Chapitre 58 |

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Nicolas

Ethan est rentré à la maison depuis une semaine, il ne cesse de pleurer en réclamant sa maman. Mes tripes se tordent à chaque fois, j'ai beau vouloir le rassurer en le prenant dans mes bras et en lui promettant le retour de sa maman, il doit comprendre que c'est un mensonge. Le persuader c'est également me persuader. Ma sœur m'aide comme elle le peut mais avec Ethan nous préférons nous retrouver seuls. Toujours aucune piste, aucune nouvelle de mon collègue David qui du jour au lendemain a pris de congé, j'ai reçu de sa part un texto, me disant qu'il était sur une piste mais qu'il ne pouvait rien faire tant qu'il était tenu par notre fonction professionnelle. J'ai bien compris qu'il devait assouvir une vengeance personnelle, face au chef de gang Pablo qui est en lien avec Baptiste, toute cette histoire et incompréhensible. Pourquoi s'en prendre à ma femme qui n'a plus aucun lien avec ce psychopathe. La colère et la tristesse ne me quittent plus depuis des semaines. Mon sommeil n'existe plus, je tiens à peine debout, tout ce qui me tient c'est mon fils et l'espoir de revoir ma femme. Ne pas savoir où elle se trouve ni si elle est encore vivante. Je ne cesse d'y croire, c'est un besoin vital. Avec Ethan nous sortons à peine de l'appartement, à part pour faire quelques courses pour nous nourrir, l'un comme l'autre avons du mal à vivre normalement.

Mon téléphone vibre pour la millième fois, je ne décroche pas, marre de devoir répéter que non je n'ai pas de piste et encore moins de nouvelle. Quelle ironie d'être policier et de ne rien pouvoir faire pour ses proches. J'ai remué tous mes contacts. Les collègues sont toujours sur le coup mais rien, aucune trace, toutes les pistes explorées n'ont donnés aucune suite. Le seul qui a trouvé une piste c'est David mais plus de nouvelles. Je filtre les messages tels qu'ils soient mais rien. Mon téléphone continue à vibrer, ça me gonfle la personne ne lâche pas. Dans un geste d'agacement je me saisis de mon téléphone, appel inconnu, je décroche, prêt à hurler sur celui ou celle qui ose me déranger. Mais cette voix, je la reconnais, bordel.

- Tu en as mis du temps pour me contacter.

Un mélange de rage avec un peu d'espoir qui m'animent. C'est lui qui prendra ma haine.

- Désolé, je n'ai pris connaissance de la situation il y a quelques jours.
- Désolé ? Mais je rêve. C'est de ta faute putain, tu fais chier Baptiste. Est-elle en vie ?

Mon débit de parole rapide montre l'angoisse dans laquelle je me trouve depuis des semaines.

- Elle est vie.

Sa réponse ne me dit rien qui vaille. Je n'ose poser plus de questions. Mon silence en dit long.

- Je te la ramène au plus vite. Elle doit se reposer.

L'euphorie que je ressens me ferait sauter au plafond mais le fait que Méline doit se reposer me dérange.

- Dis-moi tout !

Ma voix claque au travers du téléphone, malgré tout Baptiste ne change pas de ton, toujours égal à lui même.

- Je n'ai pas le temps. Tout ce que je te demande c'est de te tenir prêt.
- Pour ?
- La récupérer. Ce ne sera pas simple. Mais dans deux jours elle sera chez vous. Ne préviens personne.

La ligne se coupe. Fou de rage je balance mon téléphone à travers le salon. Ce gars me rendra fou.

Dans quel état se trouve ma femme. Deux jours c'est à la fois court comme long. Deux jours putain. Je sors les fesses de mon fauteuil pour me rendre dans la cuisine pour me servir un verre de bière. Un remontant pour apaiser mes émotions.

Il est vingt heures, Ethan s'est enfin endormi, il se réveillera plusieurs fois dans la nuit comme chaque jour alors je reste à l'affût du moindre bruit émît dans sa chambre.

Les mots de Baptiste tournent en boucle sous mon crâne. « Ne préviens personne », « tiens toi prêt ». Pourquoi ? Ne pas en savoir plus me rend fou, ne rien pouvoir faire. À quoi je sers ? Me sentir inutile me plombe complètement. Puis-je croire les paroles de Baptiste ? Ce n'est pas dans son style de mentir surtout quand ça concerne Méline. Avec lui, elle est en sécurité enfin je l'espère du plus profond de mon âme.

Une simple bière ne suffit pas à me calmer, il me faudrait un alcool bien plus fort que je me refuse pour le bien d'Ethan. Il m'est interdit de perdre pieds. L'angoisse de découvrir que ma femme est dans le même état que notre enfant me fou la gerbe.

Notre famille se portait bien jusqu'à ce tragique enlèvement. Notre équilibre a basculé du jour au lendemain, je me refuse de plonger. Méline et Ethan auront besoin de ma force et de ma volonté. Ma première idée est de me dire que nous devons urgemment déménager, mettre en vente cet appartement de malheur sera ma première action de demain matin. Ethan ne peut rester en ces lieux, Méline encore moins et moi j'ai besoin de m'occuper l'esprit. Deux jours, je me dois de tenir deux journées encore.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant