Chapitre 22

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Nicolas

A peine sorti de chez ce type, je suis enfin mieux. Comme si j'avais été privé d'oxygène en sa présence. Il me glace le sang malgré son côté faussement joyeux et sympa. Je n'ai jamais ressenti ça en présence de qui que ce soit.9

Je me souviens de notre première rencontre à la disparition de Décan. J'ai trouvé ce type un peu décalé, j'avais une drôle de sensation mais aujourd'hui, je me rends compte qu'il est beaucoup plus dangereux qu'il n'y parait. Ce qui m'inquiète d'autant plus pour ma jolie rouquine. Pourrait-il lui être nocif ? Je n'arrive pas à être serein.

Mon collègue n'a pas prononcé un mot depuis que nous avons quitté l'appartement de Caron. Mais j'ai la sensation qu'il a capté la même chose que moi. Ce mec est impliqué dans la mort de Décan et de sa fiancée j'en suis certain maintenant. Tandis que je suis plongé dans mes réflexions, Bertrand sort de son mutisme :

– Tu penses comme moi ?

– Que ce mec n'est pas ce qu'il parait être ?

– Ouaip ! La dernière fois je n'avais pas remarqué à quel point être chez lui me filait la chair de poule.

– Pareil, j'ai l'impression qu'il a des difficultés à conserver son masque de mec gentil.

– Je suis d'accord avec toi. Le truc c'est que nous allons devoir trouver des preuves, le mettre sous surveillance, nous allons enquêter sur son passé.

– Je suis d'accord. Nous avons du boulot devant nous. Tu crois que Dumont sait ?

Je souffle légèrement. J'ai envie de me griller une clope. J'avais enfin réussi à cesser de fumer durant deux jours. Je râle en marmonnant. Je me mets à dire ce qui me vient en tête mais avant,  je sors une cigarette, l'allume, et m'installe contre notre voiture banalisé. Bertrand attend que je continue, lorsque je suis dans cet état c'est qu'il faut faire le point. Je pense aux réactions de ma belle rouquine.

– Je ne pense pas qu'elle sache la vérité. Vu ses réactions elle ne savait rien de la mort de son ex plan cul. Par contre j'ai la sensation qu'elle ne nous a pas tout dit sur son altercation avec la fiancée, et sa réaction lorsque tu as mentionné son ami était particulière. Je n'ai pas l'impression que leur relation soit au beau fixe.

– Je suis du même avis que toi. J'ai cru pouvoir m'acharner sur elle. J'attendais de véritables révélations mais elle ignorait tout, c'est vite vu. Mais ce mec quand j'ai dit que Décan était mort  n'a même pas sourcillé. Aucune émotion. Personne ne réagit comme ça. Il est flippant. Comment une nana comme elle peut-elle traîner avec ce  genre de mec.

Je tire plusieurs taffes sur ma cigarette.

– iI la protège de ce qu'il est vraiment. Cette fille n'est pas idiote. Elle sait pertinemment que son ami n'est pas ce qu'il prétend. Mais il réussit à faire illusion.

Bertrand ricane :

– Elle te plaît ?

Je grogne. Je déteste être dévoilé même si c'est mon collègue. Je ne veux pas tout mélanger mon boulot et ma vie privée mais là tout s'écroule. Ça m'agace. Je termine ma cigarette. J'écrase le mégot sous la semelle de ma chaussure et J'ouvre la porte de la voiture. Je sors mon petit cendrier hermétique de la boite à gants pour y mettre mon mégot. Oui j'aime laisser les rues propres.

Je suis maniaque comme mec, moins que le gars  chez qui nous venons de sortir. Lui, est au-delà de la maniaquerie, ce qui correspond au corps que nous avons retrouvé, tout était maîtrisé, il n'a laissé aucune trace.

Bertrand éclate de rire :

– Tu devrais te rapprocher d'elle pour en savoir plus.

Je lance un regard noir à mon collègue :

– Je n'ai pas l'habitude d'agir ainsi.

– Mais oui ! Mais oui. Fais comme tu veux. Je disais ça comme ça.

– pffff

Je mets fin à la discussion. Jusqu'à notre arrivée au commissariat.

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Je ne sais pas ce que je fous ici franchement. Cette enquête me déprime. Depuis que j'ai rencontré Méline, un électrochoc émotionnel s'active en moi.Je n'ai jamais ressenti ce choc pour qui que ce soit.

L'imaginer amie avec un gars que j'estime être un fou furieux me pique au vif. Je dois la protéger de toutes ces horreurs.

Quand je pense au moment où nous avons découvert le cadavre de ce pauvre mec. J'en ai  la nausée, comment ai-je pu éviter de vomir. Comment peut-on agir ainsi ? Cela me dépasse, c'est pour cela que je pratique ce métier mais parfois je me sens démuni.

De plus j'ai cette mauvaise intuition que la fille a également été tuée.

En tout cas me voici devant le salon de thé « Le délice » que fréquente la jeune fille qui fait battre mon coeur. J'espère au fond de moi que l'autre cinglé ne sera pas à ses côtés. Je n'ai pas envie de plonger dans le piège de ce psychopathe.

J'espère qu'il ne tue pas toutes les personnes qui approchent  Méline. Et si c'était le déclencheur ? Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ? Je suis vraiment con !

Je réfléchis en poussant la porte du salon de thé. Je me demande si c'est la jalousie qui le pousse à agir. Mais la femme, pourquoi aurait-elle été tuée ? Parce qu'elle a agressé Méline ?

Toutes les pièces s'imbriquent enfin dans mon cerveau. Nous devons explorer ces pistes.

Je suis encore dans l'analyse du profil de mon tueur, je ne prête pas trop attention à ce qui se passe autour de moi, lorsque je bouscule quelqu'un.

Je m'excuse aussitôt en sortant de mes pensées, je lève les yeux sur... elle. C'est elle que je souhaitais rencontrer et nous voilà face à face. Un grand sourire s'étire sur mon visage, je ne peux le contrôler. Cette femme ne me laisse pas indifférent. C'est incontrôlable, je suis tombé sous son charme. Cette nana est juste sublime.

Dommage qu'elle soit mêlée à cette histoire de meurtre et de disparition.

– Désolé.

– Vous ici ?

Son regard est méfiant, comme si je l'avais suivie. Bon dans un sens ça n'est pas faux. Mais ce n'est pas de ma faute si cette jolie rouquine m'attire.

– Euh... Oui.... Je viens prendre un café pourquoi ?

Je suis mal à l'aise, difficile de la regarder droit dans les yeux. Pourtant je ne me démonte pas,

– Vous me suivez ?

Je souris :

– Non, j'ai terminé mon service, j'étais dans le coin.

Je ne sais pas si j'ai réussi à paraître naturel. D'un autre côté ce n'est pas bien grave.

– Mmmm

Bon d'accord elle n'est pas dupe. Je décide de la laisser là, toute seule. Je m'avance vers une table  libre pour commander mon café qui me sera d'un grand reconfort.

J'ai la sensation que cette affaire n'est pas aussi simple que nous pouvons l'imaginer. Ça m'agace. Je passe les mains dans mes cheveux. Une petite dame toute souriante s'avance vers moi pour prendre ma commande.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant