Chapitre 55

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Sergeï

Emmener partout avec moi Baptiste est un véritable plaisir. Il n'ouvre jamais la bouche pour s'épancher. Jusqu'à présent il m'observe ainsi que mes hommes. Je ne sais si tuer à nouveau l'excite, je n'ose pas lui poser la question, J'ai un peu trop peur de sa réaction. C'est bête, mais je tiens à ce qu'il reste à mes côtés. Il est bien plus agréable que mes deux gardes du corps. D'ailleurs Boris est aux abonnés absents depuis ce matin, ainsi que Baptiste, j'aurai dû être plus prudent. En même temps j'ai la réponse à ma question. Baptiste a bel et bien encore l'intention de tuer, je dois simplement comprendre sa motivation bien plus complexe que la mienne. Je ne suis pas né psychopathe comme Baptiste. Je le suis devenu par la force des choses dont mon éducation stricte, mon père m'entraînait à tuer des animaux lorsque j'étais enfant, je passais des tests réguliers ainsi que tous les jeunes de notre famille. Pour nous tout ceci était « normal «. La seconde étape de notre éducation consistait à adopter un animal,  s'y attacher pendant plusieurs années et devoir le tuer à main nue. Celui ou celle qui ratait cette épreuve subissait de lourdes punitions. Nous le savions tous, la peur nous poussait à agir quoi que nous ressentions. Je ne suis pas fils unique j'ai deux frères et une sœur, mais je suis le petit dernier. Nous avons grandi ensemble mais pas unis bien au contraire, entre nous c'était la guerre sous la loi du plus fort. Par contre lorsque nous étions attaqués par des personnes extérieures au clan nous étions soudés. Pour notre dixième anniversaire, une nouvelle étape devait être franchie, assister à des égorgements, des démembrements de traîtres à notre cause. Certains d'entre nous préféraient à d'autres. J'y ai pris rapidement goût. Je pouvez expier mes attirances homosexuelles par le meurtre, un exutoire comme un autre. Lors de ma onzième année, l'un des hommes de mon père prenait trop de temps avec l'une des cibles que nous devions éliminer, j'ai perdu patience et j'ai agi à sa place. Ce jour là est gravé dans ma mémoire, c'est la seule fois où j'ai vu mon père sourire et être fier de moi, ensuite ce fut terminé. Je me devais de répondre à toutes ses attentes sans broncher. Ce que j'ai fait religieusement. J'ai acquis de l'expérience. Je suis allé bien plus loin que ma fratrie et mes cousins. Je suis devenu le sanguinaire, c'est ainsi que j'ai osé imposer ma sexualité. Aujourd'hui je suis leur honte et leur pire cauchemar. Je suis l'ennemi de l'intérieur. L'homme impossible à abattre.

Mon père cherche par tous les moyens mon point faible. Je l'ai cherché durant des années cette faiblesse. J'ai enquêté sur de nouvelles personnes qui pourraient m'intéresser en tout point. Être impitoyable et à la fois se protéger de mes ennemis. Aucun ne fait l'affaire. Quelques uns de mes amants ont été assassinés par ma famille pour que je souffre. Peine perdue, jusqu'au jour où j'ai entendu parler d'un psychopathe français, pays de ma naissance, même si mes parents sont tous les deux Russes. Je suis né en France et je parle parfaitement la langue sans accent. J'utilise l'accent Russe pour que l'on croit que je ne connais pas bien toute l'étendue du français, petite diversion qui m'aide pour approcher certaines personnes. Ce psychopathe français a attisé ma curiosité je me suis mis à enquêter, ce que j'ai découvert de lui m'a fasciné. J'ai appris qu'il avait été recruté par Pablo comme fantôme. Il en m'en fallait pas plus pour le suivre, le découvrir et le vouloir. C'est cet homme qu'il me faut pour partager ma vie. Je ne supporte plus la solitude, j'ai besoin d'un complice pour de nombreuses années. Pour ça il doit survivre à ma famille. Baptiste à tout ce qu'il faut à tous les niveaux. J'espère qu'il pourra éliminer à ma place, l'intégralité de ma famille. Je ne peux exécuter moi même, à cause de mes émotions. Difficile de tuer quelqu'un de son propre sang. Je préfère qu'un homme de main s'en charge.

D'ailleurs il me faut trouver Baptiste pour assister à la mise à mort de mon ancien garde du corps qui dépasse bien trop les bornes, je l'avoue avec son comportement possessif, sans oublier que j'ai découvert qu'il balançait pas mal d'informations me concernant à mon père, un traitre dans mes rangs est insupportable. Pour ces raisons il me faut Baptiste. Le connaissant il aime les endroits clos, Il n'a pas pu sortir de la résidence. Il doit être dans le sous sol, qui était auparavant une geôle de torture. N'aimant pas cet endroit je l'ai laissé à l'abandon, si Baptiste est réellement là bas, c'est un signe de plus qui m'indique que c'est l'homme de la situation, nous nous complétons, un véritable bonheur, mon cœur palpite. Je me met en route en pressant le pas, Il me faut dix minutes pour traverser la résidence, descendre trois escaliers, ouvrir la porte que j'avais verrouillée et qui ne l'est plus. Un sourire s'affiche sur mes lèvres. Il est là. Je m'engage dans le tunnel obscur en allumant la lumière de mon téléphone portable qui amène à la geôle abandonnée. Des hurlements indiquent que je suis bientôt arrivé.

Boris, tu es ma cible depuis un bout de temps. Il y a un contrat sur ta tête depuis deux ans. Tu te rappelles de la gamine de douze ans que tu as violée devant ses parents avant de les assassiner. Figure toi que c'était une bourde mon gars. La petite n'est pas morte, elle a survécu et son oncle a décidé d'engager un tueur à gage et le voici. Tu pensais réellement que c'est toi et ton patron qui m'avaient retrouvé ? J'avoue que vous êtes naïfs.
Entendre les paroles du faucheur, me sidère. A quel moment j'ai merdé pour devenir la proie de Baptiste.

Tu peux te montrer Sergeï. Je sais que tu es là.
Avec rage. Je me montre. Je découvre un Baptiste complément nu, des bâches transparentes qui tapissent le sol et les murs, Boris enchaîné aux poutres apparentes de la geôle. Pas de doute Baptiste est bien préparé et je suis la main sur mon couteau prêt à me battre pour défendre ma vie. Baptiste m'observe et éclate de rire. Je ne sais plus comment réagir. Est-ce bon signe ou non ? Aucune idée. C'est la première fois que quelqu'un me désarçonne ainsi.

Tu ne vas rien subir Sergeï, je ne suis pas là pour toi, mais pour ton homme de main qui n'hésite pas à agir à sa guise et qui vend tes informations aux plus offrants. Un traître. Étais-tu au courant pour la gamine qu'il a violée ?
Absolument pas. Nous avons un code d'honneur : pas de viol.
Oui bah. Monsieur Boris n'a pas respecté les règles. Tu veux participer ou tu préfères regarder. Me demande t'il.
Surpris je mets quelques secondes avant de répondre.

Je regarde.
Bien, installe toi là bas,  place réservée spécialement pour que tu puisses te rincer l'œil.
Baptiste montre du doigt, un fauteuil qui est en bonne position pour assister au spectacle qu'il souhaite m'offrir.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant