41. L'heure des retrouvailles

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Ce connard est venu jusque devant chez moi déposer un putain de colis de sous-vêtements et un mot dégueulasse et menaçant.

"Je crois que l'heure des retrouvailles est venue"

Clairement, je ne me sens absolument plus en sécurité chez moi.

Je fais une toilette rapide en attendant l'arrivée de Chloé que j'ai appelée dès que je me suis sentie en mesure de le faire. Elle va m'accompagner déposer la boîte au commissariat en espérant pouvoir en tirer quelque chose.

J'assiste à cette journée dans un état second. Comme si mon corps et mon esprit n'étaient plus reliés. Je laisse mon amie tout gérer et expliquer à ma place. Quand elle me propose de venir passer la nuit chez elle, je m'entends lui répondre que ce ne sera pas nécessaire. Elle a l'air sceptique mais, sûrement par respect pour moi, elle n'insiste pas. Et pourtant une autre part de mon être me hurle d'accepter sa proposition.

Le soir venu, alors que je suis seule dans mon domicile, je suis tout simplement terrorisée. Je ferme la porte d'entrée à clef et m'enferme à double tour dans ma chambre.

Je passe toute la nuit à visionner en direct les caméras que j'ai faites installer en même temps que l'alarme et qui filment mon perron et mon salon, me tenant prête à appeler la police au moindre mouvement suspect. Je sursaute au plus petit bruit que je perçois.

Les jours suivants rien ne change. Je vis dans le silence le plus complet afin d'être certaine d'entendre chaque son, même le plus infime.

Chloé me contacte pour me dire que la boîte que nous avons envoyée pour analyse n'a fourni aucun élément exploitable. J'en pleure. C'était une occasion en or de pouvoir découvrir qui se cache derrière tout ça et tout espoir part en fumée.

Ma chambre est devenu mon refuge, je fuis les autres pièces de mon domicile. J'oublie de manger parfois pendant deux ou trois jours.

Je passe mes journées à répéter en boucle chacune des phrases prononcées par mon agresseur ce soir là.

"Je suis là pour toi. "

Et j'attends nauséeuse, que mon violeur mette ses menaces à exécution.

Il veut me revoir.

Il va venir jusque chez moi.

"Je crois que l'heure des retrouvailles est venue"

S'il vient, les forces de l'ordre arriveront-elles à temps ? Est-ce qu'il serait capable de me tuer ? Est-ce qu'il pourrait abuser de moi encore une fois ? Aurai-je la force de le repousser ou bien est-ce que je me laisserai faire comme la première fois?

"Je vais exaucer tous tes vœux."

En plus de l'angoisse, un autre sentiment occupe une place de choix dans mon esprit : la culpabilité.

Je me dis que mon attitude a, forcément, à un moment ou à un autre, fait croire à cet homme que j'étais consentante.

"Tu m'allumes depuis trop longtemps. "

Et puis, je l'ai supplié d'arrêter, de ne pas passer à l'acte, certes. Mais je ne l'ai pas repoussé. Je n'ai pas été capable de crier, de manifester très clairement mon refus. Je me suis laissée faire.

"Tu verras ça va être génial."

Finalement j'ai ma part de responsabilité dans ce qu'il m'est arrivé et je me degoûte pour ça.

Le bal des papillons (Tome 2)    Après les cendres... le réveilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant