Le bal des papillons (Tome 2) Après les cendres... le réveil

32. C'est le chaos

– Carla ?

– C'est moi-même !

La petite sœur de Maxence se tient effectivement devant moi. Je ne sais pas du tout comment je suis sensée réagir. J'ai très envie de me lever et de la serrer dans mes bras. Cependant, quelque chose dans son ton ou son attitude m'en dissuade. Quelques personnes nous fixent et la situation devient très gênante pour moi.

– C'est la sœur de Maxence, finis-je par dire doucement à mon équipe avant de me tourner à nouveau vers Carla. Je ne savais pas que tu étais à bord.

Et pourtant j'aurai dû m'en douter. Il y a cinq ans déjà, elle avait fait part à son frère de son envie de rejoindre Sea Shepherd et puis....

– C'est toi qui a dit à Maxence que je serai ici ?

– Bien sûr. Je voulais savoir jusqu'à quel point j'avais le droit de "m'occuper de toi". Si tu vois ce que je veux dire...

Je vois très bien ce qu'elle veut dire oui. Carla n'est pas du genre à faire dans la dentelle. Elle s'est toujours montrée très protectrice envers ses grands-frères et je comprends instantanément que ce qu'il s'est passé il y a cinq ans lui reste en travers de la gorge. Je ne souhaite pas que cela empiète sur mon travail et le reportage que nous sommes venus tourner ici. Alors je prends mon courage à deux mains.

– Est-ce qu'on peut parler ?

– C'est pas ce qu'on fait déjà ?

– Carla...

– C'est marrant parce que tu vois, on aurait grave pu se parler il y a cinq ans tu ne penses pas ? C'est un peu tard aujourd'hui non ?

– Il y a un problème ?, s'inquiète Laïlya.

– Aucun Laï, t'inquiète !, lui réponds Carla.

Sauf que personne ici ne la croit. Je suis morte de honte et je redoute la suite des évènements. Si Carla a décidé de me mettre des bâtons dans les roues et de rendre mon séjour ici infernal, elle ne s'en privera pas. Pourtant étonnamment, elle me lance :

– Bon ramène tes fesses ! T'as raison il faut qu'on discute.

Je la suis sans un mot. Nous nous retrouvons sur le pont.

La jeune femme se plante devant moi les bras croisés, un air de défi dans le regard. Je devine qu'elle s'attend à ce que ce soit moi qui ouvre la discussion qui promet d'être aussi houleuse que l'océan sur lequel nous voguons.

– Comment vas-tu ?

– Parce que tu en as quelque chose à faire ? Tu ne t'en es pas inquiété durant toutes ces années ?

Ok, mauvaise approche. Très mauvaise approche. Carla n'a pas changé d'un pouce et se montre toujours aussi incisive. Elle aime envoyer des piques, c'est sa façon de communiquer. Sauf que si je veux apaiser les tensions entre nous il ne faut surtout pas que je m'écrase. Ça ne fonctionnera pas avec elle. Elle voudra que je me défende et que je sorte les griffes moi aussi. Très bien allons-y...

– Toi non plus à ce que je sache ?

– Il valait mieux pour toi, crois-moi...

– Bon on ne va pas tourner autour du pot en fait. Je sais que Maxence vous a tout raconté à toi et à Aurélien. Je sais que vous ne parlez plus à votre père depuis que cette histoire a éclaté. Je sais donc que tu crois à ma version. Donc cesse de me faire passer pour la méchante alors que tu sais très bien qui tirait les ficelles dans cette affaire. J'ai aussi été une victime dans tout ça.

Carla éclate de rire. Et cela ne me dit rien qui vaille.

– Une victime ? C'est comme ça que tu as réussi à te convaincre ? C'est en te faisant passer pour la victime que tu arrivais à te regarder dans un miroir pendant tout ce temps ?