Chapitre 32

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Baptiste

– Tu ne pourras jamais m'arrêter. Tu n'as aucune preuve les soupçons ne suffisent pas et tu le sais aussi bien que moi.

Bientôt tu ne seras même plus sur mes traces parce que je serai parti loin, très loin.

Nicolas rumine, s'il le pouvait il me tirerait dessus là maintenant. Mais il n'est pas de cet trempe, il respecte bien trop la vie humaine, sa justice, son uniforme.

Il est tout ce que je ne serai jamais pour elle, nous le savons lui et moi. J'ai réussi à l'éloigner de moi pour toujours, Méline mérite une vie calme auprès de celui qu'elle aime dorénavant. Ça n'a jamais été moi, je l'ai toujours su. Elle a aimé une image, une illusion. Aujourd'hui elle est amoureuse de Nicolas et c'est tant mieux. Ma muse, celle qui m'a permis de m'ouvrir à qui je suis. Si elle savait elle s'en voudrait toute sa vie de se dire que c'est son regard qui m'a hypnotisé en me plongeant dans l'univers de la torture.

– Tu vas l'abandonner comme ça ?

Je le fusille du regard, ce mec s'exprime exprès mais je ne ferai aucun aveu comme il le souhaiterait. Il croit que je ne suis pas au courant de l'enregistrement qu'il est entrain de réaliser à mon insu. Il me prend pour un débutant, je vais finir par me vexer.

– Je ne l'abandonne pas, je la quitte. Tu souhaites que la fasse souffrir. Je ne suis pas un homme pour elle, elle le comprend pertinemment sinon elle n'aurait jamais développé des sentiments pour toi. Elle et moi ça n'était qu'une amitié basée sur des mensonges et des faux semblants. Rien de tout ce qu'elle croit avoir vécu n'a existé. Alors tu veux quoi ?

– Que tu arrêtes !

Je ris à gorge déployée.

– Je ne vois absolument pas de quoi tu parles. Je te demande simplement d'être là pour elle rien d'autre. Pour le reste, bon courage.

– Tu te crois intouchable ? tu réalises qu'à cause de tes conneries tu l'as mise en danger ?

Je secoue la tête, je suis blasé, je lève les yeux au ciel, tout en soupirant. Ce mec ne comprend rien à rien. Evoquer Méline pourrait provoquer un faux pas, mais ça ne fonctionnera pas de cette manière. Oui je l'ai mise en danger.

Je n'ai pas été suffisamment prudent avec ma dernière cible, je l'avoue. Je n'avais pas penser que le papa était un puissant mafieux ou un truc dans le genre. Ses hommes sont déjà morts mais la police n'a pas fait le lien avec Méline, il me reste juste le grand patron.

S'en prendre à Méline pour essayer de m'atteindre. Non mais pour qui se prennent-ils ? Heureusement que j'ai eu ce putain d'instinct parce que ni Méline, ni ce flic ne m'auraient prévenu.

Le silence de Méline m'a surpris, je pensais qu'elle comptait toujours sur moi et en toute circonstance, finalement cette époque est révolue. Méline m'a prouvé qu'elle avait enfin accepté l'idée qu'un « nous » n'était pas possible

– Je n'ai jamais songé être intouchable. Pour le reste, ce sont mes affaires. Je ne suis pas ici pour discuter de tes accusations. Je suis là juste pour elle.

– Alors pour elle tu devrais avouer.

Je ricane de plus belle :

– Et puis quoi encore ? Pourquoi je ferai une telle chose. Voyons. Tu n'as rien sur moi. Laisse tomber. Tu penses réussir à me tirer dessus ? Essaie déjà d'arrêter ceux qui en veulent à Méline.

– Tu es culotté, si tu avouais tout, je pourrais agir mais par ta faute je ne peux rien si je reste dans  la légalité.

Si j'étais normal, je le trouverai presque courageux. Mais quelle naïveté de penser que la loi protègera Méline de tout.

– Je n »avouerai, tu le sais pertinemment. Tu es plutôt désespéré, avec ton arme pointée sur moi. Qu'essaies-tu réellement ? Tu représentes le désespoir à plein nez. Lâche moi maintenant.

