Faux semblants

Chapitre 52

Baptiste

Le sang s'écoule doucement, le sourire satisfait de Sergeï m'anime, c'est la première fois que je trouve quelqu'un beau et lumineux. Son sadisme m'excite. Il me fixe depuis tout à l'heure fier de m'avoir émoustillé. Comment peut-il autant me deviner ? Ça me décontenance totalement. Je voudrais m'énerver mais je suis beaucoup trop hypnotisé par le spectacle que m'offre Sergei, il me tend son poignard mais je refuse. Je ne souhaite pas être dans l'action, je découvre que le voyeurisme peut-être orgasmique surtout si ça concerne cette force de la nature couverte de sang de la victime qui agonise. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle ce type est torturé de la sorte mais je bande. Deux ans que je n'ai rien ressenti, deux années vides d'émotion et de sensation. Sergeï réussit à réveiller chez moi cette petite étincelle que je pensais éteinte à tout jamais. Je souris tel un dément heureux de me sentir à nouveau moi.

- Tu aimes ? Me demande Sergei, j'en étais certain, je t'avais prévu un autre cadeau de bienvenue, heureux de découvrir que ce que tu vois t'anime.
La jubilation de Sergei s'affiche sur son visage. Lui aussi est excité. Je le laisse se vanter, cela lui va tellement bien.

- Contrairement à Pablo, je te veux comme partenaire. Son regard incandescent prend en otage le mien. Pas de chantage, juste le plaisir de partager ensemble. Qu'en dis-tu ? Reprend-il.
Je suis en feu, à deux doigts de lui sauter dessus pour l'embrasser et achever avec lui ce type qui agonise devant nous, seul témoin de cette nouvelle union.

- Tu connais déjà la réponse.
Il exulte de joie en décapitant sa victime. En acceptant cette proposition je m'expose à encore plus de danger. La famille Varrez cherche à m'éliminer et peut être à s'en prendre à Méline. Après tout il serait bon que je m'occupe d'elle avant eux. Je ne veux pas qu'elle souffre, je préfère qu'elle meurt de mes mains. Je suis prêt à ce sacrifice, Sergei me le confirme, par la renaissance qu'il m'offre.

- Nous devons partir en France. J'ai un travail à terminer.
Sergeï se tourne vers moi surpris par ma demande.

- C'est toi qui décide Baptiste. Partout où tu iras, J'irais. J'ai deux, trois détails à régler avant. Où souhaites-tu aller ?
- Je dois m'occuper de Méline.
Sergei tourne son nez. Je m'approche pour le serrer dans mes bras. Je lui relève le menton avec le doigt pour plonger mon regard dans le sien.

- La jalousie ne te mènera nulle part. Ce que tu m'as offert aujourd'hui va bien plus loin que ce que tu peux imaginer. Tu m'as réanimé. Tu es juste magnifique couvert de sang. J'aimerai simplement que tu termines ce que tu as enclenché chez moi.

Sergei étire ses lèvres dans un immense sourire , il défait ma ceinture, ouvre le bouton, descend ma braguette. Il tombe à genoux, baisse mon pantalon et mon caleçon, libéré, mon membre se dresse face à lui. Sans hésiter il me prend dans la bouche sans lâcher mon regard, son visage et ses mains ensanglantés laissent sur moi l'empreinte du sacrifice qui a réveillé mon démon intérieur. Je lui saisis le crâne, accélère la cadence pour baiser sa bouche jusqu'à l'explosion. Toute première fois pour moi de jouir dans un acte purement sexuel. Ébahi par cette nouvelle donnée, je rejette violemment Sergei qui s'écroule au sol sans dire un mot. Son sourire est intensifié, son regard s'est mué en une folie glaciale qui se répercute en moi. Ce mec est bandant. Il arrive à me rendre dingue. Ce duo me paraît tout à coup dangereux. J'étais attaché à Méline pour des raisons obscures mais cette fois ci, mon attachement à cet homme en si peu de temps est bien plus perverse. Pour lui je serai prêt à tout, ma folie n'aura plus de limite. Un nouveau souffle me traverse.

- Nous devons éliminer Méline pour me libérer.
Sergei grimace.

- Quoi ? Mon impatience s'installe soudainement.
- Je te propose une autre approche
- Laquelle ? Ne puis-je m'empêcher de demander.
- Assassiner Méline ne sera pas aussi excitant, il y aura beaucoup trop d'affection entre vous et je ne le supporterai pas. Par contre s'en prendre aux Varrez me paraît bien plus excitant pour te libérer. Nous pourrions récupérer ses clients.
- Tu as tout prévu ?
- Non ! Tu m'inspires.
- A ce point ? Rétorquai-je surpris.
- Pourquoi ça te fait peur ?
- À moi non ! Je pense surtout que tu ne sais pas réellement à qui tu as à faire.
- J'ai enquêté sur toi.
- Je l'avais compris mais ce n'est pas pour autant que tu sais ce qui se passe dans ma tête. Ne pense pas que nous formons un couple parce que tu m'as sucé.

Sergei, serre la mâchoire de contrariété, comme je m'y attendais. Il doit comprendre que je ne suis pas l'homme qu'il croit. Ce qui m'attire chez lui, c'est son sadisme qui éveille ma soif de sang. Autant Méline attisait mon sens de la protection, je lui donnai mon âme, autant Sergeï éveille mes sens de psychopathe. Les deux seuls êtres sur cette terre à réveiller mes projets.

- Ai-je  droit d'espérer que tu restes à mes côtés ?
Je commence à nettoyer la cave dans laquelle nous nous trouvons.

- Laisse ce travail à Boris et À Higor. Réponds à ma question plutôt.
Sergei nettoie son poignard.

- Tu n'as pas d'arme fétiche ?
Constater que Sergei passe d'un sujet à l'autre engendre un nouveau sourire, il a tellement de sensibilité en lui que j'en reste quoi. Cette fragilité, comme celle de Méline me noue le ventre. Décidément ce lien qui se tisse rapidement me déstabilise bien plus qu'il ne le devrait.

- Rester auprès de toi dans cette frénésie de mort me paraît possible. Cependant tes envies de sexe, je ne pourrai jamais les satisfaire. Seras-tu capable de le supporter ?
Sergei arrête aussitôt de nettoyer son poignard, me fixe avec surprise.

- Je ne supporterai pas te voir baiser avec qui que ce soit.
- J'éclate de rire sans retenue.

- Je ne baise pas Sergeï, Je prends mon pied dans le sadisme.

Notre conversation se conclut par l'entrée de Boris et de Higor. Un Boris qui me bouscule. Sergeï le remarque,  fronce les sourcils. Je lui lance un geste discret pour qu'il comprenne que je gère. Sergeï affiche un sourire sadique. Nous venons de nous accorder sur l'avenir de Boris.