Le bal des papillons (Tome 2) Après les cendres... le réveil

31. Négationnisme émotionnel

La nuit très courte n'a, semble-t'il, en rien calmé nos ardeurs. Et, après un réveil plus que coquin, je suis étonnée d'être rejointe par Cameron sous la douche. Je n'ai pas besoin de lui dire que je ne me sens pas capable de faire à nouveau l'amour, bien que l'envie soit présente. Nous nous lavons mutuellement dans un moment de sensualité intense sans pour autant aller plus loin.

Ensuite Cameron me dépose chez moi en fin de matinée. Je ne suis pas encore redescendue de la nuit que j'ai passée avec lui. Pourtant, je n'ai même pas fini d'enlever mon manteau que j'atterrit brutalement. Foxie ne m'accueille pas comme à son habitude. Je la retrouvre souffrante, recroquevillée dans un coin du salon. Je me retrouve donc à tenter de trouver un vétérinaire d'urgence en plein dimanche. Heureusement que je vis en Ile de France car je finis par obtenir un rendez-vous. Le vétérinaire, qui arrive moins d'une heure plus tard, ne parvient pas à déterminer ce qu'a ma chienne qui entre temps à vomit trois fois. Foxie ne se laisse pas du tout approcher et en devient même agressive envers le soignant. Il soupçonne une indigestion mais sans aucune certitude.

Il me facture presque 200 euros la consultation tout en me disant qu'il n'y a pas grand chose à faire mis à part attendre que cela passe. Il me prescrit toutefois un pansement gastrique, du repos et une marque de croquettes précise. Il me conseille de consulter à nouveau si je n'observe pas d'amélioration.

Sauf que ma chienne ne va vraiment pas bien. Elle est différente. Elle a mal certes mais pourquoi est-ce qu'elle paraît aussi craintive ? Les vomissements diminuent en intensité mais ne cessent pas pour autant. Je ne parviens pas du tout à garder le contrôle sur mes émotions et je perds très vite mes moyens. Totalement paniquée j'en viens à appeler Maxence pour lui demander de l'aide.

Il arrive chez moi moins de trente minutes plus tard. Il reste toute l'après-midi. Foxie refusant de prendre son pansement gastrique, Maxence fait bouillir du riz afin de lui donner de l'eau de cuisson. Contrairement à moi, il garde son calme et sa maîtrise. Les vomissements cessent enfin et c'est clairement grâce à l'homme qui est assis près du panier de Foxie et qui la couvre de caresses toute douces. La pelote de nerfs que je suis arrive enfin à se détendre.

– Merci Maxence.

– De rien. C'est normal. Elle a mangé un truc en particulier ?

– Non. Rien de nouveau.

– Pendant la balade d'hier soir ou ce matin peut-être ?

– Je n'ai pas dormi ici cette nuit. Elle n'est pas sortie depuis hier matin.

– Oh...

Est-ce que je viens de dire, implicitement, à mon ex que j'ai passé la nuit chez un autre homme ? Non... Je n'ai pas fait ça hein ?

Vu le regard que me lance Maxence il faut croire que j'ai bien fait cette bourde. Il ne dit rien. Il tente de masquer ce qu'il ressent sauf que je ne suis pas dupe. Ce n'est pas de la jalousie ou de la colère que je décèle. Juste de la peine. Une peine qui se répercute immédiatement en moi. J'étouffe immédiatement les émotions qui émergent. A force, je vais devenir une experte en négationnnisme émotionnel.

– Cameron est un chouette type, dit Maxence.

Je vois bien ce que cela lui coûte de prononcer cette phrase à haute voix. Je vois aussi qu'il est totalement sincère. Et comme je comprends l'amertume qui transparaît dans sa voix... Je ressentais la même chose envers Lola. Un sentiment ambivalent pas franchement agréable.

– Oui c'est un gars bien, je confirme.

– Calie, tu sais...

Foxie gémit faiblement, ce qui coupe Maxence dans ce qu'il allait me dire. Un pressentiment me fait penser que Foxie est intervenue au bon moment. Vu le ton suppliant qu'il avait, je suis certaine que Maxence s'apprêtait à reparler de nous deux. Or, il est en couple et moi aussi maintenant. Ce ne serait pas correct de remettre, encore une fois, sur le tapis notre incartade dans cette crique. Et ce serait complètement déplacé d'évoquer le chamboulement que ce baiser a pu susciter en lui et en moi.