Chapitre 5

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Méline

J'ai passé une super journée, il y a tellement longtemps que je ne m'étais pas sentie aussi libre. Baptiste est toujours là pour me remonter le moral lorsque je m'effondre. Il est ma bouée de sauvetage.

Pourtant je ne lui apporte que des soucis, je réalise très bien. Parfois je le sens ailleurs, connecté à un autre monde et je déteste ces moments où il m'échappe.

J'aime qu'il soit dans mon univers, c'est tellement égoïste et puérile que parfois je m'en veux. Parfois seulement. Même si tout le monde me trouve gentille, douce et timide, je ne suis pas que cela, je suis une hypocrite surtout avec mon meilleur ami. Je le veux uniquement pour moi. Je déteste quand quelqu'un essaie de se lier à lui. Comme s'il m'appartenait. Pourtant il n'a personne d'autre que moi et je veux que ça reste ainsi.

Je ne lui connais aucune relation sentimentale ou sexuelle avec qui que ce soit. Je ne saurai même pas dire s'il est gay, hétéro ou bi. Nous ne parlons jamais de ce sujet. Baptiste met toujours une barrière entre nous, je souhaiterai tellement la dégager, sauf qu'il ne baisse jamais la garde même avec moi.

Il cache quelque chose de sombre et d'inavouable. Je ne veux rien savoir, de peur de briser le lien que nous possédons. Je souhaiterais qu'il reste à mes côtés pour toujours même si je sais au fond de moi que c'est impossible. Un jour il partira j'en suis convaincue.

Je suis une personne suffisamment instinctive pour comprendre certains non-dits. Même si mon ami n'est pas simple à déchiffrer, Je sais depuis que nous sommes enfants qu'il n'est pas comme les autres. Malgré tout, je l'aime. Oui je ne l'aime pas comme on apprécie un meilleur ami ou un membre de sa famille, non c'est bien plus puissant mais je refuse de lui dévoiler cette part de moi, sinon il fuira le plus loin possible de moi, de nous.

Que ferai-je sans lui ? Il est mon ancrage, il est mon roc, mon tout. Mais je ne dévoilerai jamais ce secret à qui que ce soit. Je donne le change en sortant avec d'autres hommes qui ne représentent rien pour moi. D'ailleurs je tombe toujours sur des sacrés connards qui disparaissent de ma vie aussi vite qu'ils ne sont apparus. Il y a longtemps que je ne pose plus la question du pourquoi ni du comment.

Depuis mon enfance, les personnes qui me font mal ne réapparaissent jamais dans ma vie, comme si j'avais un ange gardien qui m'évite la souffrance. Égoïstement ça me va très bien.

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Nous sommes au milieu de la semaine, j'ai bien l'intention de rappeler Baptiste, encore une fois il ne m'a donné aucun signe de vie. Il commence à m'agacer sérieusement. Je fulmine dans mon coin.

Aujourd'hui je ne travaille pas. Je suis professeur d'art plastique auprès de collégiens. Ma passion a toujours été de dessiner alors j'ai choisi mes études pour allier ma passion et mon métier.

Être artiste ne paie pas, je ne suis pas suffisamment douée pour ça, je me suis donc lancée dans l'enseignement, c'est agréable : contacts avec les jeunes, salaire correct, vacances, pour me permettre de vivre tranquillement.

La sonnette de mon appartement raisonne. Mon coeur s'emballe, je sens une angoisse monter. J'ai un mauvais pressentiment. Très mauvais pour être honnête. Je ne sais pas pourquoi. J'ouvre la porte en tremblant, je n'aime pas cette sensation.

– Madame Dumont ?

– Oui !

J'écarquille les yeux en voyant des policiers devant ma porte. Je ne comprends ce qu'ils me veulent :

– Que puis-je pour vous ?

L'un des flics me détaille, je n'aime pas sa façon de me regarder. Ça me met mal à l'aise j'ai l'impression d'avoir commis un crime.

Faux semblantsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant