Chapitre 33

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Méline

Nicolas est installé face à moi, nous sommes tous deux attablés dans le salon de thé de Marie. Quelques mois en arrière  j'y retrouvais mon ami qui a repoussé mes avances il y a quelques temps.

Ce fut compliqué à encaisser mais depuis Nicolas s'est imposé un peu comme un ami, même si j'ai conscience, qu'il est là, parce qu'il suspecte Baptiste concernant la disparition de plusieurs personnes.

Au fond de moi, je sais qu'il n'a pas complètement tort mais je doute encore. Mon meilleur ami, celui qui a volé mon coeur depuis des années et qui l'a piétiné depuis ne peut pas être aussi mauvais. Je lutte en permanence avec des pensées contraires, ce qui m'épuise plus en plus.

Nicolas est stressé, il m'a annoncé avoir une chose délicate à m'avouer, et franchement j'aimerai ne rien savoir. J'ai failli ne pas venir, oui, je préfère fuir la réalité parfois, c'est moins douloureux.

Il n'ose pas me regarder dans les yeux, il s'est commandé un simple café noir, ce qu'il prend quand il n'a pas le moral. J'ai appris à connaître ses petites manies. Pourquoi ? Je n'en sais rien, enfin si j'ai une vague idée. Mon coeur s'emballe dès que je suis en sa présence et je ne me l'explique pas. Je me déteste d'être aussi faible face à un homme aussi séduisant que Nicolas.

Il m'agace de ne pas lancer la discussion. Marie avance vers moi, je lui commande un jus d'orange frais, besoin de vitamine, même si je  ferai mieux de prendre un whisky sec. Je m'attends à tout, vu le comportement de l'homme qui m'a demandé de le rejoindre le plus rapidement possible :

– As-tu des nouvelles de Baptiste ?

Je n'aime pas aborder avec lui ce sujet, il cherche à le coincer, je refuse de l'aider.

– Non pourquoi ?

Je ne souhaite pas le renseigner mais je ne lui mens pas pour autant. Non je n'ai plus de nouvelles de mon ami et je déteste ça plus que tout au monde. J'imaginais que je comptais pour lui, que nous étions forts ensemble depuis toutes ces années mais je me suis lourdement trompée. Je me suis demandée s'il avait rencontré une autre femme, mais il m'a juré que ça n'avait rien à voir.

Je dois avoir une drôle de tête vu comment m'observe Nicolas. Je lève les yeux au ciel. J'ai envie de lui rentrer dedans.

– Quoi ? Tu me soupçonnes de mentir maintenant ?

Nicolas a l'air confus par ma réaction, il est sur la défensive. Ce que je comprends :

– Je ne t'ai jamais soupçonnée. Je voulais juste savoir si Baptiste t'avait contactée. C'est tout.

Énervée :

– Je n'ai plus de ses nouvelles depuis longtemps, de plus la dernière fois où nous nous sommes vus il m'a envoyée balader.

Je ne vais pas lui avouer que Baptiste l'avait « jeté ». Je remarque que Nicolas, relâche les muscles de son cou et de ses épaules. Je le sens plus apaisé. Moi c'est tout le contraire, pourtant.

– Ok, il se passe la main sur le visage.

Je le vois se préparer à m'annoncer le pire. Je m'affole légèrement, mes mains deviennent moites, mon coeur bat très fort, j'ai l'impression que tout le monde peut l'entendre vibrer dans ma poitrine. Mon sang pulse au niveau de mes tempes. Je panique disons le :

– Quel enfoiré, il me laisse le sale boulot ce connard.

– Que veux-tu dire ?

Oui je suis encore hargneuse, je n'aime pas du tout ce qu'il dit de mon meilleur ami.

Nicolas plonge son regard dans le mien, ses yeux verts transpercent mon âme. Comment réussi t'il à me faire ressentir une telle sensation ? Il me bouleverse à chaque fois que je le vois. Ça me fait grogner intérieurement. Je me mettrai des claques parfois...

– Baptiste m'a annoncé qu'il partait loin d'ici.

– Quoi ?

