Faux semblants

Chapitre 19

Méline

Je cours loin de lui, loin de celui que je ne reconnais plus. Dans son regard je n'y ai pas vu les ténèbres mais bien pire que ça. Baptiste n'était plus lui même en tout cas pas celui que je connais depuis des années.

J'ai eu pour la toute première fois de ma vie peur de lui. Comme s'il était capable de me tuer dans les pires souffrances. Je cours encore et encore... comme s'il était à mes trousses je suis à bout de nerf. Je refuse à rentrer chez moi, je dois me cacher de lui pour plusieurs jours. Mon dieu comment en suis-je arrivée à lui dire je t'aime et ensuite avoir peur pour ma vie.

Un sentiment de malaise s'est immédiatement installé dans mon ventre. Mon intuition m'a soufflé de dégager sans demander mon reste.

La police m'a convoquée demain au commissariat, que vont-ils m'annoncer, je m'attends à tout et au pire surtout. Serai-je capable de dénoncer mon meilleur ami et l'homme que j'aimais plus que tout. « Aimais » pourquoi au passé ? Un frisson glacial s'infiltre en moi. Je me suis arrêtée complètement essoufflée, j'ai un point de côté. J'ai envie de cracher mes poumons. Je regarde autour de moi pour repérer où je suis. J'ai tellement eu envie de fuir loin... que je n'ai pas prêté attention à la direction que je prenais.

Je suis à côté de chez Marie, Je vais

me réfugier chez elle. Personne ne viendra me chercher ici, j'en suis certaine. Marie m'ouvre la porte toute étonnée :

– Que fais-tu ici ma belle ?

Sa voix filtre toute son inquiétude, ce qui me rassure instantanément. Je suis enfin soulagée.

– Tu es toute pâle. Entre vite, je m'occupe de toi.

J'exécute sans dire un mot. Je ne sais même pas quoi dire en réalité.

– Tu t'es disputée avec Baptiste.

Ce que j'aime le plus chez Marie, c'est sa facilité à cerner les gens ainsi que leurs problèmes.

– Mmmm !

– C'est grave vu ton état.

Elle réfléchit et me lance :

– Il t'a rejetée c'est ça ? Tu lui as enfin avoué que tu l'aimais.

Mes yeux s'écarquillent, comment peut-elle deviner une telle chose ?

– Est-ce évident ?

Elle me sourit tendrement :

– Quoi ? Qu'il t'ai rejetée ? Ou que tu sois dans cet état ?

– Les deux !

Marie, regarde un instant devant elle comme si elle cherchait ses mots.

– Je sais que tu connais Baptiste depuis des années, je sais également qu'il t'aime c'est flagrant. Mais... Comment te dire... Ce garçon n'est pas ce qu'il prétend être. Son regard n'est pas celui d'un innocent. Je ne veux pas que tu te méprennes j'aime beaucoup ce garçon mais il cache des secrets inavouables et certainement très dangereux. Il nous apprécie, parce que si l'on soupçonne quelque chose, il n'est pas pour autant jugé. Ça l'arrange de jouer le rôle qu'il s'est octroyé mais ça ne peut hélas durer toute la vie ma douce.

Je reste sans voix face à Marie. Qui me balance cette vérité en pleine figure.

– Simplement je sentais qu'il prenait ses distances et je sais pertinemment que lui et moi allons devoir nous abandonner. J'ai terriblement peur Marie. Il tient une telle place dans ma vie que je suis perdue sans sa présence. Je suis à fleur de peau de reconnaître que je ne pourrai jamais le retenir.

Marie, me désigne son sofa jaune moutarde, s'installe à mes côtés et me prend dans ses bras pour me câliner d'une manière rassurante.

– Je pense que tu dois accepter la situation. Une chose est certaine, tu étais le centre de son univers et s'il s'éloigne c'est pour te protéger. N'en doute jamais. Même si je suis certaine qu'un jour nous allons découvrir qui est réellement ce jeune homme. Et crois moi ça risque de ne pas nous plaire.

Je ne sais trop quoi lui répondre. J'ai toujours été instinctive, Baptiste n'est pas ce qu'il prétend être, je ne suis pas conne depuis toutes ces années mais je me suis toujours refusée à le voir autrement. C'est parfois plus simple de fermer les yeux sur ce qui nous dérange, ça permet d'occulter les doutes, les peurs, les angoisses...  Mon ami, celui que j'aime, porte un étrange fardeau. D'ailleurs aujourd'hui son regard m'a glacé le sang pour la toute première fois depuis que je le connais.

Je ne m'étais jamais sentie en danger auprès de lui ; aujourd'hui ce fut autre chose. J'ai détesté ce que j'ai ressenti. Je me remémore malgré tout ce qu'il m'a avoué. Je stresse pour mon rendez-vous au commissariat, en attendant Marie m'a accueillie chez elle, elle est d'un réconfort inestimable à cet instant précis.

Mon ami me file entre les doigts, je vais me retrouver seule j'en suis certaine maintenant. Je dois m'adapter à cette idée, aussi troublante soit-elle.

– Tu es encore avec moi Méline.

Je sursaute légèrement en entendant Marie.

– Désolée, j'étais ailleurs pendant un instant. J'ai rendez-vous demain au commissariat ils m'ont convoquée en évoquant de nombreuses disparitions inquiétantes J'avoue être très anxieuse.

Marie me dévisage silencieusement. Elle veut me dire quelque chose mais reste muette. J'ai besoin d'en savoir plus.

– Tu as été également convoquée ?

– Non pas du tout. Je me doutais simplement que ce serait peut-être difficile pour toi.

– Pourquoi ?

Elle me sourit affectueusement, comme une mère qui réconforterait son enfant.

– Tu sais bien ce que je sous-entends. Tu devras affronter un jour ou l'autre la vérité.

Elle a raison je suis dans le déni. J'ai peur de découvrir qui est Baptiste. Je ne me sens pas prête. Je ne le serai jamais de toute façon.

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Me voici devant le commissariat. J'ai évité de prévenir Baptiste au sujet de cette convocation qui me met dans tous mes états.

Mes jambes me portent à peine, mes mains tremblent, ma respiration est plus difficile. J'ai un noeud dans l'estomac avec une sensation de nausée. Mes mains transpirent. J'ai chaud. En bref je suis au bord de la crise d'angoisse. Super ! Je déteste faire face à la police sans connaître ce qu'ils me veulent.

Je me rends à l'accueil où je décline mon identité. On me demande de patienter, jusqu'à l'arrivée des policiers que je reconnais comme ceux venus chez moi.