– Penses-tu à toutes les personnes que tu as assassinées ?

Oui j'y pense Nicolas mais pas comme tu l'espèrerais. Je ressens à nouveau le plaisir qu'ils m'ont tous procuré. Ça m'excite davantage, mais je dois me contenir face à lui. Il aime beaucoup trop analyser chacune de mes expressions.

–  Tu es en plein délire mon gars. Peut-être que l'obsession que tu nourris pour elle te permet d' imaginer toutes sortes de scénarios peu crédibles, pour me sortir de sa vie ? Rassure toi, je pars loin. Tu auras le champs libre maintenant.

– Ne me prends pas pour un imbécile. Je présume très bien tes méfaits. Et ce que tu comptes encore commettre.

Franchement si tu étais un imbécile je ne partirai pas en te la laissant... Jamais.

Ma seule réponse sera de lui sourire. Sur ce je tourne les talons, pour m'éloigner. Il est temps pour moi de partir loin, très loin. Avant j'ai encore du nettoyage à entreprendre.

Nicolas a toujours son arme pointée sur moi, il ne tirera jamais, ce n'est pas un tueur. Ses principes sont bien trop importants. Je suis rassuré de la savoir avec lui, la connaissant elle m'en voudra, mais elle se culpabilisera encore plus, quand elle découvrira mes secrets honteux. Sans parler du fait que je l'ai mise en danger.

Elle m'a aimé pendant des années, maintenant elle va me détester jusqu'à la fin de sa vie. Ça me va, tant qu'elle reste loin de moi. Nous n'aurions jamais pu éclore dans une vie normale. Il m'est impossible de la mettre face à mon sadisme. Je m'enfonce dans mes réflexions, quand j'entends la voix de Nicolas :

– Ne reviens jamais. Et fais en sorte qu'elle n'ait plus à s'inquiéter.

Je lui accorde un signe de main pour lui confirmer s'il ne me reverra jamais. Comme si j'avais l'intention de revenir. Je secoue légèrement la tête dépité par ce gars. Dans sa voix il y a tellement de rage, la haine de ne pas pouvoir m'arrêter. J'en souris. Il continue à s'égosiller.

– Que crois-tu qu'elle ressentira quand elle découvrira qui tu es ? Et le danger que tu lui as fait courir ?

Je stoppe, je me retourne pour être face à cet enfoiré :

– À toi de gérer tout ça maintenant. C'est TON boulot de futur « petit ami ». Ça lui passera rassure toi. Pour moi c'est terminé. Maintenant laisse moi partir. Reviens me voir quand tu auras du solide pour me passer les menottes. Enfin si tu me retrouves. Adieu mec. Sois ce que je ne pourrai jamais être pour elle. T'inquiète elle sera bientôt en sécurité.

Il fait nuit, je peux enfin disparaître très loin d'ici. Tourner la page de ma muse et m'amuser au justicier méthodique et sadique que je suis. Continuer mon œuvre loin d'ici. Mon petit jeu avec Nicolas est terminé, ma mission de ne pas laisser de vide pour Méline est réussie. Oui elle aura du mal à s'en remettre mais elle est solide.

De plus Nicolas ne l'abandonnera jamais. Ses sentiments sont sincères contrairement aux miens qui étaient intéressés par ma soif de me trouver.

J'ai derrière moi quelques cadavres encore non découverts. Mais j'ai confiance en Nicolas, il ne lâchera jamais cette affaire, il réussira à comprendre les indices que je lui ai laissés. Seulement le temps qu'il remonte jusqu'à moi, j'aurai disparu depuis bien plus longtemps et tellement loin, qu'il ne pourra pas réagir. Je peux imaginer la frustration qu'il ressentira à ce moment là. Je le plaindrai presque.

Il est sur l'affaire de la disparition de la prostituée qui battait son gamin. Ses doutes seront bientôt fondés. J'en suis ravi.

Méline et lui n'auront plus jamais de mes nouvelles. Enfin j'espère. C'est avec le coeur léger que je me faufile dans la nuit.

Nicolas n'a pas cherché à me retenir. Ça n'était pas l'heure pour moi d'arrêter ma soif de sang. J'ai un business... et des individus à tuer...

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant