Chapitre 60

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Alessandro

Je n'en reviens pas d'être encore en vie. Deux solutions s'offrent à moi, soit je tue en premier Baptiste mais je ne me leurre pas,  ce sera compliqué, soit je lui livre Sarah qui est allée beaucoup trop loin dans la provocation. Si Pablo apprend la situation dans laquelle elle nous a plongés, il n'aurait d'autre choix que de l'exécuter lui même. Elle a trahi le clan, nous a provoqués, nous, ses frères qui l'avons protégée depuis son plus jeune âge.

L'air est humide, les trottoirs mouillés, mes pas résonnent dans cette ruelle déserte que je quitte pour regagner ma voiture. Je ferme mon manteau pour éviter que le vent me refroidisse. Je déteste cette saison automnale, il ne se passe jamais rien de bon en cette période de l'année. Mon instinct me susurre de rester sur mes gardes, depuis plusieurs jours j'ai la sensation que l'on me suit. J'ai d'abord songé à Baptiste mais ce n'est pas lui, j'en ai la confirmation. Je fouille mes poches pour en sortir un paquet de cigarettes, en prends une, me planque sous le porche d'une maison abandonnée à l'abri du vent, allume mon briquet, tire une bouffée à pleins poumons et m'apaise quasiment instantanément. Un bruit derrière moi, je sursaute, ce sentiment d'être suivi revient. Je regarde autour de moi : personne. Un chat quitte sa cachette qui justifie le bruit de tout à l'heure. J'expire la fumée de ma cigarette, tentant de vérifier si je suis suivie. Un frisson remonte le long de ma colonne vertébrale, je ne suis pas seul. Je n'ai pas le temps de réagir que je suis assommé d'un coups violent derrière la tête, je résiste évitant de m'écrouler. J'essaie de tourner la tête mais la douleur est telle que c'est impossible. Je ressens le souffle de mon agresseur au niveau de l'oreille. Un ancien réflexe remonte, je recule d'un bond, le sang coule le long de mon front jusque l'intérieur de l'œil, ce qui m'oblige à le fermer. La ruelle est déjà sombre, et je ne distingue plus rien, j'aimerai visualiser le regard de celui qui m'agresse mais je ne perçois qu'une ombre qui me tourne autour. J'entends un bruit que je peine à identifier. Un nouveau coup s'abat sur mon dos, je réalise un peu tard que ce n'est pas un agresseur mais deux. Je suis rassuré que ça ne soit pas Baptiste, revenu pour m'assassiner. Alors qui ? Je tiens toujours sur mes deux pieds même si je titube, impossible de me laisser surprendre une fois de plus. Le temps de réagir, plus personne n'est présent dans la ruelle ce qui me laisse dans une totale confusion.

Des pas lourds résonnent, je suis prêt à dégainer lorsque je reconnais la voix qui m'interpelle.

Tu vas bien ? Me demande Baptiste.
Si je ne le connaissais pas aussi bien, je penserai qu'il s'inquiète réellement pour moi, mais c'est Baptiste, ce type ne ressent rien, il joue la comédie pour paraître normal.

Ça va. Ralé-je.
As vu qui t'a agressé ?
La bonne blague.

À ton avis.
Je ne peux m'empêcher d'être incisif. Je m'en veux d'être épié de cette manière. Tant que je ne saurai pas qui et et ce qu'ils me voulaient, je garderai le silence. Il en va de ma fierté.

Je réalise tout à coup que Baptiste est toujours dans le coin.

Pourquoi es-tu encore ici ?
Son sourire diabolique s'installe.

Nous n'en avons pas encore fini toi et moi.
J'ai des difficultés à comprendre le sens de sa phrase lorsque soudain je ressens  une piqûre dans mon cou. L'enfoiré m'a atteint, j'ai espéré une issue favorable mais il s'est joué de moi. Je tangue, mon cœur s'accélère, tout tourne autour de moi, je résiste le plus possible mais il m'a drogué ou empoisonné. Mon corps s'écroule sur le sol dans un bruit sourd, je ne perds pas conscience pour autant, je ne peux plus bouger, mes pensées s'embrouillent, ma vue se trouble, je plonge dans mes abysses.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant