38. Pas autant que moi

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Je passe les jours suivants à pleurer. Je suis incapable d'en parler avec qui que ce soit au départ car annoncer la mort de Foxie c'est la rendre encore plus réelle. Il me faut donc quasiment une semaine avant d'envoyer enfin un message à mes amis. A partir de ce moment là, je sais que je dois également prévenir Maxence. Si je ne le fais pas, d'autres, comme Léo, s'en chargeront.

J'ai beau lui avoir envoyé un message des plus formels en lui demandant à la fin de ne pas venir, il ne tient pas compte de la dernière partie du message. C'est sans étonnement qu'il toque à ma porte le soir même. Mon envie première est de ne pas lui ouvrir mais, comme à chaque fois, je cède finalement. Ses yeux rougis ne laissent aucune place au doute quant au fait qu'il a pleuré.

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

– Je ne sais pas.

Je crois que c'est ça le pire. Foxie est morte et je ne sais pas de quoi.

– Je me sens tellement nulle. J'étais sa maîtresse. J'étais sensée prendre soin d'elle. J'ai lamentablement échoué. Et les derniers mots que j'ai eu... Elle m'agaçait et je lui ai dit qu'elle déraillait... Je l'ai laissée dehors....

Bien évidemment, mes joues sont inondées de larmes. Maxence fait un pas vers moi mais n'ose visiblement pas s'avancer plus.

– Calie, tu as fait de ton mieux. Elle n'allait pas très bien ces derniers temps et ce n'est pas faute de l'avoir faite examinée. Les vétérinaires n'ont jamais rien trouvé pour expliquer son état. Tu as été la meilleure des maîtresses pour Foxie. Tu lui as offert une seconde chance et la plus belle des vies. Ne remets pas en doute tout ce que tu as fait pour elle.

Je hoche la tête. Ces paroles me font du bien.

– De quoi as-tu besoin Calie ?

Ce moment me rappelle forcément le soir où il m'a posé exactement la même question, ici-même. Cette fois où j'avais juste besoin de pleurer la mort de ma mère.

Ma réponse est identique.

– Je n'en ai aucune idée.

Comme il y a quelques mois, il m'ouvre ses bras et je m'y blottis. Pourtant, force est de constaté que les choses ont bel et bien changé entre nous. Là où auparavant la présence de Maxence était synonyme de refuge solide et chaleureux pour moi, là maintenant, j'ai l'impression d'étouffer.

Je me dégage rapidement. Un malaise m'envahit peu à peu. Maxence tique face à ma réaction mais il a la prévenance de ne rien dire.

Il me demande ensuite si je vais bientôt reprendre le travail mais je ne n'ai pas de réponse précise à lui fournir.

Et alors que je pensais qu'il respecterait mon désir de ne plus évoquer "cette nuit là", il tente de remettre le sujet sur le tapis.

– Calie, je sais que tu ne souhaitais plus parler de ce que nous avons fait mais...

– Non Maxence ! S'il-te-plaît. Mon avis sur le sujet n'a pas changé et je crois que ce soir est le pire moment pour avoir une dispute. Car oui c'est la seule et unique issue à notre conversation.

Je n'ai pas envie de mettre de l'énergie dans des cris, du ressentiment et de la colère. Pas ce soir.

– Tu ferais mieux d'y aller d'ailleurs.

– Ok. Si c'est ce que tu veux.

– Oui c'est exactement ce que je veux. Je ne te raccompagne pas, tu sais où est la sortie.

– Ah d'accord, on en est carrément là.

– Oui, on en est là.

Espérons que cette fois, il comprenne à quel point les choses sont brisées entre nous deux.

Le bal des papillons (Tome 2)    Après les cendres... le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant