Faux semblants

Chapitre 42

Méline

J'ai eu la peur de ma vie et des difficultés à m'en remettre. J'espère que Nicolas arrivera dans peu de temps. Je tremble même si j'ai refermé à clé derrière moi. J'ai la sensation d'être fragile, impuissante. Je déteste être dans cet état.

j'ai certainement besoin de l'intervention d'une psychologue et de la prescription d'un traitement antidépresseur. Je sursaute au moindre bruit.

Je suis heureuse de l'aide de Baptiste. S'il n'avait pas été là, je serai dans de beaux draps. Pourtant le fréquenter m'a attiré suffisamment d'ennui, je ne veux plus jamais le revoir même si j'ai un pincement au coeur. J'ai bien compris que le Baptiste que je pensais connaître n'existe tout simplement pas et j'en suis terriblement attristé.

A peine Nicolas parti, Baptiste tapait à la porte sauf que je pensais que Nico avait oublié quelque chose. Je fus donc surprise d'être nez à nez avec Baptiste sur le pas de la porte, je panique immédiatement.

– Tout va bien Méline, je suis là pour te protéger. Je ne te veux aucun mal, je te le jure.

Malgré ce qu'il me dit, je recule de deux pas par peur, sans avoir le réflexe de fermer la porte, quelle conne. Je suis en panique, je me mets à trembler pourtant cet homme je le connais mais depuis que je sais de quoi il est capable j'ai la trouille. Est-il là pour me tuer ? Doit-il éliminer les témoins ? je n'ai jamais rien vu, ni rien su. Si je l'avais soupçonné que ce serait-il passé ?

Je n'arrive plus à parler, les mots restent bloqués au fond de ma gorge. Mon coeur bat violemment dans la poitrine. Je suis sur le point de défaillir.

– Méline, nous n'avons pas le temps. Je suis présent pour t'éviter les ennuis. Le collègue de ton mec va venir te chercher.

Je reprends mes esprits en une fraction de seconde.

– De quoi parles-tu ?

– Les mecs qui sont venus chez toi, l'autre soir ont eu des informations par le collègue de Nico.

– Attends, deux secondes. C'est pas plutôt de ta faute ?

– Oui j'avoue, si on veut. Mais c'est le collègue de ton mec qui a balancé ton identité et ton adresse.

J'ai des difficultés à réfléchir calmement.

– Comment sais-tu pour le cambriolage ?

Il sourit en essayant de s'approcher de moi mais j'ai trop peur de lui maintenant. J'aimerai récupérer l'ami que je connaissais mais je me rends compte qu'il n'existe plus. Je n'y arrive plus. Les larmes coulent sur mes joues sans que je m'en rende compte. Mon meilleur ami est un tueur.

Je secoue la tête de droite à gauche.

– Désolé Méline, je ne peux pas m'éloigner, j'ai besoin de toi, de te protéger. Tu es la personne la plus importante mais je ne veux pas te salir. Pour moi tu es un ange Mél. « Mon ange ». Si j'étais comme tout le monde, bien entendu que nous serions ensembles. Mais... maintenant tu sais que je ne suis pas celui que tu imaginais. Je te remercie ma belle. Grâce à toi j'ai eu une vie quasiment normale, même si c'était un mensonge, je n'ai pas détesté être comme tu te l'imaginais. Ça ne me demandait pas plus d'efforts que ça. Tu m'as aidé à trouver mon chemin même si cette version de l'histoire te fera horreur. j'en suis tellement désolé. Cette colère que tu as contre moi te servira à m'oublier et à passer à autre chose.

Je n'arrive pas à me contrôler, les larmes coulent de plus en plus. Je ne sais même pas quoi ajouter. J'ai à nouveau envie de vomir.

Baptiste entre dans la maison, referme la porte derrière lui. J'ai encore un peu de mal à comprendre ce qu'il fait ici chez Nicolas.

– Méline écoute moi bien. Dès que l'on frappera à la porte je veux que tu te caches dans la salle de bain. Tu fermes à clé, tu te bouches les oreilles également. Quand j'en aurai terminé je taperais quatre coups pour que tu m'ouvres.

Je ne sais pas pourquoi mais je me mets à supplier Baptiste de ne pas tuer le collègue de Nicolas.

Baptiste sèche mes larmes comme au bon vieux temps.

– Méline, écoute moi, je n'agirai pas devant toi. Jamais. Aujourd'hui c'est la dernière fois que tu me vois. Tu vas me manquer j'espère que tu en es convaincue mais je ne peux rien t'offrir, Je ne veux pas que tu souffres, je ne le supporterai pas. Par contre Nicolas est un mec bien. J'espère que tu as autant de sentiments pour lui qu'il peut en avoir pour toi.

– Mais...

– Chut, laisse moi parler. Nicolas t'aime énormément ça se voit. Même si je suis jaloux, c'est lui qu'il te faut. Moi je pourrai tellement t'abîmer ma belle, que je m'y refuse. Bien entendu j'ai déjà pensé te garder rien que pour moi, mais tu serais tellement triste, terne. Tu ne serais plus mon ange lumineux. Moi qui suis le diable, je n'aurai jamais imaginé passer autant de temps avec un ange tel que toi. Tu es lumineuse, pleine de vie. Par contre Méline je ne serai plus là à tes côtés alors affirme toi. Ne doute pas de la fille splendide que tu es. Jamais.

J'aimerai lui parler mais rien à faire je ne peux pas. Il me semble lui avoir déjà tout dit. Ça me paraît lointain, c'était avant que je sache.

– Mél, je suis heureux. En te regardant je vois dans ton regard que tes sentiments pour moi ont disparu, c'est beaucoup plus simple.

Je fronce les sourcils, il sourit tendrement. Je ressens la nostalgie de tout ce que nous avons partagé.

La sonnerie retentit, Baptiste me signale que c'est le moment de me cacher dans la salle de bain. J'obéis sans broncher. En même temps la personne derrière la porte tambourine comme un dingue. Si j'avais été seule j'aurai eu peur qu'il soit arrivé malheur à Nicolas. Grâce à Baptiste je sais que tout cela n'est qu'un leurre.