Je hurle, non ce n'est pas possible. Il ne m'a pas abandonnée? Il n'a pas pu. Pas comme ça. J'en ai les larmes aux yeux, mes mains tremblent de plus belle. Je suis au bord de l'évanouissement.

– C'est impossible !

Nicolas pose sa main sur les miennes qui sont appuyées sur la table. Je vais fondre en larmes dans peu de temps et je déteste me sentir faible devant qui que ce soit. Encore plus devant lui.

– Désolé Méline, mais Baptiste n'est pas celui que tu crois.

Mon regard a dû devenir « assassin », vu le mouvement de recul de Nicolas.

– De quoi tu parles ?

J'aboie, je lui en veux, à lui, ce putain de flic qui cherche Baptiste, depuis des mois avec ses soupçons merdiques. C'est de sa faute,  voilà ce qui me vient en tête. A ce moment je le déteste.

Nicolas souffle. Il se recoiffe plusieurs fois, c'est un tique qu'il a quand il ne dit pas tout. Je me déteste de décoder ce gars bien mieux que mon meilleur ami.

– Tu sais très bien de quoi je le soupçonne. Ne fais pas semblant s'il te plaît.

Là j'éclate :

– Tu le titilles depuis des mois, sauf que tu n'as aucune preuve. Tu cherches à ce qu'il avoue des crimes qu'il n'a pas commis. C'est du harcèlement et tu le sais très bien. Je suis certaine qu'il part à cause de toutes ces présomptions.

Nicolas rit jaune :

– Tu te moques de moi ? C'est ça ? Arrête de te voiler la face. Baptiste te cache des éléments. Je n'ai peut-être pas de preuves concrètes pour le moment, mais le jour où je pourrai le serrer, ne viens pas te plaindre de ne pas être prévenue.

J'enrage parce qu'il a raison mais je n'avouerai jamais. Oui je suis de mauvaises foi. J'assume.

– Arrête de raconter n'importe quoi.

– Je dis n'importe quoi ? Non c'est TOI qui te mens à toi même. Tu sais pertinemment que ton « meilleur ami » n'est pas celui qu'il prétend être. Oui je cherche à le démasquer. Je ne parle pas d'une petite affaire Méline. On parle de kidnapping et de meurtres.

– Quoi ? Mais tu es dingue. Baptiste t'obsède parce que tu as le béguin pour moi ? J'en suis certaine.

Je fulmine. Nicolas tape du poing sur la table il est furieux. Lui qui est habituellement calme  n'est plus le gars doux, tendre et prévenant que j'ai connu jusque là. Je pense que je l'ai un peu trop secoué. Mais je n'arrive pas à m'en vouloir. Mêler Baptiste à des meurtres... comme si c'était possible !

– Nous parlons de quatre meurtres, même si je pense qu'il y a d'autres cadavres dans la nature qui n'ont pas encore été découverts, je bosse dessus. De plus il t'a mis en danger avec ses conneries, c'est pour ça que des types te recherchent.

Je me lève bruyamment, je dois sortir, être loin de ce flic qui prétend que celui que j'aime est un assassin, qu'à cause de lui je suis en danger. Je ne peux pas en entendre plus. Ça m'est impossible. Non ! Baptiste est innocent. En larmes et en colère je quitte le salon de thé. Nicolas me court après mais je ne veux pas qu'il ajoute quoique que ce soit. Je refuse.

– Méline, bordel.... Écoute moi !

Toute cette histoire est de la pure folie. Non non je ne me retournerai pas. Non ! Je ne m'arrêterai pas.

Je dois réfléchir, pleurer et souffler. Je fais la sourde oreille et me mets à courir droit devant. Je ne connais pas la destination où je vais exactement mais je fuis.

Je n'entends plus Nicolas, heureusement. Enfin seule, complément bouleversée, je me pose une multitude de questions.

Baptiste m'a t'il réellement mise en danger. Ces hommes qui ont pénétré mon appartement sont-ils reliés à lui ? Comment est-ce possible ? D'un autre côté qu'est-ce que je connais de ses agissements ? J'enrage.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant