Chapitre 50

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Baptiste

Lorsque je suis sorti boire un verre, je ne m'attendais pas à finir la nuit dans un jet privé accompagné d'un Russe. Je n'ai pas décroché un mot depuis le changement de direction de la voiture. J'observe tout ce qui m'entoure. Je ne comprends pas pourquoi Sergeï m'a approché. Est-il là pour me régler mon compte ou pour me draguer ? Aucune idée, alors je le suis. Au pied de son jet privé, il me tend les papiers avec lesquels le passage a eu lieu, je découvre ma nouvelle identité, une de plus. À l'avenir je ne vais plus savoir qui je suis. J'attrape le passeport tendu après avoir retenu les informations. Nous entrons dans l'habitacle au luxe déconcertant, des sièges en cuir souple d'un marron ambré, le tout rehaussé d'un bois précieux qui donne un caché luxueux, rien à voir avec le jet bas de gamme que Pablo met à disposition pour les voyances « d'affaires ». Ici tout est harmonieux, Sergeï s'installe, il se fond magnifiquement bien dans le décor. Ce type est bien plus sensible et précieux que je ne l'aurai imaginé en le dévisageant tout à l'heure au bar. Je le pensais fait du même bois que moi, quelle erreur, pourtant je ne suis pas déçu par cette facette. Son garde du corps Boris, ne cesse de me surveiller, j'avoue qu'il m'amuse. J'aimerai qu'il tente de m'éloigner de son patron, le spectacle pourrait être intéressant. Ce type en pince pour lui, seulement ce n'est pas réciproque. Sergei a des goûts bien plus sombres que ce pauvre garde du corps ne pourra jamais assouvir. Le second homme de main, se fond plus dans le décor, on pourrait même passer à côté de lui sans se rendre compte de sa présence, un véritable atout pour son métier. Il est petit, nerveux et impitoyable. Un homme bien plus dangereux qu'il n'y paraît. D'après son attitude il ne supporte pas son partenaire Boris. Un bon point pour lui, de mon point de vue, Boris cache quelque chose, il pourrait mettre en danger son patron et ça me dérange.

Prends place à mes côtés, demande Sergeï.
sans le regarder, ni lui répondre je m'installe sur le fauteuil face à lui et non à côté comme il me l'a ordonné. Je ne suis pas son petit toutou et encore moins son jouet. Je déteste lorsque Pablo me rappelle qu'il me tient en laisse avec comme otage de son chantage « Méline ».

Sergei ne peut s'empêcher d'étirer ses lèvres en coin.

Amusant.
Je ne lui réponds pas, mon regard est happé par le hublot. Je commence à sentir la fatigue. Il est sept heures du matin et je n'ai toujours pas dormi.

Nous en avons pour un moment, n'hésite pas à te reposer.
Surpris, je ne peux m'empêcher de planter les yeux dans ceux de Sergeï.

Personne ne s'est jamais inquiété pour moi en-dehors de Méline. Son attention me met soudainement très mal à l'aise. Un tic nerveux que je n'ai pas eu depuis mon enfance surgit. Je cligne d'un œil et ça m'agace, principalement lorsque je remarque que mon attitude amuse un peu trop Sergeï.

Intéressant. Aurais-tu une sensibilité cachée.
Je me ferme immédiatement en scrutant à nouveau l'extérieur. L'avion n'a pas encore décollé.

Je suis surpris par ta docilité.
Je laisse volontairement échapper un sourire en coin.

J'aime les situations incohérentes comme celle-ci. Où m'emmènes-tu et pourquoi ? De toute manière, je n'ai aucun programme pour aujourd'hui. Je me fis à mon intuition.
Pour les meurtres également ?
Je me retiens de rire. Première fois que je ressens sincèrement une telle émotion. Décidément de vais de surprises en surprises avec Sergeï.

Non ! Tuer était une pulsion avant de bosser pour Pablo.
L'avion prend enfin de la vitesse et décolle. J'ai horreur de ces engins de malheur je préfère être sur la terre ferme qu'au-dessus des nuages. Je peste dans ma barbe.

Sergei, rit de nouveau.

Je n'aurai pas imaginé que tu sois mal à l'aise. J'apprends bien plus rapidement de tes silences et de tes attitudes, décidément tu es un homme intense, Ça me plaît. Tu es une belle surprise qui n'a rien à faire chez les Varrez.
Je n'aime pas la tournure que prend cette conversation.

Puis-je te demander ce qu'elle a de si intéressant cette Méline ? Pourquoi tout le monde semble craindre pour elle ?
J'expire fortement.

Es-tu amoureux de cette femme ?
Pourquoi tout le monde pense ainsi ? Dis-je agacé.
Explique moi alors ?
Je ne suis pas amoureux de Méline, elle est importante pour une raison précise. Elle a révélé ma véritable nature. Un gamin l'a cherché un jour en l'humiliant, je me suis énervé, et le gosse a disparu. J'ai tellement adoré la sensation de tuer que j'ai pris mon pied. Méline est en quelque sorte une muse, elle attire les problèmes et moi je les règle. On forme un beau binôme dont elle n'a pas connaissance. Face à elle je joue un rôle difficile à découvrir.
Pourquoi acceptes-tu ce chantage autour de Méline ?
Je ne veux pas la mettre en danger davantage qu'elle ne l'a déjà été. Aujourd'hui c'est différent. Je dois certainement devoir la faire disparaître pour me libérer des Varrez ou tous les assassiner. Je réfléchis encore à la situation.
Combien de temps durera cette réflexion. Lance Sergeï exaspéré.
Je fronce les sourcils.

Pourquoi t'énerves-tu autant en parlant de ce sujet ?
Pour rien, ose me répondre Sergeï, ça ne passe pas cette fois, je ne le laisserai pas agir de la sorte une fois de plus.
Menteur. Je veux la vérité je n'aime pas jouer aux devinettes.
Sergeï souffle d'agacement.

Je n'aime pas que cette femme puisse t'empêcher d'être libre.
surpris par l'attitude de celui-ci. Je ne peux que penser :

Jaloux ?
Ça se pourrait.
Je lève les yeux au ciel. Sergei, joue avec un poignard ce qui attire mon attention.

Ton meilleur ami ? Je suppose.
Tu supposes bien. Lui ne me trompe jamais.
Problèmes de confiance ?
Tu es fin psychologue Baptiste.
Absolument pas. Simple déduction. Tu n'es pas aussi indéchiffrable que tu veux bien le montrer.
Sergei continue à jouer avec son poignard ce qui me fascine littéralement. Je le trouve agile et j'imagine tout ce que pourrait subir sa victime. J'ai soudainement envie de le voir en action. Mes pensées me surprennent une fois de plus.

Je n'ai pas envie de te cacher qui je suis. Ce ne serait pas dans mon intérêt.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant