Le bal des papillons (Tome 2) Après les cendres... le réveil

27. Jeune fille

Lors de l'émission de lundi, Hugo ne parvient pas à se retenir de me faire une petite réflexion en plein direct.

– Vous me semblez bien fatiguée Calie... Auriez-vous une raison d'avoir peu dormi ce week-end peut-être ?

Je lui lance un regard acéré. J'aime beaucoup mon chef, mais là, il est en train de dépasser les bornes ! D'autant que si je suis à ce point épuisée, mon rendez-vous avec Cameron n'y est pour rien. La faute revient plutôt à Foxie qui a continué de gémir durant toute la journée de dimanche et la nuit d'hier. J'ai pu obtenir un rendez-vous en urgences chez le vétérinaire qui m'a assuré qu'elle n'avait rien. Face à ma mine inquiète, il lui a quand même fait une prise de sang et j'attends encore les résutats.

Les photos de Cam et moi, en train de danser puis de sortir du restaurant, on effectivement fait le tour du web. Mes amis étaient donc au courant de quasiment tout, avant même que je n'ai eu le temps de leur raconter quoi que ce soit. Océane a tenu a souligner à quel point ma tenue était parfaite et que j'étais "canon" sur toutes les photos.

Je me contenterai de la croire sur parole : je refuse d'aller les voir et de prendre le risque de lire des commentaires peu amènes à mon égard.

Hugo, qui semble déjà regretter son incartade, ajoute :

– En tout cas, j'espère que vous serez en pleine forme pour notre invité de vendredi qui a d'ores et déjà annoncé qu'il vous avez dans son collimateur. Sur ce, je vous souhaite à toutes et à tous de passer une bonne soirée et je vous dis à demain.

J'attends que les caméras soient bien coupées pour demander plus de précisions à mon chef.

Il m'apprend que vendredi, nous recevrons sur le plateau Billy Fraen, le président de la fédération nationale des chasseurs. Effectivement, la dernière émission de la semaine promet d'être "explosive".

J'ai hâte de me retrouver face à cet homme qui parvient, ou croit parvenir, à justifier l'injustifiable. Je me prépare toute la semaine.

Foxie a cessé ses gémissements et ses analyses sanguines ne comportent aucune anomalie.

Ainsi, le jour J je suis fin prête et en pleine forme à répondre, si besoin, à Billy Fraen. Mes fiches comportent toutes les informations dont je pourrais avoir besoin même si je pense maîtriser suffisamment mon sujet pour ne pas en avoir l'utilité.

Juste après la recette de Maxence, un risotto aux champignons... vegan, commence l'interview du président de la fédération nationale des chasseurs. L'ambiance sur le plateau est subitement plus tendue et pesante.

Je laisse Hugo mener la danse comme à son habitude. Cependant, tout le monde est forcé de constater et de relever les piques, incessantes, qui me sont adressées. Et cela commence fortement à m'agacer.

Comme à notre habitude, les différents chroniqueurs posent un à un leurs question. Etienne interroge Billy Fraen sur la population sans cesse grandissante des sangliers.

– Oh vous faites bien d'en parler, Monsieur, répond avec joie Billy Fraen. Sans l'action des chasseurs, nous serions envahis par les sangliers. Ils causent déjà tant dégats dans les campagnes... Demandez aux agriculteurs commes ils sont contents que l'on chasse les sangliers autour de leurs champs. N'en déplaise à certains ou à une certaine personne ici présente, n'est-ce-pas mademoiselle Bordier...

Cette fois c'en est trop. Je n'ai rien dit lorsqu'il a justifié le fait de chasser les renards. Je n'ai rien dit non plus quand il a excusé l'abattage du loup, une espèce pourtant protégée par la convention de Berne ratifiée par la France. Je n'ai rien dit à chacune des railleries qu'il a eu à mon encontre. Cette fois, je ne tiens plus.