Chapitre 53

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Inconnu

Que lui trouve t'il ? Pourquoi est-elle aussi importante pour lui ? Elle ne ressemble à rien. Elle est là, ligotée sur sa chaise avec un air pathétique. Elle  tente de se débattre pour protéger son rejeton. C'est à hurler de rire, comme si elle allait m'échapper. La pauvre n'est absolument pas de taille à se défendre. Elle ne connaît rien à l'enfer, pauvre petite brebis. Je ne peux comprendre ce lien qui les unit. J'ai beau chercher, les réponses ne viennent pas.

Ce corps est si fragile qu'elle ressemble à une poupée de porcelaine qui pourrait se briser avec facilité, un teint si pâle, de longs cheveux bouclés d'un roux intense, des tâches de rousseur qui parsèment ses joues, des yeux émeraudes avec des liserés marron, bref un corps frêle sans forme, rien de très féminin à mon goût, aucune rondeur, aucun peps, peut être des yeux pétillants même si je ne les ai vus que teintés de haine et de rage. Je  lui concède le fait qu'elle rugisse telle une lionne mais que face à moi elle ne fait pas le poids.

Je la détaille encore et encore. Elle me fixe depuis tout à l'heure sans prononcer un seul mot, ni pleurer, peut-être la seule chose que j'admire chez elle. Elle ne pleure pas malgré la panique incrustée dans ses yeux. Elle me teste, j'en ai conscience mais je ne lui donnerai aucune information. L'entendre supplier afin d'obtenir des nouvelles de son enfant me plaît bien trop.

Je la pensais naïve mais je me suis trompé. Elle a compris que je jouais avec elle. Elle cherche à m'analyser en silence. Je peux la deviner, elle ne m'aura pas. Je l'ai, je la garde sous mon contrôle. Seul moyen de contrôler ce cher Baptiste.

Que sera-t-il prêt à tenter pour la récupérer ? La laissera t'il sous ma coupe ? Comprendra t'il que je suis derrière toute cette histoire ? Je l'attends avec impatience, j'espère qu'il sera fier que j'agisse ainsi. Après tout il m'inspire et je suis un à un ses conseils.

C'est en détrônant le roi de la mort que je deviendrai le nouveau faucheur. Prouver que je suis meilleur que lui, Lui démontrer que son attachement pour cette pauvre fille le rend faible, ce que je ne serai jamais.

- Que me voulez-vous ? Ose t'elle me demander.
- Je n'attends rien de toi. Tu n'es qu'un pion dans mon jeu.
- Je ne comprends rien à ce que vous racontez.
La voix se veut calme mais j'arrive à repérer le léger tremblement qu'elle tente tant bien que mal de dissimuler.

- Tu penses qu'il viendra te libérer ?
- Mais de qui parlez-vous ? Crie t'elle.
- Le faucheur ! Il tient tellement à toi que tu es une monnaie d'échange depuis deux ans. Grâce à toi il obéit à tout ce qu'on lui demande.
Elle fait mine de ne pas comprendre.

- Je ne connais personne qui a cette identité. Vous vous êtes trompé de personne. Mon mari est policier, il finira par me retrouver.
- Un fou rire me parcourt. J'ai peine à le calmer.

-  Tu es une excellente menteuse. Je te l'accorde.
- Où est mon fils ? Me demande-t-elle à nouveau.
- Ton fils, tu n'as que ce mot à la bouche. Ce n'est même pas drôle. Mes hommes se sont occupés de lui.
- Je n'y crois pas, vocifère t'elle.

Qu'elle m'agace, je décide de quitter cette pièce sombre et froide qui pue le renfermé et la moisissure. Avec un peu de chance elle mourra à cause de ce taudis plutôt qu'entre mes mains, j'espère sincèrement que Baptiste mettra définitivement fin à sa vie. Je n'attends que ça. Je veux qu'il  s'affaiblisse. Est-il capable de souffrir ? Je dois le découvrir. Je claque la porte, laissant derrière moi cette femme inintéressante. Je monte rapidement les marches qui m'amènent directement dans un immense corridor, personne n'a remarqué que j'y ai enfermé un être humain. Parfois les meilleures cachettes sont celles les plus visibles. Je m'amuse de mon culot, je me sens tout puissant en narguant tout le monde. Personne ne me prend au sérieux.

Bientôt ils comprendront. Je longe le couloir qui mène à la sortie, là où les hommes que je paie, m'attendent avec l'enfant. À la sortie, je m'étonne de ne rencontrer personne. Je ne saisis pas, j'attends un peu,  toujours rien. Baptiste serait-il déjà intervenu pour libérer sa belle et son mioche ? Je dois en savoir plus. je trépigne d'impatience. J'ai payé une sacrée somme pour recruter cette équipe alors hors de question qu'ils me doublent. Je tiens la femme c'est déjà ça. Après tout, ce morveux je m'en moque. J'ai hésité à le laisser sur place, seulement je voulais l'utiliser pour rendre dingue cette nana et pour que Baptiste s'énerve davantage.

Tout ceci est de sa faute. S'il ne m'ignorait pas de la sorte, je ne serai pas obligé de lui prouver ma supériorité, Je veux qu'il reconnaisse mon génie.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant