toujours besoin d'argent pour des sales coups. Je suis convaincu qu'il est un homme de main.

– Qui t'a demandé de me kidnapper ?

Il sourit, penche la tête sur le côté pour m'observer. Il cherche à percevoir si je l'entube ou non ?

– Tu paieras pour cette info en plus ?

Ah je le savais. J'ai envie de crier victoire mais je me tais. En tout cas je suis bien plus détendu que tout à l'heure. Je vais bientôt sortir de là. Par contre je me promets de trouver celui qui m'en veut ainsi.

– Oui, bien entendu. Peut-être que je te paierai également pour assassiner celui qui t'envoie.

Il hoche la tête comme pour acquiescer, enfin je crois. Son expression est moins dur, mais je ne me sens pas pour autant complètement rassuré. Je me méfie de ce genre de type.

– Je vois.

Il se lève, éteint sa cigarette dans un gobelet qui lui sert de cendrier. Ensuite sort de la pièce dans laquelle nous sommes. Je ne comprends pas bien. Réfléchit-il encore à ma proposition ?

Il se déchausse, je comprends de moins en moins ses gestes. Il pause son poignard sur la table à côté de lui. Il détache la ceinture de son pantalon.

– Que fais-tu ?

Non mais il se fout de ma gueule ? Il continue son manège, retire son sweat-shirt noir, son pantalon, son boxer.

– Tu plaisante ou quoi ?

Il me sourit comme un dément, son visage se transforme à m'en faire frissonner. Ses yeux sont encore plus noirs que tout à l'heure, vides d'expression. Je n'ai jamais vu un regard aussi terrifiant de toute ma vie. Je constate qu'il bande. C'est un détraqué. Je panique, je transpire à grosses gouttes. Je crie des tas de grossièretés pour vider mon sac, j'essaie tant bien que mal de tenir le coup. Parce que si ce mec veut me tuer, je suis dans la merde et je suis certain qu'il va me torturer.

Je suis terrorisé.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant